mardi 30 janvier 2018

La P30, en toute simplicité

Dans la foulée de ma petite présentation de la Micro Brasserie de l'Arquebuse, j'enchaîne sur l'un de ses produits. Pour cette petite bafouille, c'est la blondinette de la brasserie qui est à l'honneur : la P30.

Pour la petite histoire, P30 n'est pas un code se référant à une valeur en IBU (amertume), ou en EBC (couleur de la bière). Il s'agit tout simplement, comme le montre l'étiquette de la bouteille, d'une référence à la Place du 30 Octobre, située à proximité directe de la brasserie. Place du 30 Octobre 1870 et de la Légion d'Honneur, pour donner son nom entier. Une place dotée d'un monument central, en effigie sur l'étiquette de la bouteille, aménagée ainsi en mémoire de la bataille des 29 et 30 octobre 1870, qui se déroula des hauteurs de Montmuzard jusqu'aux abords de cette place. Les éléments de l'armée française stationnés à Dijon, dirigés par le colonel Adrien Fauconnet (qui donna son nom à la rue Général Fauconnet : l'ordre le nommant général de brigade arriva ce même 30 octobre, quelques heures avant sa mort des suites de blessures reçues durant la bataille), s'étaient fait un devoir de défendre Dijon face à l'avancée de l'armée allemande. Une tentative jugée sans espoirs déjà plusieurs jours auparavant par Fauconnet lui-même. Mais il fut tout de même poussé à la mettre en oeuvre sous la pression conjuguée des administrateurs provisoires de Dijon et de la volonté de résistance de nombreux dijonnais, exaltés par la rumeur d'une troupe allemande moins nombreuse qu'aux premières nouvelles. Source : Le 30 octobre 1870 - La bataille de Dijon 

C'est pour commémorer et glorifier cette tentative héroïque de résistance, bien qu'inutile (Fauconnet lui-même le disait), que la place fut aménagée et son monument érigé dans les années qui suivirent, à la demande des Dijonnais. C'est au sculpteur Paul Cabet que l'on doit la statue trônant sur le bas-relief. Ce dernier est l'oeuvre de l'architecte dijonnais Félix Vionnois et d'une autre personne du nom de Moreau (je n'ai pas réussi à trouver qui c'était exactement... bref, chapeau l'historien !). Quant à la Légion d'honneur, c'est en mémoire de celle qui fut décernée à la Ville par le président Emile Loubet, le 21 mai 1899 pour les combats des 29 et 30 octobre 1870. Source : Général Fauconnet, sa vie pour Dijon

Eh ben quoi ? Un peu d'Histoire ne fait pas de mal une fois de temps en temps ! Quel rapport avec la bière ? Eh ben euh... pas beaucoup, mais j'avais envie ! Mais rassurez-vous, je vous laisse tranquilles avec ça, j'en ai terminé. Revenons à l'objet de cette bafouille lui-même : la P30. Cette petite blonde artisanale est brassée à partir d'orge et de blé maltés, houblonnée de façon à ce que le(s) houblon(s) s'équilibre(nt) bien avec les céréales. Je n'en dis pas plus sur le ou les houblon(s), n'en connaissant pas l'identité : laissons au brasseur son jardin secret. La fermentation initiale, haute, dure environ une semaine, puis laisse la place à une deuxième fermentation en bouteille suite à un resucrage, qui va durer trois semaines en chambre tempérée. Cette ale titre 5.6 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière légère. A mon humble avis, la déguster à 6-7° C ne serait pas déconnant.

Voici donc l'une des petites nouvelles amenées par la Micro Brasserie de l'Arquebuse : 

Outre le monument central de la Place, on distingue sur la gauche un étudiant, cible privilégiée (entre autres) de la brasserie, et bien évidemment la chouette ! 

Au visuel, elle se pare  d'une robe blond clair légèrement trouble, traversée de reflets dorés. Sa tête de mousse, blanche, se révèle vive au versement dans le verre mais s'atténue rapidement pour ne persister qu'en un anneau fin le long de la paroi du verre. 

Au nez, ses arômes sont discrets et doux, se partageant entre notes de pain frais à biscuitées, et d'autres florales et légèrement fruitées. Une petite touche levurée se profile au milieu de tout ça. 

En bouche, l'entrée est finement effervescente. Elle débouche sur un corps de texture légère aux saveurs douces et plutôt discrètes, toujours céréalières sur le pain frais. Des notes florales viennent équilibrer le tout, accompagnées comme au nez d'une pointe levurée. L'amertume de fin de bouche est très légère, florale et herbacée, juste assez présente pour être désaltérante. Légèrement persistante. 

