mardi 20 décembre 2016

S... Than Ever Barley Wine Ale, un monstre en costume de velours

De son vrai nom Strongest Than Ever Barley Wine Ale, cette bière m'a été présentée récemment par Thomas Chabert, co-gérant de la SAS Shopdebières, grossiste en bières basé à Nuits-Saint-Georges pour les pros, associations et même particuliers (www.shopdebieres.fr). Mais pas n'importe quel grossiste : on n'y trouve que des "Craft Beers", c'est-à-dire des bières artisanales, rares, brassées en petites quantités, venues de partout en Europe, voire de plus loin lorsque cela est possible. 

Strongest Than Ever Barley Wine Ale, voilà un nom à rallonge qui rappelle le nom à rallonge de nombreuses bières artisanales américaines. Elle est brassée par la White Pony Microbrewery, un nom qui sonne bien Anglais ou Américain aussi, non ? Eh bien figurez-vous qu'il s'agit en fait d'une bière et d'une brasserie... italiennes. La White Pony Microbrewery est effectivement une brasserie artisanale toute jeune - elle a à peine 4 ans - basée à proximité de la ville de Padoue, au Nord-Est de l'Italie, non loin de Venise. Une brasserie qui se veut créatrice de bières parfois extrêmes, mais toujours respectueuses des traditions. Des brasseurs qui se veulent créateurs de bières du style qu'ils aiment boire, ou qui reflètent les moments de leur vie ou leurs émotions (www.whiteponymicrobrewery.com).

La Strongest Than Ever Barley Wine Ale est l'une de ces créations, qui a dû vouloir refléter des émotions fortes ou des moments forts, vu la puissance alcoolisée qu'elle dégage...  Voilà effectivement une bière de fermentation haute, refermentée en bouteille, titrant... 15.1 % de teneur en alcool ! D'où, en partie, son nom de "Barley Wine Ale", le Barley Wine étant un style de bière à part entière (plus de précisions sur le style dans l'un de mes précédents posts : La "Burgonde 10" : la Côte-d'Or fait aussi du vin d'orge), puissant de saveurs et d'alcool. Voilà la première fois que j'en rencontre un aussi puissant, et c'est un vrai plaisir.

La Strongest Than Ever Barley Wine Ale


Au visuel, c'est une robe brun acajou qui s'offre aux yeux, trouble aux légers reflets rubis. Elle est surmontée d'une mousse ivoire fine, légèrement collante, persistante en un léger voile.

Au nez, elle dégage des arômes prononcés et complexes. Fruits rouges macérés dans l'alcool, notes vineuses moelleuses accompagnées de touches chocolatées et caramélisées. Les vapeurs d'alcool sont bien présentes.

En bouche, l'entrée est peu effervescente, de texture liquoreuse, qui débouche sur un corps rond et moelleux, ample. Ce dernier mêle fruits rouges et noirs et tons vineux, ainsi que des notes de chocolat au spiritueux. Un corps qui reste cependant doux, dégageant une chaleur alcoolisée modérée pour une ale titrant plus de 15 % de teneur en alcool. Une légère pointe d'amertume grillée se fait jour en fin de bouche, le tout se concluant par une longue persistance de notes chocolatées alcoolisées.

Une bière qui mérite bien, selon moi, le qualificatif que je lui ai donné de "monstre en costume de velours". Elle peut effectivement s'avérer traîtresse car on sent bien les pointes alcoolisées, mais elles ne sont pas entêtantes. Si ce n'est son caractère liquoreux, on ne sent pas ces 15.1 % de teneur en alcool, si bien compensés qu'ils sont par une grande douceur. Elle accompagnera bien la cuisine épicée ou sucrée-salée, mais aussi des fromages forts comme des bleus ou un bon Epoisses, ou encore des desserts aux fruits confits, un panettone aux fruits confits par exemple. Une chose est certaine, on est en présence d'une bière de dégustation qui est particulièrement indiquée en cette période hivernale, le soir sous une bonne couette ou dans un fauteuil près du feu. Elle remplace très bien la bière d'hiver ou de Noël.

mardi 13 décembre 2016

La Gouden Carolus X-Mas, une explosion de réglisse !

Revenons un peu aux bières de Noël ! C'est qu'on s'approche tout doucement de la date fatidique... C'est une bière de Noël belge qui est à l'honneur aujourd'hui, produite à la brasserie Het Anker, située à Malines. Elle fait partie de la gamme nommée Gouden Carolus. La Brasserie est en activité depuis 1471, année où les Béguines de Malines obtinrent du Duc de Bourgogne Charles le Téméraire exonération et de taxes et de droits d'accises sur leur production. Elle prit le nom de Het Anker en 1872. Elle produisait de la Keizersbier en référence au grand amateur de bière qu'était Charles Quint, empereur parmi les plus puissant qu'a connus l'Europe dans son histoire, né et élevé à Malines. Ce n'est que dans les années 1960 que la gamme prit le nom de Gouden Carolus, en référence aux monnaies en or de Charles Quint.

En l'honneur de ce grand amateur de bières, la gamme Gouden Carolus est une réussite ! Notamment celle-ci : 

La Gouden Carolus X-Mas (ou Christmas)


Il s'agit d'une bière de Noël, de fermentation haute, refermentée en cuve avant d'être filtrée et embouteillée. Il y aurait trois houblons ainsi que six épices que la brasserie qualifie d' "exceptionnelles". Mais elles resteront certainement secrètes un moment puisque je n'ai pas de précision. En tout cas, elle titre 10.5 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière très forte, qu'on dégustera à environ 10-12° C pour ne rien louper de la richesse de son bouquet chaleureux.

Au visuel, elle se pare d'une belle robe brune et limpide aux reflets rubis. Elle se couvre d'un col de mousse ivoire abondante, aux fines bulles, collante et persistante.

Au nez, les arômes sont prononcés et moelleux, fruités sur les fruits noirs comme la mûre, mais aussi chocolatés (chocolat noir), avec de fortes notes de réglisse. Ou peut-être est-ce le tout combiné qui donne ces arômes de réglisse ? Mais c'est en tout cas très surprenant... Et agréable !

En bouche, l'entrée est douce, moyennement vive. S'ensuit un corps de texture liquoreuse moelleux très agréable, mêlant les fruits noirs et le chocolat noir. La réglisse fait son apparition de façon prononcée sur la fin de bouche, avant une légère touche d'amertume grillée. Persistance moyenne sur la réglisse et le grillé, accompagnée d'une chaleur du plus bel effet, qui monte doucement et la rend des plus sympathique.

