dimanche 24 avril 2016

Place à "La Baronne" !

Un petit post sur une bière blanche (une fois n'est pas coutume...). Elle est brassée à Clamecy, ville médiévale de la Nièvre, par Romain Flesh et Alexandre Burnier, tous deux férus des temps médiévaux et de leurs traditions brassicoles. D'où le nom de la brasserie qu'ils ont créée en 2015 : "Les Bières du Donjon". Ils vont même jusqu'à se déguiser en personnages médiévaux afin de présenter leurs bières, ainsi que j'ai pu le voir en allant les rencontrer au festival dijonnais de la bière, "Les Houblonnades", début avril.

Cette bière blanche, comme l'indique le titre de cette petite bafouille, s'appelle "La Baronne". La voici : 


On a donc ici une bière blanche, c'est-à-dire, une bière brassée avec une bonne partie de froment mélangée à l'orge maltée. Elle est de fermentation haute et titre 5.5 % de teneur en alcool, une bière légère donc. Là où elle se distingue de bien d'autres blanches, peut-être pouvez-vous le lire sur l'étiquette de cette bouteille, c'est qu'elle est "à la rose" : elle est effectivement assaisonnée avec des boutons de rose. Et le résultat est plutôt sympa...

Au visuel, elle offre une robe blonde pâle aux reflets dorés, présentant un léger trouble et de fines bulles. Le tout est surmonté d'un petit col de mousse blanche à la fine dentelle.

Au nez, elle laisse s'échapper d'abord des arômes à la weissbier, doux et fruités, sur la banane notamment. Le tout est ensuite relevé par des notes citronnées et épicées. La rose ne se sent pas vraiment de façon flagrante mais est plus présente en bouche.

En bouche, on commence par une effervescence vive qui s'ouvre sur de la douceur fruitée (banane là aussi). Ensuite, elle évolue sur des notes plus relevées, citronnées et épicées (légèrement poivrée). une touche prononcée de rose atténue le tout en fin de bouche, qui se termine sur une amertume légère.

On a donc affaire là à une bonne blanche du type belge "witbier", bien citronnée et épicée. La touche de rose, au-delà de l'originalité de l'idée, adoucit le tout et c'est appréciable. Bue bien fraîche (pas glacée, fraîche !) à l'apéritif sur une terrasse au soleil, ou en fin de repas sur un sorbet, elle sera idéale.

mercredi 6 avril 2016

Elixkir a sa triple !

Allez, c'est reparti pour un petit passage par la désormais bien connue brasserie dijonnaise Elixkir ! Elle a effectivement une petite nouvelle ! Enfin, il s'agirait plutôt d'une grande "petite nouvelle" : on est monté haut en chaleur et en alcool. Elixkir a sorti sa triple : encore un classique auquel Elixkir a ajouté sa touche de modernité. 

Mais au fait, une question se pose : qu'est-ce qui peut bien se cacher derrière le terme "triple" ? Il s'agit d'un terme de plus en plus générique aujourd'hui, donc de plus en plus vague, et qui est de plus en plus utilisé à toutes les sauces possibles et imaginables. Selon certaines versions, les triples sont brassées avec trois fois plus de grains que des bières classiques. Ce qui, selon des spécialistes, est presque impossible puisque cela rendrait le brassage très difficile. Selon d'autres versions, il s'agirait de bières de triple fermentation : fermentation initiale en cuve de fermentation, fermentation secondaire en cuve de garde, refermentation en bouteille. Mais la triple fermentation est réfutée par Guillaume Paysant et Amélia Bégrand : "selon ce principe, toutes nos bières subi[raient] une "triple fermentation"", m'ont-ils confié. 

Ils considèrent en fait leur triple comme une "héritière" du style inauguré dans les années 50 par deux brasseries belges : Slagmuylder qui brasse la bière Witkap et Westmalle, brasserie de l'abbaye trappiste de Malle. C'est Westmalle qui a la première utilisé le terme "triple" pour sa blonde bien connue, mais c'est Slagmuylder qui aurait créé la première recette d'une triple. Et c'est là que tout se complique car c'est aussi là que le terme triple se révèle en fait "absurde", si l'on veut bien me pardonner l'expression. Effectivement, "triple" selon Westmalle, Slagmuylder, et toutes les brasseries qui ont voulu reproduire le style depuis les années 50, est un terme qui ne fait référence à aucun composant de la bière, ni aucune étape de brassage, multipliés par trois. Il s'agirait finalement d'un style de bière blonde charpentée, au pourcentage de teneur en alcool élevé (entre 7 et 10 % en général), et "marqué par l'utilisation d'une levure typique des abbaye trappistes", encore une fois selon les mots de nos deux jeunes brasseurs. Pour revenir sur les abbayes, il paraîtrait que les moines faisaient la distinction entre les fûts contenant leur "bière de table" - celle qu'ils consommaient - et ceux de celles qu'ils commercialisaient : deux traits ou trois sur les fûts afin de marquer les différentes densités et, par extension, les différents degrés d'alcool. Inutile de dire qu'il y a bien longtemps que le style a été repris par nombre de brasseries laïques, telle la brasserie Elixkir.

Voilà l'objet de cette bafouille :


Il s'agit donc d'une bière blonde forte, titrant 9 % de teneur en alcool, de fermentation haute et refermentée en bouteille. Attention donc à ne pas boire ça n'importe quand et n'importe comment. On est sur de la bière de dégustation qui se savoure.

Au visuel, elle arbore une robe d'un blond foncé aux reflets ambrés avec un léger trouble. Elle est coiffée d'un col de mousse blanche, fine, compacte, laissant une belle dentelle collée au verre. Une mousse qui se montre exubérante au début, attention aux débordements lors du versement ! Une mousse, enfin, bien persistante.

Au nez, elle dégage des arômes maltés entre céréalier et fruité : des notes biscuitées, voire briochées et miellées, mais aussi de pomme et d'agrume douce. Sans oublier des pointes alcoolisées prononcées préfigurant ce qu'on aura en bouche.

En bouche, après une attaque vive, elle offre un corps puissant alliant malt biscuité et fruits macérés dans l'alcool. Une chaleur alcoolisée assez puissante se dégage rapidement. L'amertume bien présente de fin de bouche, agrumeuse et même légèrement résineuse, est cependant atténuée et arrondie par cette forte présence alcoolisée.

Une triple rappelant bien ce qui se fait de bon en Belgique. Avec cependant un chouïa moins de fruité peut-être, mais il ne s'agit que de mon palais (je préfère le préciser : personne n'a parole d'évangile en termes de dégustation de bières...). La petite touche résineuse de la fin la distingue davantage. Mais surtout, elle est fidèle à la tradition belge par la chaleur alcoolisée qu'elle dégage, qui ne la rend pas écoeurante pour autant. A boire au coin du feu l'hiver. Mais aussi par temps chaud, pourquoi pas, mais sur une terrasse ombragée, sinon attention aux coups de chaud... En tout cas, comme je l'ai déjà dit plus haut : à savourer et à ne pas boire comme une pils !