La P30 s'avère fidèle à la philosophie de la maison MBA, douce, simple à boire grâce à sa texture légère et désaltérante et à ses saveurs effectivement simples et accessibles. Elle peut de fait être idéale pour un moment de détente en fin de journée : vu la rapidité avec laquelle je l'ai terminée une fois son analyse faite, je ne peux que le confirmer. Je l'ai faite goûter à deux personnes : "elle est légère et agréable" d'un côté, "elle va plaire aux femmes" de l'autre, tels sont les commentaires qui en sont ressortis. L'objectif de plaire au plus grand nombre n'est peut-être pas loin. Idéale à l'apéritif, on peut l'accompagner d'amuses-bouches légèrement épicés, de fromages doux comme du Comté doux ou fruité, de la Tomme du Jura, du Morbier jeune ; ou encore, en termes de charcuterie, du jambon rôti aux herbes en chiffonnade.

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mercredi 24 janvier 2018

L'Arquebuse, nouvelle micro brasserie dijonnaise

Eh oui, ça y est, Dijon abrite désormais une brasserie artisanale à l'intérieur même de ses murs. Il en existait déjà un certain nombre autour de la Capitale des Ducs de Bourgogne, dont la plus proche est la bien connue Elixkir. Mais ce coup-ci, et pour la première fois depuis bien longtemps, il en est une qui s'est installée intra-muros. 

C'est en effet tout récemment, le 1er décembre 2017, que Didier le brasseur, sa conjointe Julie et leur copain Idriss ont inauguré et ouvert les portes de la Micro Brasserie de l'Arquebuse (que les puristes ne s'offusquent pas : micro et brasserie ont été séparés à dessein, la brasserie s'intitulant comme tel). Si vous ne la connaissez pas encore, peut-être à mon instar vous doutez-vous de l'endroit où se situe cette nouvelle brasserie ? Si, comme moi lorsque Nicolas Seyve de la Brasserie Belenium m'en parla il y a plus de deux mois, vous pensez que cette brasserie se trouve à proximité des Jardins de l'Arquebuse près de la gare de Dijon-Ville, eeeh ben vous avez tort ! Elle se trouve en fait Boulevard de Strasbourg, à proximité directe de la Place du 30 Octobre.

Mais alors pourquoi ce nom, vous demanderez-vous certainement, ainsi que je l'ai demandé lors de ma visite à la Micro Brasserie de l'Arquebuse. C'est tout simplement le fait d'un pan de l'histoire commune de Didier et Idriss. Nombreux furent leurs allers-retours professionnels Dijon-Paris en train, et donc les fois où leurs yeux se posèrent sur les Jardins de l'Arquebuse. Et long fut le temps qu'ils passèrent à réfléchir, dans ce même quartier, à l'idée de créer leur brasserie, et à y chercher un local pour s'installer. Après de longues et vaines recherches, ils ont fini par en élargir le champ et ont finalement trouvé LE local : un ancien local de plombiers-zingueurs, au fond de la petite cour du 8 boulevard de Strasbourg.

Une organisation efficace

Ce grand local, apte à accueillir des groupes importants de biérophiles, peut cependant paraître bien vide au premier abord quand on est un visiteur isolé tel que moi. Pour autant, il a été agencé de façon à ce que l'organisation du travail soit la plus efficace.


Tout un circuit a été aménagé autour de la cuve de brassage. Tout part du grenier à malts, où ces derniers sont moulus avant de partir direction la cuve de brassage, centrale dans l'installation. De la marque Braumeister, d'une capacité de 500 litres, cette dernière sert de cuve d'empâtage, de filtre et de cuve d'ébullition. Une fois refroidi au serpentin refroidisseur, le moût est envoyé en cuves de fermentation thermo-régulées (comme ça, pas besoin de les stocker dans une salle tempérée, pratique non ?) durant plusieurs jours pour la fermentation initiale. Il s'agit des quatre cuves situées en arrière-plan. Suite à la fermentation, le moût est resucré en vue de la refermentation qui aura lieu en bouteille. L'embouteillage qui suit se fait sur un "groupe" intégrant l'embouteillage, le capsulage et l'étiquetage des bouteilles (il se trouve derrière les cuves de fermentation). Une fois embouteillée, la bière est mise à maturer en caisses plastiques, en chambre tempérée, durant trois semaines.