Il s'agit là de l'un de mes coups de coeur de ces deux dernières années : je l'ai découverte il y a un an, mais je n'avais, à cette époque, ni le coeur ni le temps d'écrire dessus. Je me rattrape cette année. Pierre, le "Rigolo chauve" du Comptoir de Bières de Chenôve (21300), m'avait demandé il y a un an si j'aimais la réglisse : ce fut "oui" sans hésiter ! Il m'a reposé la même question cette année-ci, et la réponse a été la même il y a deux semaines. Dès l'année dernière, elle m'avait séduit par son caractère puissant, son corps moelleux où se mêlent certainement le malt, les épices et les houblons pour lui donner ces saveurs chocolatées et réglissées prononcées, sa belle chaleur. Rien n'a changé cette année. Une belle réussite ! Mais attention, comme le dit Pierre, il faut aimer la réglisse...

Une bière à retrouver
- au Comptoir des Bières 138 ter avenue Roland Carraz, 21300 Chenôve, www.comptoirdesbieres.net ; dites-leurs que vous venez de la part de "Secrets de Bières", ça leur fera zizir ! 
- chez bien d'autres encore, que je ne connais pas, qu'ils se dénoncent ! ;-)

Plus d'infos sur la brasserie Het Anker sur www.hetanker.be .

Avis aux amateurs et santé à tous ! 

jeudi 8 décembre 2016

La Chargeoise de Noël, entre douceur et chaleur

Il y avait longtemps que l'on n'y était pas allé, alors en route pour Chargey-lès-Gray, en Haute-Saône (70) à proximité de Gray, et sa brasserie locale haute en couleurs : la Brasserie de La Rente Rouge et son brasseur Mathieu Bernard.

Et cette fois, c'est pour sa bière de Noël. S'il aime explorer des styles exotiques comme les IPA et autres bières bien fruitées, Mathieu peut aussi verser dans la tradition, ainsi celle des bières de Noël. Il fait de la bière de Noël depuis 2010, mais je ne l'ai rencontré qu'il y a deux ans, je n'ai goûté sa bière de Noël qu'il y a un an. L'étape suivante, un an après, ne pouvait être que de lui consacrer enfin une bafouille de blog. Eh oui, chez "Secrets de Bières", les idées mettent parfois le temps à faire leur chemin...

Voici donc : 

La Chargeoise de Noël


Cette bière, Mathieu la veut collée à l'esprit "bière belge de Noël", où le malt et les épices sont prépondérants, pour donner des saveurs corsées et chaleureuses aux bières brassées. Il utilise forcément du malt pâle pour les sucres fermentescibles, mais aussi des malts plus foncés, qui donneront sa couleur sombre à sa bière, ainsi que des saveurs assez fortes. Et donc, des épices, mais sans plus de précision. Il va falloir les trouver... Au reste, c'est une bière de fermentation haute, refermentée en bouteille. Elle titre 6.8 % de teneur en alcool, ce qui en fait une  bière semi-forte, moins forte que la plupart des bières belges de Noël, qui montent en général à 8-9 %, voire plus. A consommer, à mon humble avis, à 9-10° C.

Au visuel, elle dévoile une robe rousse aux reflets cuivrés, avec un léger trouble. Sa mousse, couleur ivoire, vive et à grosses bulles, peu collante, disparaît (trop ?) rapidement après le service.

Au nez, les arômes sont bien perceptibles malgré cette mousse qui disparaît rapidement, sans être trop prononcés. Doux et chaleureux, ils mêlent des notes épicées évidentes de cannelle, de gingembre (sous réserve, à vous de voir...), ainsi que des notes moelleuses de caramel. Au milieu de tout ça, des tons grillés ne manquent pas de se rappeler à notre bon souvenir, ce qui n'est pas désagréable.

En bouche, l'entrée est finement effervescente, laissant rapidement la place à un corps où le malt tient une place prépondérante, laissant s'échapper des saveurs caramélisées moelleuses, relevées de saveurs grillées prononcées. Se mêlent à tout cela des notes épicées agréables, qui amènent un côté chaleureux non moins agréable, couvrant une amertume très légère aux notes de grillé, voire de brûlé. La persistance, sur la chaleur et les épices, s'avère moyennement longue.

Voilà une bière de Noël agréable, où l'équilibre entre la douceur et le côté chaleureux des épices a été plutôt bien trouvé. Les tons très grillés amènent un petit quelque chose en plus qu'on ne trouve pas dans toutes les bières de Noël. Elle confirme en tout cas que, comme bière de saison froide, mieux vaut ne pas la boire trop fraîche, on n'y gagnerait rien. Mathieu la conseille avec du fromage à pâte pressée cuite comme du Comté : pourquoi pas du vieux, ou encore du vieux gruyère suisse. On peut l'essayer aussi avec un bon vieux pain d'épices, ou tout simplement - pourquoi faire compliqué ? - une crème caramel, une crème brûlée... Bref, avis aux amateurs et santé à tous !

Découvrez-en un peu plus sur la brasserie sur son site www.larenterouge-brasserie.fr

On peut retrouver la Chargeoise de Noël
- à la crèmerie-épicerie fine "La Grapillotte", 26 rue Monge au centre-ville de Dijon (21000) ou 5 rue des Grandes Varennes, ZAC d'Ahuy (21121) ; 03 80 30 36 91 (rue Monge) ou 03 80 55 69 60 (Ahuy).
- à la Cave "Bières des Terroirs", 28 rue Crébillon au centre-ville de Dijon (quartier Zola-Monge), www.bieresdesterroirs.fr, 03 71 19 90 97 ; 
- et sans doutes dans d'autres boutiques, mais je ne les connais pas, qu'elles se dénoncent ! 

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mardi 6 décembre 2016

Retour à... Tours pour une IPA "Royale"

Nouveau petit détour, sur les bords de la Loire, par la Compagnie Tourangelle de Bière (CTB) et sa gamme "Royale". 

Une première bafouille, "La Compagnie Tourangelle de Bière, une ambition... Royale ?" (29 novembre 2016), avait présenté la brasserie, ses objectifs (à retrouver sur le site www.biere-artisanale-ctb.fr), mais seulement une seule des bières de la gamme : la Royale Pale Ale. Ben oui, faut pas déconner, il y avait déjà bien assez à lire comme ça ! 

Alors réparons le manque, puisque cela est possible ! Nicolas Seyve, brasseur beaunois de la microbrasserie Belenium, m'avait offert la possibilité de goûter les deux premières bières de la CTB. Alors ne laissons pas la Royale Pale Ale toute seule, ajoutons-y : 

La Royale India Pale Ale Session #1


La Royale IPA (pour un petit historique du style IPA, voir mon post "L'Elixkir IPA, quand la mode a du bon"), bière issue du brassage de quatre types de malt : du malt "Pale", qu'on qualifiera de malt "de base", à peine plus coloré que le malt pâle du type Pils, destiné à donner déjà un bon début de corps savoureux à la bière ; du malt Caramunich, malt caramélisé foncé, touraillé à haute température (220° C), destiné à donner une couleur ambrée foncée ou cuivrée et à développer des notes biscuitées à caramélisées ; du malt Munich 15, malt pâle pouvant aussi servir de "base", destiné à donner à la bière des notes légèrement caramélisées, miellées, ou panifiées ; du malt Munich 25, dont les caractéristiques sont similaires à celles du malt Munich 15, mais plus accentuées. L'assaisonnement du moût se fait avec cinq types de houblon : l'Amarillo, floral et épicé, d'amertume prononcée ; le Cascade, plus aromatique qu'amer, floral et épicé lui aussi ; le Colombus, aromatique sur les agrumes et les épices, et amérisant ; le Citra, aromatique donnant des notes tropicales à la bière (agrumes), souvent utilisé pour le brassage d'IPA ; le Simcoe, aromatique et amérisant, aux notes de fruits de la passion, d'abricot et résineuses. Après tout ça, je ne vous raconte pas la complexité de la bière... Bref, au-delà de ça , il s'agit d'une bière de fermentation haute, refermentée en bouteille, titrant 5.6 % de teneur en alcool, qu'on peut consommer (je pense...) au tour de 6-7° C afin de profiter des arômes et de sa fraîcheur en sus.

Au visuel, on distingue une robe cuivrée intense aux reflets rougeâtres, trouble. Le col de mousse est abondant, de couleur ivoire et de consistance plutôt crémeuse, laisse une belle dentelle collante sur la paroi du verre, longuement persistant.

Au nez, ce sont des arômes prononcés qui se dégagent de ce beau col de mousse. On distingue au premier chef des fruits exotiques tels que les fruits de la passion et les agrumes, accompagnés de notes fleuries. En cherchant plus profondément, on peut distinguer des touches caramélisées, équilibrées de tons résineux.

En bouche, l'entrée est vive et sèche. Le corps est puissant mêlant notes de fruits exotiques et fleuries prononcées. L'orange et le pamplemousse ne sont pas en reste. Les tons caramélisés sont présents, bien que très discrets sous cette explosion fruitée. Des notes épicées et résineuses se font jour ensuite, aboutissant à une amertume résineuse et herbacée marquée et persistante.

On sent, avec cette bière - d'un type relativement difficile à brasser -, qu'on n'a pas affaire à des "lapins de trois semaines du brassage" (pardon pour l'expression, mais je l'aime bien...). Il y a du travail derrière tout ça, de la recherche et des expériences. On ne fait pas une bière dont les saveurs sont à ce point explosives sur un coup de tête. Une belle puissance, de la complexité, une amertume qui vient rapidement et qui persiste mais qui laisse tout de même la place aux notes fruitées pour s'exprimer. Encore une découverte sympathique, quoi... Les brasseurs, Maxime et Karim, la conseillent avec des plats épicés asiatiques, indiens ; mais aussi avec du sucré-salé tel que des endives caramélisées, des viandes rouges ; et des desserts au citron, comme la tarte au citron meringué. De façon plus générale, on peut essayer de l'accompagner de gibier bien relevé, des poissons et viandes fumés, du chocolat blanc ou des desserts aux agrumes.

Un petit clin d'oeil à Nicolas Seyve, de Belenium chez qui cette Royale IPA a été brassée, qui a tenu à souligner que, même chez Belenium, on sait brasser de l'IPA. Personnellement, je le savais déjà, mais je peux l'officialiser maintenant... ;-)

Compagnie Tourangelle de Bière, Tours (37), www.biere-artisanale-ctb.fr 

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vendredi 2 décembre 2016

Belenium chez Loiseau, la suite !

Il faut croire que la collaboration entre la microbrasserie beaunoise Belenium et la Etablissements Bernard Loiseau (voir mon article Belenium chez Loiseau du 22 juillet 2016) a bien fonctionné - et fonctionne toujours bien ! 

De  fait, puisqu'aux "Blanche de Blanche" et "Blonde au Miel" est venue s'ajouter une petite troisième, de caractère résolument bourguignon : 

la "Blonde au Cassis"


Je vous épargne le laïus de présentation de la microbrasserie Belenium, c'est bien loin d'être la première fois qu'il y est fait allusion dans ces bafouilles de blog (cf. liens en fin de post). Je vous épargne aussi celui sur la collaboration entre Belenium et les établissements Bernard Loiseau, visant à donner à la bière une place de choix en accompagnement de la gastronomie (cf. lien ci-dessus). Bref, pas trop de lecture cette fois-ci. 

Mais revenons à la petite nouvelle ! Voilà donc la "Blonde au Cassis", brassée à partir de malts d'orge et de froment, auxquels s'ajoute l'utilisation de houblon(s) aux notes fleuries et épicées et à la fine amertume. De fermentation haute, elle est refermentée en bouteille à l'aide de nectar de cassis et d'une lichette de sirop de cassis. Nicolas Seyve ne voulait pas que cette bière soit une bière aux fruits dans le sens bière brassée avec ajout de jus de fruit, ou de fruits, hors fermentation, donc pas d'une bière sucrée. Et c'est effectivement ce qu'il a réussi à faire. Comme ses deux soeurs issues de la collaboration Belenium-Loiseau, elle titre 5.6 % de teneur en alcool, ce qui en fait une  bière légère. On la consommera à environ 8° C (à mon humble avis, comme toujours).

Au visuel, on découvre une bière à la robe blond foncé, trouble, laissant transparaître des reflets plus clairs, presque blonds pâles. L'effervescence est fine, peu vive, dansante, élégante et tranquille en deux mots. Le tout est surmonté du col blanc caractéristique des Belenium : très fines bulles, consistance presque crémeuse, bien collante à la paroi du verre, longuement persistante.

Au nez, elle dégage d'entrée des arômes fruités de cassis bien perceptibles au début, plus discrets par la suite. On peut distinguer, au-delà de ça, des touches fleuries assez caractéristiques de la "patte" de Nicolas Seyve.

En bouche, l'effervescence d'entrée se montre fine mais s'apaise rapidement. Le corps se déploie ensuite amplement dans la bouche, laissant s'échapper ces mêmes notes fruitées de cassis, qui ne laissent cependant apparaître aucun caractère sucré. Le tout s'accompagne de notes fleuries et de céréales maltées à faible température. La fin de bouche se caractérise par une légère amertume herbacée et de fines touches épicées, moyennement persistantes.

Cette bière incluant l'utilisation de jus de fruit lors de la fermentation, nouveauté chez Belenium, a atteint l'objectif que s'était fixé Nicolas : une bière aux saveurs fruitées mais non-sucrée. N'étant pas, moi-même, un grand adepte des bières aux fruits, sauf si elles ne sont pas sucrées et acidulées, elle m'apparaît pourtant agréable et rafraîchissante. Donc, pari réussi en ce qui me concerne. Le cassis est prononcé mais pas sucré, et se trouve être bien équilibré par le côté fleuri et légèrement épicé. Elle pourrait bien accompagner de la viande blanche, aux saveurs légères, ou de la charcuterie séchée de boeuf, comme de la Bresaola. Pourquoi pas, au dessert, du sorbet au cassis ou autres fruits noirs et rouges.