Ainsi, tout un circuit est respecté, qui commence au grenier à malts et se termine dans la zone de stockage (après la maturation en chambre tempérée)... à côté du grenier à malts. Tout ce circuit est suivi dans le respect de plusieurs leitmotivs martelés par Didier : organisation visant à perdre le moins de temps possible, économies d'énergie, recyclage (eaux et produits de lavage, recyclage des drêches : à ce propos, la brasserie cherche des éleveurs intéressés par la reprise de ses drêches, afin de ne pas avoir à les jeter purement et simplement), limitation du gaspillage. Et avant tout - surtout ! - de l'hygiène ! Ce qui est, et doit être, le crédo de base de tout brasseur, s'il cherche à faire de la bonne bière en tout cas... Ce qui fait d'ailleurs dire à Didier : "Il faut que ceux qui disent que les brasseurs sont des poètes arrêtent ! On joue avec les malts et houblons, certes, mais entre chaque étape de brassage on nettoie, on désinfecte, on rince... Je me sens peu poète quand je rentre le soir avec les mains qui sentent le désinfectant !". Mais il a rapidement ajouté : "l'essentiel, après une journée de brassage, c'est surtout de se retrouver autour d'un produit qu'on aime boire, pour un petit plaisir simple !"

Simplicité, accessibilité

Et c'est là que l'on retrouve un autre principe que Didier est prêt à marteler tant qu'il le faudra. De fait, ma visite s'est bien évidemment terminée au bar de la petite showroom où, tout comme je dégustais la Dijonneige - petite blanche ronde et doucement épicée -, Didier m'a exposé sa philosophie en quelques mots. Les bières de l'Arquebuse sont des breuvages dont la recette ne cherche pas l'extravagance ou la démesure, contrairement à celles de beaucoup de confrères qui s'ingénient à repousser les limites de l'imagination et de la créativité débridée. Ainsi, les bières de la micro-brasserie de l'Arquebuse n'ont pas la prétention d'être des monstres de complexité. "A la fin de ma journée, je veux juste boire une bière ! C'est pour ça que les bières de l'Arquebuse seront sans prétention, simples, équilibrées. On doit sentir les céréales, autant que le houblon." A l'Arquebuse, on veut proposer des bières simples, accessibles même aux palais les moins aguerris qui aiment juste boire une bière pour le plaisir, sans chercher toujours plus loin les notes les plus complexes, comme je me prends souvent la tête moi-même à le faire. Autrement dit des bières agréables au plus grand nombre, toutes générations confondues.

Et c'est suivant ces principes simples que trois bières sont actuellement proposées à la brasserie : la Dijonneige blanche, la P30 blonde et l'Arquebusier brune, que je m'amuserai à vous commenter prochainement. A noter que si les ingrédients ne sont pas tous locaux (c'est impossible), le matériel, les bouteilles, les étiquettes viennent du coin. Et ce jusqu'au design des étiquettes, oeuvres d'un artiste dijonnais nommé Julien Binet, alias J'Ju pour les intimes.


Cette nouvelle brasserie artisanale, réellement dijonnaise cette fois, cherche donc uniquement la simplicité et l'accessibilité du produit, de la production, de la dégustation et de l'approvisionnement : une brasserie de quartier à l'ancienne, où le système de la caisse consignée est remis au goût du jour. Elle n'est plus en bois, mais en plastique, elle permet le transport aisé des achats jusqu'à la voiture, ou jusqu'à l'appartement d'à côté. Simple, pratique, efficace, elle permet aussi de faire des économies de carton...
Les maîtres mots à retenir : écologie, efficacité, simplicité, accessibilité. Ceci étant dit, souhaitons longue vie aux nouveaux venus de la scène brassicole bourguignonne ! 

Où retrouver les bières de l'Arquebuse ? 
  • A la brasserie bien évidemment, 8 boulevard de Strasbourg, ouverture les vendredi et samedi soirs.
  • dans un réseau "qui nous ressemble" (dixit Didier) où se retrouvent, parmi d'autres, L'Essentiel (restaurant "bistronomique" dijonnais), Le Cellier (bar dijonnais), le restaurant O'Bannelier, la cave des Saverney à Fontaine-lès-Dijon, le Beer Country qui n'aura certainement jamais eu de fournisseur aussi proche de lui...
  • Et bien d'autres à retrouver sur la page Facebook de la brasserie : www.facebook.com/microbrasseriedelarquebuse/

dimanche 21 janvier 2018

Gregorius, puissante trappiste autrichienne

Juste une petite bafouille rapide pour parler, aujourd'hui, d'une nouvelle expérience internationale. J'avais déjà entendu parler, à de rares moments, de l'Abbaye trappiste d'Engelszell en Autriche. Eh bien elle est récemment arrivée jusqu'à nous avec trois bières issues de sa gamme, dont ladite Gregorius.