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jeudi 1 décembre 2016

Elixkir Noël, le plein d'épices et de caramel

Encore une Elixkir ! Oui, mais celle-là n'est pas une nouvelle à proprement parler. Il s'agit d'une nouvelle pour l'année 2016, mais elle avait déjà été brassée en édition limitée et commercialisée il y a tout juste un an. On parle bien évidemment, comme l'indique le titre de cette nouvelle bafouille, de l'Elixkir de Noël. Il se trouve qu'elle n'a pas eu droit, l'année dernière, à son petit post, au contraire du reste de la gamme.

Je ne reviendrai pas sur les explications de ce qu'est une bière de Noël, ni sur les distinctions - si minimes soient-elles - qu'il y a à faire avec les bières d'hiver. Pour plus d'infos - par ailleurs largement venues du brasseurs d'Elixkir Guillaume Paysant - je vous renvoie à mon article "La Saint-Rieul d'hiver, et un peu de Noël..."

Pour la deuxième année, Guillaume Paysant et Amélia Begrand, nous gratifient d'une bière de Noël issue de 10 malts différents et de 5 houblons. On n'en saura pas plus, mais rien que cela laisse augurer une bière complexe. D'autant plus que des épices, tout aussi peu connues, y sont ajoutées, comme dans de nombreuses bières du même style. De fermentation haute, elle est refermentée en bouteille, comme toutes ses soeurs et titre 6.2 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière semi-forte. Comme toute bière de Noël, il vaut mieux (à mon humble avis, je n'aurai de cesse de le dire) la déguster à température "élevée" par rapport à bien d'autres, autour de 10-12° C. Il s'agit d'une bière de saison froide, qui doit réchauffer, ou tout du moins en donner la sensation.

La voici : 

L'Elixkir "Bière de Noël"


Au visuel, elle montre une robe d'un roux foncé au léger trouble et aux reflets cuivrés à acajou. Effervescence fine et plutôt peu vive. Le tout est surmonté d'une mousse blanc cassé fine, légèrement collante, moyennement persistante.

Au nez, ce sont des arômes qui paraissent légers, mais dont se dégagent des notes caramélisées, d'agrumes épicées (pour tout dire, cela m'a fait penser, à certains égards, aux arômes du vin chaud aux agrumes et aux épices), de fruits rouges, ainsi que d'épices comme de la cannelle et du gingembre, entre autres.

En bouche, l'entrée est moyennement effervescente, ouvrant sur un corps partagé entre caramélisé prononcé et chocolaté, sur lesquels s'ajoutent des saveurs fruitées où les agrumes dominent en compagnie des épices et de leur chaleur, le tout en un équilibre plutôt réussi. L'amertume de fin de bouche s'avère, elle, légère, laissant plutôt la place à une persistance épicée chaleureuse, relativement longue.

Une bière de Noël qui est un exemple parmi d'autres montrant que ce style n'a pas l'obligation d'être fortement alcoolisé pour apporter saveurs et chaleur. C'est tout le succès de la bière de Noël d'Elixkir, avec un bel équilibre entre le moelleux caramélisé et agrumeux prononcé et la vivacité chaleureuse des épices. Des saveurs prononcées qui accompagneront bien des plats riches et épicés, mais aussi des fromages à pâte dure vieux, des fromages épicés ou bleus. Mais encore des desserts caramélisés tels que de la crème caramel, ou épicés comme du pain d'épices tout simplement.

Une bière que vous pourrez retrouver, notamment, chez "Bières des Terroirs", boutique de bières bourguignonnes et franc-comtoises, rue Crébillon à Dijon (quartier Zola-Monge). Et chez bien d'autres sûrement, que je ne connais pas, et qui peuvent se manifester...

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mardi 29 novembre 2016

Compagnie Tourangelle de Bière : une ambition... Royale ?

La petite histoire présente débute à... Tours ? Non, non, pas à Tours... à Beaune ! Eh oui, c'est Nicolas Seyve, brasseur des bières beaunoises Belenium (bien connues maintenant dans ces pages), qui m'a rancardé récemment sur la Compagnie Tourangelle de Bières, dont je n'avais jamais entendu parler : honte à moi ! Il m'en a même donné deux bouteilles à déguster. 

Heureusement que j'ai des copains pour m'aider quand même ! 

Bref, qu'est-ce que la Compagnie Tourangelle de Bière ? Il s'agit d'une toute nouvelle brasserie, lancée officiellement le 16 juin dernier, à Tours donc, sous la  houlette de deux brasseurs nommés Maxime et Karim, amoureux de la bière et du brassage. Ils ont décidé de nommer leur gamme de bières "Royale", un nom qui colle plutôt bien à cette région pleine de châteaux de la Loire. En lançant leur brasserie, ils poursuivent un objectif tout aussi prestigieux : redonner à la bière toute sa place, aux côtés du vin sur les tables françaises, en accompagnement de notre gastronomie. Un objectif poursuivi aujourd'hui par de très nombreuses personnes partout en France, brasseurs, zythologues, gastronomes, gourmets. Et notamment Nicolas Seyve qui a créé, pour les établissements Bernard Loiseau, ses bières "Blanche de Blanche" et "Blonde au Miel" .

Mais au lieu de vous gaver d'explications et de détails, comme j'en ai l'habitude, je vous renvoie au site de la Compagnie Tourangelle de Bières (ou CTB) : www.biere-artisanale-ctb,fr .

Mais pourquoi, vous demandez-vous (enfin, peut-être...), est-ce un brasseur beaunois qui vient me parler de bières fabriquées à Tours ? Eh bien tout simplement parce que n'étant pas encore suffisamment équipés pour brasser chez eux, Maxime et Karim ont demandé à pouvoir brasser chez des confrères équipés du même matériel que celui qu'ils auront, dont fait partie la microbrasserie beaunoise. C'est pourquoi, au mois de juillet dernier, ils se sont retrouvés à Beaune, chez Belenium, pour une session de brassage de leurs premières bières. Une opération qu'ils ont réitérées chez d'autres brasseurs, semble-t-il, mais sans plus de précision. C'est tout naturellement que Nicolas Seyve a pu garder un certain nombre de bouteilles du produit fini. Et voilà comment je suis moi-même entré en possession de bouteilles des bières de la gamme "Royale" : une "Royale Pale Ale" et une "Royale India Pale Ale". Une troisième était lancée, ce 29 novembre même, la "Royale American Pale Ale". Je n'en ai donc pas obtenu, mais ce n'est que partie remise.

On constate assez rapidement, à la lecture des noms de ces bières, qu'elles sont largement inspirées de styles de bières anglo-saxons : les Pale Ales et India Pale Ales, nées en Angleterre et largement développées aux Etats-Unis il y a quelques décennies avant d'inspirer désormais les brasseurs européens, et donc français bien évidemment.

Bref, voilà qui nous amène à la première bière de la gamme "Royale" qu'il m'a été donné de déguster : la "Royale Pale Ale" Session #1 (petite particularité en plus : chaque bière de chaque style exploré sera susceptible d'évoluer "au gré des saisons, [des] envies et des matières premières disponibles", d'où les numéros de "Session"). Il s'agit d'une blonde composée de malts Pilsen (très légèrement malté, aux saveurs douces, panifiées voire biscuitées) et Munich (malt plus aromatique que le Pilsen, touraillé à plus haute température - il sera donc plus foncé - et de goût plus prononcé que le Pilsen), ainsi que de froment. Les houblons utilisés sont américains : l' Amarillo (floral et épicé, d'amertume prononcée), le Cascade (plus aromatique qu'amer, floral et épicé lui aussi) et le Chinook (aux saveurs d'agrumes, de pamplemousse notamment, et à l'amertume prononcée). De fermentation haute, elle est refermentée en bouteille. Elle titre 5.4 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière légère, en terme d'alcool en tout cas. On s'apercevra que ce n'est pas le cas en termes de saveurs. A consommer à 7-8°C (à mon humble avis, comme d'habitude).

La "Royale Pale Ale Session #1"


Au visuel, elle arbore une robe blond foncé, trouble, aux reflets ambrés à cuivrés. Elle est surmontée d'un épais col de mousse blanche à grosses bulles, "rocailleux", qui s'affine au fil du temps, mais persiste longuement.

Au nez, ce sont des arômes discrets qui s'échappent de ce col de mousse, moelleux et fruités sur les agrumes, accompagnés de notes de céréales biscuitées et même légèrement caramélisées, ainsi que de notes fleuries.

En bouche, l'entrée est vive et sèche, suivie d'un corps céréalier biscuité et fruité sur les agrumes, d'une certaine ampleur et d'une puissance que ne laisse pas penser la lecture du degré d'alcool. Le tout s'accompagne là aussi de touches fleuries. La fin de bouche est caractérisée par une amertume fleurie et épicée prononcée, persistante.

Une pale ale sympathique, alliant puissance et beau mélange de saveurs. Une puissance qui contraste avec son taux d'alcool léger. Elle est bien équilibrée entre la vivacité du début, le moelleux céréalier et fruité du corps et l'amertume prononcée. Elle accompagnera bien, selon les brasseurs (voir leur site), des plats de poissons ou de viande épicés : filet de sole, takaki de saumon vinaigrette de pamplemousse, tartare de veau 4 épices... Mais aussi du dessert épicé : crème brûlée chocolat-gingembre (toujours selon les brasseurs). A essayer si vous passez par Tours ! 



jeudi 17 novembre 2016

La Saint-Rieul d'hiver, et un peu de Noël...

Novembre est arrivé, avec lui est arrivé le temps des bières d'hiver et de Noël. J'en entends déjà qui vont dire, comme j'ai pu le dire moi-même : "une idée commerciale de plus pour nous faire acheter de la bière même en hiver !"

Ben pas tant que ça en fait... Le style "bière d'hiver" ou "de Noël" est un style plutôt ancien quand on y regarde bien. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, les bières étaient des produits brassés de façon saisonnière, d'octobre à mars pour être servis au printemps et en été. Au début de l'automne, il fallait souvent écluser les derniers stocks de céréales de la brasserie afin de faire place aux nouvelles récoltes. Le tout était utilisé pour brasser des bières à consommer en fin d'année, qui étaient souvent des bières riches, amples, voire "épaisses" tant étaient importantes les quantités de matière première utilisées pour les brasser, bien souvent plus fortes en alcool.

Bon, après cette définition très générale, j'ai cherché un peu plus loin. Et, grâce à Guillaume Paysant (brasseur d'Elixkir à Dijon), j'ai la possibilité d'affirmer que l'on peut faire une distinction entre les "bières d'hiver" et les "bières de Noël". Ben oui, pourquoi ne pas ajouter un peu de complication ?

D'après Guillaume Paysant, les bières de Noël prennent leur source dans les pays scandinaves il y a plus d'un millénaire, avant leur évangélisation. La bière était brassée en octobre pour être consommée lors de la fête païenne de "Yule", le 21 décembre. Une tradition qui fut préservée, après l'évangélisation, pour les fêtes de Noël. La tradition est encore bien ancrée aujourd'hui semble-t-il puisque "les bières de Noël sont restées très populaires, en tout cas dans la brasserie où j'ai travaillé (Nogne O) qui brasse 4 bières de Noël différentes", m'a confié Guillaume.

Les bières d'hiver en revanche prendraient plutôt leur source en Angleterre. Elles seraient nées à Burton Upon Trent, ville archi-connue des brasseurs et bièrologues comme celle dont l'eau de source est propice au brassage des meilleures Pale Ales et India Pale Ales britanniques. Style de Pale Ale, elles s'en différenciaient par deux composants : une portion de malt torréfié leur donnant une couleur plus foncée ; un peu de sucre brun qui les rendait plus douce que nombre d'ales anglaises de l'époque. Deux raisons pour lesquelles, toujours d'après Guillaume Paysant, ce style de bière était davantage apprécié et consommé durant les froids mois d'hiver, car certainement plus chaleureux. Un style d'ailleurs renommé par la suite "Winter Warmer". Le style "bière d'hiver" a fait des émules outre-atlantique comme ailleurs en Europe, notamment à la faveur du renouveau de la brasserie artisanale (démarré, rappelons-le, aux USA dans les années 1970), et serait même devenu un incontournable du brassage artisanale. Les brasseurs américains sont ceux qui commencèrent à ajouter des épices dans leurs bières d'hiver.

Et c'est là que tout se brouille... Pas belle la vie quand même ? Effectivement, on est aujourd'hui face à deux styles, dont les origines origines diffèrent, mais qui se télescopent. Non seulement par la période où on les brasse et où on les consomme, par leurs caractéristiques (bières foncées, épicées, parfois un peu sucrées), mais encore par leur appellation. Depuis une trentaine d'années (1985 pour le retour de la bière de Noël en France, en Alsace plus précisément, à la brasserie Schutzenberger), toutes ou presque sont regroupées sous l'appellation "Bière de Noël" pour des raisons "bassement"commerciales. Bref, bien que ce soit le m...dier pour la faire aujourd'hui, il y a bel et bien une distinction, historique du moins.

Une fois de plus, je tire mon chapeau à ceux qui sont arrivés à ce stade du post sans s'endormir ou le fermer. Passons enfin à la bière dont la dégustation faisait à l'origine l'objet de cette longue bafouille: 

La Saint-Rieul d'hiver

La brasserie Saint-Rieul est une brasserie-ferme artisanale picarde, fondée en 1998. Il s'agit donc d'une brasserie tout de même assez ancienne par rapport au nombre actuel de brasseries artisanales en activité aujourd'hui en France. Elle est basée à Trumilly, Saint-Rieul faisant allusion au premier évêque de Senlis, évangélisateur de la Gaule au IIIe siècle de notre ère. Mais je ne vais pas en plus vous soûler avec l'histoire de la Brasserie. Je vous invite à cliquer sur le lien suivant pour en savoir plus : Basserie Saint-Rieul

La Saint-Rieul d'hiver est issue du brassage de généreuses quantités de malts pâle, caramélisé et plus sombre, ce qui devrait lui donner une certaine douceur. Cette dernière sera équilibrée par l'utilisation d'épices et d'écorces d'orange. De haute fermentation et refermentée en bouteille, elle titre 8 % de teneur en alcool. Comme toute bière d'hiver et/ou de Noël, il est conseillé de la boire à peine plus fraîche que la température de cave, autour des 9-10° C.