Il s'agissait jusqu'à maintenant d'une telle rareté, et comme on ne sait pas jusqu'à quand elle sera accessible, elle mérite qu'on en parle un peu. Voilà une bière des plus puissantes, type quadruple, de fermentation haute et refermentée en bouteille avec, semble-t-il, moult levures, le «lit» de levure au fond de la bouteille s'étant révélé important. Elle titre 10,5 % de teneur en alcool, ce qui la classe parmi les bières très fortes. On la dégustera à une température plutôt élevée, autour des 12 à 14° C (à mon humble avis comme toujours...).

La voici : 



Au visuel, elle se pare d'une robe brune, d'un brun plutôt clair, mais assombri par un trouble important (rappelez-vous, le gros «lit» de levure...). La tête de mousse est ivoire, légèrement collante en très fines dentelles, bien persistante en un fin col.

Au nez, les arômes sont assez discrets, mais révèlent des notes corsées de fruits secs et torréfiées. Cela s'accompagne de pointes alcoolisées marquées aux notes de fruits cuits macérés dans l'alcool, et d'autres plus douces de caramel beurre salé.

En bouche, l'entrée est vive et légèrement acide. Le corps est puissant, relevé, aux saveurs corsées, où l'on retrouve la torréfaction et les fruits secs ainsi que les notes toastées et caramélisées des malts utilisés. Une puissance due aussi à des notes épicées, ainsi qu'à une forte chaleur alcoolisée aux notes faisant penser à des liqueurs, voire des alcools de fruits (alcool de prune...). L'amertume semble plutôt puissante, mais masquée par une chaleur alcoolisée prononcée. Une amertume malgré tout persistante, disputant la persistance en bouche avec la chaleur de l'alcool.

Une sacrée puissance pour cette bière d'abbaye, relevée et très chaleureuse. Plutôt séduisante. Si j'ai une réserve à faire, je dirais que l'équilibre pêche un peu du fait d'une présence un peu trop affirmée de l'alcool. Mais c'est la seule. Sa puissance accompagnera bien des plats puissants de gibier en sauce, ainsi que des fromages qui en jettent, comme un Comté 36 mois, un Epoisses ou un Ami du Chambertin bien affinés. Ou encore un fromage d'abbaye (Cîteaux, Tamié...) très affiné et puissant.



mardi 9 janvier 2018

La Mandubienne ambrée, tout en douceur

Il y a déjà pas mal de temps, j'avais commencé à écrire sur les bières de la Brasserie artisanale des Trois Fontaines, avec une bafouille sur la Mandubienne blonde, mais je n'avais jamais continué. La Brasserie a pourtant fêté fin-2016 ses 15 ans. Et depuis 16 ans (eh oui, les 15 ans, c'était déjà il y a un an...), Virgile Berthiot et son épouse la font vivre grâce à une gamme qui a peu varié mais qui a fait ses preuves et dont le succès est toujours intact. Cette gamme créée au sein de la brasserie, la Mandubienne, n'est certainement plus une inconnue depuis longtemps chez les amateurs bourguignons de bière artisanale.

"Mais pourquoi écrire sur cette gamme archi-connue ?", se demanderont peut-être ces derniers... Elle est très connue, certes, mais y a-t-il beaucoup d'écrits la concernant ? Pas sûr... D'un autre côté, il existe encore aujourd'hui nombre d'amateurs de bières qui ne sont pas encore passés à l'artisanal, et auxquels il faut vanter les produits qui valent le coup ! Et la Mandubienne, bien que maintenant confortablement installée dans le paysage brassicole bourguignon, mérite d'étendre encore le nombre de ses amateurs, ne serait-ce que pour sa constance qualitative depuis 16 ans.

Et ne serait-ce de même que par respect pour cette brasserie et ses fondateurs, qui furent parmi les pionniers du retour de la brasserie artisanale en Côte-d'Or et en Bourgogne. Et ce contre la toute-puissance du vin, prépondérant dans la région depuis des décennies. Tout simplement...