La voici :


Au visuel, elle offre une robe brun acajou trouble, aux reflets roux, surmontée d'un col de mousse blanc cassé laissant une dentelle abondante collée à la paroi du verre. Mousse bien persistante.

Au nez, elle offre des arômes fruités-caramélisés et épicés : des notes vineuses de fruits rouges mêlées de notes caramélisées ; des touches épicées de cannelle se font jour ensuite. Le tout combiné donne des arômes bien agréables.

En bouche, l'entrée se montre douce et peu effervescente. Elle débouche sur un corps ample et moelleux, caramélisé et légèrement vineux, donc bien fruité. Le tout est relevé de notes chaleureuses de cannelle et des touches grillées déterminant l'amertume de cette bière. Une amertume tranchant bien avec le moelleux du corps, qui s'avère persistante.

Une bière agréablement chaleureuse qui a toute sa place en hiver, puisqu'elle est ainsi nommée par la Brasserie Saint-Rieul, mais aussi (comme c'est la conclusion finalement toute simple de la "petite" explication que j'ai rédigée en début de post) à Noël. La Brasserie Saint-Rieul a le mérite de ne pas avoir cédé aux sirènes commerciales en l'appelant "Bière de Noël". Elle accompagnera bien des plats de gibier riches et épicés, chaleureux et adaptés aux soirées froides d'hiver. Pourquoi pas du fromage à pâte dure comme du vieux Comté. Au dessert, du pain d'épices pourrait bien faire l'affaire, ou pourquoi pas un gâteau aux fruits et chocolat.

Et vous savez où on peut la trouver aujourd'hui autour de Dijon ? Je vous le donne en mille : 
138 ter Avenue Roland Carraz
21300 Chenôve
03 80 51 57 26

Et peut-être dans d'autres boutiques, qu'elles se dénoncent... ;-)

samedi 29 octobre 2016

La Troubadour Magma : une merveille

Il y a un certain temps que je voulais faire découvrir une merveille, que j'ai moi-même découverte il y a plus d'un an au Comptoir des Bières (eh oui, encore lui !). Une bière brassée par une brasserie artisanale belge de la nouvelle génération, fondée en 2000, et qui semble faire des merveilles de créations renouvelant le paysage brassicole belge (parmi bien d'autres, bien évidemment) : la Brasserie "The Musketeers". Malheureusement, je pourrai difficilement en dire plus sur cette brasserie, cette dernière ayant un site exclusivement rédigé en Flamand. Il est de plus en plus courant de rencontrer ce problème sur des sites de brasseries belges. La Belgique est un pays, bien que bilingue, un et non-divisé jusqu'à preuve du contraire, mais un certain nombre de Flamands semblent l'avoir oublié et ont une aversion telle pour les Francophones que même les Français n'ont plus le droit d'avoir une traduction. Bref, on n'est pas là pour faire de la politique, sinon il y aurait de quoi écrire 15 bouquins de 1000 pages ! Pour ceux qui ont le courage d'affronter le Flamand, ils peuvent toujours se rendre sur le site : www.themusketeers.be . Pour ma part, je refuse de faire l'effort de documentation s'ils refusent de faire l'effort de mettre une option "Version francophone", ou tout du moins "Version anglophone". Enfin, comme je viens de l'écrire, bref !

Il existe maintenant une version anglophone, pour ceux que cela peut intéresser. 

Le plus important (ici en tout cas), au final, est cette bière : la Troubadour Magma, Belgian Triple - India Pale Ale. Pour autant que je peux le comprendre, il pourrait s'agir d'un mélange de la puissance des triples à la Belge et du caractère fruité et très amer, donc très houblonné des IPA. Mais je peux me tromper : un site incompréhensible apporte peu d'indications... Il s'agit en tout cas d'une bière de type IPA, de fermentation haute, refermentée en bouteille, titrant 9 % de teneur en alcool. Elle se dégustera à environ 8-9° C.

La voici : 


Au visuel, elle affiche une robe blond foncé, orangé même, au trouble important. La mousse forme un col blanc abondant, à grosses bulles qui le rendent "rocailleux", une mousse collant bien à la paroi du verre, longuement persistante.

Au nez, ce col de mousse dégage des arômes prononcés de fruits exotiques : mangue, fruits de la passion, agrumes. Le tout accompagné de touches résineuses.

En bouche, elle offre une entrée ronde et moyennement effervescente débouchant sur un corps puissant et fruité : toujours les fruits exotiques et les agrumes. Des notes alcoolisées prononcées et chaleureuses ajoutent à cette puissance. L'amertume de fin de bouche, très prononcée, mêle agrumes et notes résineuses. La persistance, longue, est chaleureuse et résineuse.

Une belle bière, bien équilibrée entre le moelleux fruité, la puissance et l'amertume. Ce type de bière peut ravir les grands amateurs d'IPA pour peu qu'ils ne soient pas opposés à une certaine puissance alcoolisée. L'une de mes plus belles expériences de ces dernières années. On en pardonnerait presque aux concepteurs flamands du site de la brasserie, qui semblent penser que seule leur langue existe... A boire, par exemple, en accompagnement de gibiers bien relevés, de la volaille forte (canard fumé), mais aussi un dessert aux fruits exotiques et/ou aux agrumes.

Et vous savez où on peut la trouver aujourd'hui autour de Dijon ? Je vous le donne en mille : 
138 ter Avenue Roland Carraz
21300 Chenôve
03 80 51 57 26

Et peut-être dans d'autres boutiques, qu'elles se dénoncent... ;-)

ADDENDUM :

Il y a déjà quelque temps est apparue sur les étagères du Comptoir des Bières une variante de la Troubadour Magma, présentée ci-dessus.

Cette variante est en fait une version millésimée datée de 2016 dont certaines caractéristiques sont différentes de la Troubadour Magma classique (ben oui, sinon quel intérêt ? Voilà, une fois de plus, comment on enfonce une porte ouverte !). Il s'agit de la Troubadour Magma Special Edition au malt Maris Otter. Le malt Maris Otter est un malt pâle dit "de base", ce qui veut dire qu'à l'image du malt Pils, il a pour fonction d'amener au moût le sucre fermentescible qui amènera l'alcool dans la bière. A la différence d'un malt Pils, le malt Maris Otter est principalement usité pour l'élaboration des bières de type Pale Ale ou IPA. Il a effectivement des propriétés gustatives plus prononcées qu'un simple Pils. Pour le reste, son élaboration est la même que pour la Troubadour Magma classique, mélange entre le processus de fabrication de l'IPA et le fermentation à la levure de triple. Elle titre toujours 9% de teneur en alcool, ce qui en fait une bière forte. Et elle se dégustera toujours à environ 8-9° C.