Et cette fois-ci, parlons un peu de la Mandubienne ambrée. Je l'ai personnellement "rencontrée" il y a un peu plus de 12 ans, lors de ma toute première visite de la brasserie en août 2005. Et depuis, je l'ai régulièrement "revue" et vendue lorsque j'étais revendeur actif (ce que j'espère redevenir dans un avenir relativement proche... à suivre !). Elle est brassée à base de malts pâle et plus foncé, caramélisé. Le houblon utilisé est plutôt discret, aux notes herbacées. Je n'en connais pas l'identité, donc je ne peux m'étendre davantage dessus. Elle est de fermentation haute et refermentée en bouteille ensuite. Elle titre 7% de teneur en alcool, ce qui en fait une bière semi-forte qu'on dégustera idéalement (à mon humble avis, comme d'habitude) aux alentours des 7-8° C.

La voici :


Au visuel, la robe est ambre foncée, trouble, traversée de reflets allant du dorés - à la base du verre - à plus sombres et cuivrés en remontant vers la surface. Sa tête de mousse ivoire fine, exubérante, s'atténue rapidement en laissant de petits bouts de dentelle collés à la paroi du verre. Longue persistance en un fin voile.

Au nez, on sent une forte présence d'arômes maltés aux notes douces de céréales, se traduisant par un caractère toasté et caramélisé. Et cela s'accompagne de notes légèrement miellées et de fruits secs.

En bouche, l'entrée est légèrement pétillante, suivie d'un corps doux et rond, aux saveurs céréalières prononcées, caramélisées et de pain grillé, accompagnées de notes plus discrètes de fruits secs tels que la noisette. Une petite touche alcoolisée réchauffe le tout. L'amertume de fin de bouche, très légère, se traduit en notes herbacées. Peu persistante, elle laisse plus de durée en bouche aux tons doux et caramélisés de cette bière.

Un petit plaisir simple reste un petit plaisir. Voilà une bière qui correspond tout à fait à un petit plaisir simple. Ses saveurs, encore relativement légères pour une bière assez foncée, sont rondes et douces. Non trop complexes, elles forment une introduction intéressante aux bières artisanales pour les amateurs encore non-avertis, tel que je l'étais moi-même il y a une douzaine d'années. Mais beaucoup de palais plus aguerris, parmi mes connaissances - et moi-même aussi -, aiment à y revenir régulièrement pour le plaisir. Dans l'océan de plus en plus houblonné où nous baignons actuellement, avec des bouquets fruités et floraux de plus en plus prononcés, et des amertumes souvent très marquées, il peut être sympa de revenir de temps en temps à quelque chose de plus classique et doux. Voilà une bière qui se mariera bien à des repas de viande grillée ou en sauce, à du formage à pâte pressée tel que du Morbier affiné ou à croûte lavée léger comme du Soumaintrain. Au dessert, pourquoi pas une simple crème caramel.

Petit rappel des coordonnées de la brasserie :
Brasserie des Trois Fontaines
17 rue de La Plucharde
21110 Bretenière
03 80 79 20 12
brass3fontaines@gmail.com

On peut retrouver les bières de la Brasserie des Trois Fontaines à Dijon, chez Bières des Terroirs rue Crébillon, quartier Zola-Monge (http://www.bieresdesterroirs.fr/).
Ou encore au Comptoir des Bières, 138 ter avenue Roland Carraz, à Chenôve (21300), 03 80 51 57 26, www.comptoirdesbieres.net.
Et bien sûr à la brasserie même...
Et sûrement chez bien d'autres que je ne connais pas, qu'ils se dénoncent ! ;-)

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mercredi 3 janvier 2018

Amour pour l'amer chez Elixkir

"Encore Elixkir !", vous direz-vous, "mais c'est une obsession chez ce type-là !"
Non... Je décline toute responsabilité pour l'imagination débordante et le talent de Guillaume et Amélia ! Eh oui, c'est encore Elixkir que je mets à l'honneur. Mais rassurez-vous, je devrais pouvoir diversifier un peu mes publications dans les semaines à venir.

Il est question, pour cette bafouille, de l'une des dernières créations de cette jeune brasserie. Après La Part des Hommes #4 il y a quelques jours, voici donc l'Elixkir Double IPA. Elle est sous-titrée "Par Amour Pour l'Amer", ce qui représente tout un programme... Guillaume et Amélia s'étaient déjà montrés doués avec leur IPA, ainsi que leur blanche IPA. Eh bien, une fois de plus, c'est gagné. En ce qui me concerne en tout cas...