La voici :


Au visuel, elle se pare d'une robe d'un blond bien plus clair que sa soeur, au trouble relativement important et aux légers reflets dorés. Sa tête de mousse, blanche, est d'abord imposante et vive, très collante en larges dentelles, et bien persistante en un épais col.

Au nez, il se dégage de cette mousse des arômes prononcés et fruités d'agrumes (citronnés en particulier, notes d'orange). On est en revanche bien moins sur les fruits tropicaux qu'avec la Magma classique. On distingue aussi des notes florales, résineuses (moins prononcées aussi que chez la soeur) et d'une touche de pâte d'amande (eh oui, aussi bizarre que ça puisse paraître...).

En bouche, l'entrée est bien sèche et vive pour une bière affichant ce taux d'alcool. Le corps se montre un peu plus rond mais affiche tout de même une belle puissance aux saveurs fruitées, où l'on retrouve les agrumes avec ce caractère citronné indéniable, et des notes panifiées. Une touche résineuse entoure le tout. On note une astringence plutôt forte. Rapidement l'amertume se fait jour, prononcée, florale et herbacée, longuement persistante.

La Toubadour Magma Special Edition Maris Otter révèle de belles qualités, tout comme sa soeur classique, tout en se différenciant bien de cette dernière. Une couleur plus claire, sans conteste, un caractère citronné bien plus affirmé, moins de rondeur, plus de vivacité tant au niveau des saveurs que de la texture et même de l'amertume. La puissance amère de cette édition spéciale vaut largement, voire même dépasse celle de la grande soeur qui est contrebalancée par un corps à la rondeur beaucoup plus importante. Ma préférence personnelle va tout de même à la version classique, qui offre justement plus de rondeur, de notes de fruits exotiques et résineuses. Enfin, je verrais bien cette Special Edition accompagnée de moules marinières au jus bien relevé et épicé, une salade de poivrons agrémentée de Provolone (fromage italien sec et relevé à déguster en copeaux), ou encore un sorbet citron ou de fruits exotiques plus doux.

dimanche 25 septembre 2016

En visite à La Roteuse

La Brasserie "La Roteuse", basée à Gevrey-Chambertin, a officiellement ouvert ses portes il y a un peu plus de deux semaines. Il était donc plus que temps d'aller y faire un petit tour afin de découvrir les installations et le (futur) coin magasin : toutes les autorisations n'étant pas réunies, la véritable ouverture au public pour achat sur place a dû être différée. Mais ce n'est que reculer pour mieux sauter ! Quelle entreprise ne connaît pas quelques ratés au démarrage? 

Aujourd'hui, c'est un petit article différent de ce qui est d'habitude présenté dans ces pages. Cette fois, pas question de bière ! Ou plutôt, pas question de dégustation de bière... Il est question de visite d'un lieu où l'on fabrique la bière, de découverte des grandes étapes du brassage des bières de "La Roteuse", et du matériel qui correspond à chaque étape. Antoine et Baptiste ont en effet sympathiquement, et patiemment surtout, bien voulu expliquer comment ils travaillent. Car disons les choses : si je suis un dégustateur assidu de bières, je ne connais que les grands principes généraux du brassage et les différents grands styles de bières. Pour ce qui est du détail et de la pratique, je suis complètement à l'ouest ! 

Bref, bienvenue à la Brasserie "La Roteuse"... 

Ceux qui connaissent déjà la blonde, ou qui ont lu mon article sur la blonde, reconnaîtront la blondinette et son délicat petit rototo... Ainsi qu'en bas à gauche, la fleur de houblon, logo de la brasserie.
...où les brasseurs Antoine et Baptiste vous accueillent avec leur plus beau sourire ! 

Rassurez-vous, ils n'ont pas en permanence un verre à la main ! ;-)
Voilà une vue générale des lieux où tout se passe :


Et maintenant, on va essayer de détailler un peu les étapes, à l'aide de photos, qui nous amènent à pouvoir déguster les bières de "La Roteuse". Au commencement viennent les céréales, que nos deux brasseurs passent à la broyeuse afin de les réduire en une farine grossière, le grist. A "La Roteuse", les grains sont juste fendus en 2 à trois gros morceaux afin de limiter l'excès de farine trop fine, difficilement filtrable par la suite. Suit l'empâtage, étape consistant à mélanger les céréales et l'eau. Ils y font chauffer l'eau progressivement afin d'extraire les sucres fermentescibles des grains, puis en second lieu d'extraire les sucres non-fermentescibles (qui donneront une certaine sucrosité à la bière, ainsi qu'une texture plus épaisse que pour les bières classiques), jusqu'à atteindre 78° C, température maximum au-delà de laquelle il n'y a plus d'extraction des sucres, et au-delà de laquelle les choses peuvent se gâter pour la suite. Tout se passe dans la cuve d'empâtage ci-dessous qui, pour l'anecdote, eut pour première utilité la fabrication de Comté. Comme quoi bière et fromage peuvent avoir plus de lien qu'on ne pense... Elle a une contenance d'au moins 700 litres, quantité d'eau qui y est versée au début du brassage.


Une fois l'étape de l'empâtage terminée, il faut séparer le moût - liquide sucré issu du mélange de l'eau chaude et des grains - des résidus de grains, les peaux notamment, qu'on appelle les drêches. Le liquide d'empâtage est donc transféré dans la cuve-filtre ci-dessous. Une première filtration a lieu, qui sépare le moût des drêches. A la fin de la filtration, de l'eau est de nouveau versée sur les drêches afin d'en extraire les derniers sucres, qu'il serait idiot de gâcher, et rajoutée au moût.