Comme Elixkir fait partie de ces brasseries qui donnent certains détails sur les ingrédients de leurs breuvages, profitons-en. Comme dans toute bière, la base est forcément faite de malt d'orge, pâle pour la plus grosse partie (seul type de malt dont les enzymes dont à même de donner leur maximum pour la libération des sucres fermentescibles dans le moût). Il est sûrement accompagné de malts plus sombres, la blondeur n'étant pas la couleur caractérisant cette bière. Mais l'orge n'est pas la seule céréale maltée à avoir permis le brassage de cette bière. On y trouve aussi du malt d'avoine, utilisé pour donner des saveurs plus complexes à la bière, et lui apporter plus de corps. Enfin, on y trouve du malt de blé, malt améliorant lui aussi la richesse du corps, mais aussi la tenue de la mousse.
Par la suite, plusieurs houblons sont aussi utilisés, qui annoncent la couleur sur les saveurs de cette bière. Par ordre alphabétique, commençons par le houblon Amarillo, originaire des USA, aromatique et/ou amérisant., développant des arômes floraux (fleurs sauvages) et fruités (mandarine et tangerine, type d'agrume proche de la mandarine). Citons ensuite le houblon Citra, originaire des USA, aromatique, aux notes tropicales (agrumes), et de pêche.Vient ensuite le houblon Mozaïc, américain, aromatique et/ou amérisant, aux notes d'agrumes, de fruits tropicaux et de fruits rouges. Il développe aussi des notes plus dures, herbacées, terreuses, de pin, enfin des notes de pamplemousse pour l'amertume. Enfin, le houblon Simcoe, américain encore, aromatique et/ou amérisant, aux notes de fruits de la passion, d'abricot et de pin, pamplemousse pour l'amertume.
De fermentation haute, cette bière est refermentée en bouteille et titre 8.8 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière forte. Je propose de la déguster fraîche (mais pas trop), aux alentours de 8 à 9°C. 

La voici : 


Au visuel, elle arbore une robe ambrée au léger trouble, traversé de reflets orangés. Sa tête de mousse est blanc cassé, compacte, de consistance presque crémeuse, bien collante en larges dentelles, bien persistante en un épais col.

Au nez, les arômes sont prononcés. C'est une explosion de notes tropicales, notamment de mangue et fruits de la passion, sans oublier les agrumes. Le tout accompagné de notes biscuitées de malt et d'une pointe résineuse.

En bouche, l'entrée est finement effervescente, de texture onctueuse et riche. Elle est suivie d'un corps puissant et rond développant de fortes notes de fruits exotiques, où on retrouve des saveurs de mangue prononcées, mais aussi de papaye, ainsi que les fruits de la passion. La suite est un peu plus sèche, florale et résineuse, avant une amertume tranchante et prononcée, mêlant notes herbacées et de pamplemousse. 

Un vrai plaisir ! Une bière de texture riche, ronde, d'un fruité prononcé des plus agréables. Pour équilibrer cela, il fallait une amertume prononcée, sans laquelle l'ensemble l'ensemble eut été écoeurant. Défi relevé et réussi haut la main. Pour l'accompagner, plusieurs suggestions comme du gibier tel que du canard ou du sanglier. Côté poisson, du saumon fumé (c'est la période...), mais aussi de la charcuterie fumée. Au fromage, pourquoi ne pas essayer avec un Langres bien fait ou un vieux Comté, ou encore du Régal de Bourgogne à la papaye pour plus de douceur. Au dessert, j'imagine bien une salade de fruits exotiques, ou un simple bout de chocolat blanc.

Petit rappel pour ceux qui veulent en savoir plus sur Elixkir : https://www.brasserieelixkir.fr/

On peut retrouver les bières d'Elixkir à Dijon, chez Bières des Terroirs rue Crébillon, quartier Zola-Monge (http://www.bieresdesterroirs.fr/).
Ou encore, pour l'Elixkir IPA ou l'Elixkir ambrée, à la crémerie La Grapillotte, 26 rue Monge à Dijon, ainsi qu'à la crémerie-restaurant La Grapillotte, 5 rue des Grandes Varennes à Ahuy (21121).
Et bien sûr à la brasserie même, 9C rue de l'Artisanat à Couternon (21560).
Et sûrement chez bien d'autres que je ne connais pas, qu'ils se dénoncent ! ;-)

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