A la fin de cette étape, les drêches sont évacuées et envoyées aux éleveurs voisins afin de servir de nourriture aux vaches, et le moût re-transféré dans la première cuve, qui sert aussi de cuve d'ébullition. Parce qu'on en arrive effectivement à l'étape de l'ébullition. C'est lors de l'ébullition qu'a notamment lieu l'ajout du houblon, ingrédient qui participe largement des arômes et saveurs de la bière, et aussi bien évidemment de son amertume. L'ébullition dure 1h30. Du houblon est ajouté dès le début de l'ébullition, celui qui donnera l'amertume : du houblon plongé dans l'eau bouillante libère ses arômes et son amertume, mais plus ces arômes restent longtemps dans l'eau bouillante, plus ils s'évaporent. Ne reste plus que son amertume. C'est pourquoi une deuxième étape de houblonnage a lieu en fin d'ébullition afin de donner leurs arômes et saveurs fruités, voire résineux, aux bières de "La Roteuse". C'est aussi lors de cette étape que d'autres ingrédients sont ajoutés, comme le bourgeon de cassis pour la blonde par exemple.
Ensuite survient l'étape du refroidissement du moût, qui doit être assez rapide. C'est pourquoi les brasseurs recourent souvent à un serpentin refroidisseur ou à un refroidisseur à plaque, technique utilisée par Antoine et Baptiste. En gros et pour résumer, il s'agit d'une machine à plusieurs entrées de tuyaux : d'un côté on insère de l'eau froide par un tuyau pendant que de l'autre on insère le moût bouillant ; inversement, l'eau ressort de l'autre côté chaude tandis que le moût ressort largement refroidi puisqu'il n'atteint plus que 20° C. Cette étape de refroidissement est nécessaire en vue de l'étape suivante de la fermentation, où une température trop élevée annihilerait l'action des levures.
La fermentation a lieu en cuve de fermentation, voir ci-dessous, et dans une atmosphère tempérée, s'agissant de levures de fermentation haute. Le passage en cuve de fermentation dure trois semaines : la première pour la fermentation intense, où les levures se multiplient à vitesse grand V en d'impressionnants nuages d'écume. Les deux semaines suivantes sont plus paisibles et permettent la fixation de l'alcoolisation et des arômes de la bière - on peut désormais l'appeler comme ça, et non plus moût, puisque l'alcool est apparu -, encore imparfaite. Effectivement, sortie de la cuve de fermentation, la bière de "La Roteuse" n'est pas encore pétillante. 

Les cuves de fermentation
C'est pourquoi, comme dans de nombreuses autres brasseries, a lieu une seconde étape de fermentation, très souvent en bouteille, comme c'est le cas chez Baptiste et Antoine. C'est pourquoi la bière est extraite des cuves de fermentation et versée dans la dernière cuve, voir ci-dessous, où seront ajoutés une dose de sucre et de levure avant embouteillage et refermentation en bouteille.

La cuve d'embouteillage est celle de gauche
Une fois réalisé l'embouteillage arrive la période de maturation qui va se dérouler en chambre froide...


... Puis en chambre tempérée. Il faut savoir, au passage, que Baptiste en Antoine mettent aussi leur bière en fûts, tant pour les particuliers que pour les professionnels. La différence est que la bière n'est pas refermentée en fût, au contraire des bouteilles. Ce qui ne gâche pas le goût outre-mesure, la refermentation ayant surtout ici pour but de faire apparaître la gazéification. Antoine et Baptiste gazent eux-mêmes les fûts.

Une fois la période de maturation terminée, il ne reste... 
... plus qu'à déguster ! 


Baptiste et Antoine pourront bientôt vous accueillir, que vous soyez particulier ou professionnel, et vous expliqueront ça bien mieux que moi, si cette première introduction à leur travail vous a intéressé - intro rudimentaire, j'en conviens, mais désolé M'sieur, j'avais oublié mon bloc-note au moment des explications...

En attendant de pouvoir avoir leurs bières chez eux, vous pouvez déjà les trouver : 
- au Comptoir des Bières, 138 ter avenue Roland Carraz, à Chenôve (21300),  www.comptoirdesbieres.net ; 
- à la cave Bières des Terroirs, 28 rue Crébillon à Dijon, www.bieresdesterroirs.fr
- et peut-être chez d'autres, que je ne connais pas, mais ils peuvent se manifester ;-)
Dites-leurs que vous venez de la part de "Secrets de Bières", ça leur fera zizir !

mardi 20 septembre 2016

Une petite douceur : la Barbar blonde

Le petit contraste esquissé dans le titre résume plutôt bien cette bière. La Barbar blonde peut faire peur par son nom, mais elle n'est cependant pas d'une grande barbarie pour les papilles. Elle est une preuve de plus qu'il faut aller au-delà des apparences. 

La Barbar blonde est une bière belge brassée à la Brasserie Lefebvre, entreprise familiale basée à Quenast, au Sud de Bruxelles, qui exerce le métier du brassage depuis 1876. Elle est notamment la créatrice de la Blanche de Bruxelles , mais brasse bien d'autres références comme les bières d'abbaye de Floreffe, l'Hopus (bière très houblonnée), des bières aux fruits...

On parle bien peu par chez nous, ignorants que nous sommes, de la barbar blonde, et plus globalement même de tous les produits de la Brasserie Lefebvre, qui valent le détour. Mais il est question ici de la Barbar blonde, alors concentrons-nous sur elle. Les autres viendront plus tard. Et pour la Blanche de Bruxelles, que j'ai traitée lorsque ce blog et ses bafouilles n'en étaient qu'à leurs débuts, voir le lien ci-dessus.

Peu de choses à dire sur l'histoire de cette bière, si ce n'est qu'elle est inspirée de la cervoise, la bière de nos ancêtres les Gaulois, qui pouvait être brassée notamment à l'aide de miel. Elle était, paraît-il, "le repos du guerrier". D'où, certainement, son nom de "Barbar". Donc pour une fois, chers lecteurs, je vous épargne mes laïus parfois trèèèès longs sur l'histoire de certaines bières. J'ai souvent tendance à oublier que le principal, c'est la bière elle-même. Alors... profitez ! 

La Barbar blonde est donc, comme son nom ne l'indique pas, une bière brassée avec une bonne dose de miel qui joue sûrement un rôle dans la fermentation de cette bière au même titre que les sucres fermentescibles de l'orge. Une partie des céréales est composée de blé. De fermentation haute, elle est refermentée en bouteille. Elle titre 8 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière forte qu'on boira (à mon très humble avis, comme d'habitude) à 8-9° C. 

La Barbar, "Repos du guerrier" : 

Sorry pour le décor, je n'ai pas encore de studio photo. Puis comme le soleil s'est barré, on repassera pour les photos dehors...

Au visuel, elle se pare d'une robe d'un blond foncé, presque orangé, quasi-limpide, dévoilant une légère effervescence. Une robe surmontée d'un col de mousse blanche à grosses bulles, abondante, qui colle bien et se révèle persistante.

Au nez, il se dégage de ce col de mousse des arômes doux mais prononcés de miel qui se traduisent par des notes florales, d'autres fruitées d'agrumes - presque imperceptibles - et légèrement épicées (la levure se montre), le tout accompagné de touches briochées venues du malt.

En bouche, malgré une effervescence légère en apparence, l'entrée s'avère relativement vive. Elle ouvre sur un corps doux aux saveurs miellées prononcées : notes florales relevées de saveurs épicées marquées (toujours la levure) et, s'invitant de façon bien plus prononcée qu'aux arômes, d'agrumes douces. Il se dégage en fin de bouche une sympathique chaleur épicée mêlée d'alcool, qui modère beaucoup l'amertume, plutôt herbacée elle. On termine sur une persistance longue de miel et de chaleur épicée.

Le "Repos du guerrier" qualifie plutôt bien cette bière, malgré son nom de Barbar qui évoque plutôt la dureté. Elle dégage effectivement une douceur certaine, largement venue du miel, qui invite à la détente. Et avec son degré d'alcool, elle invite - voire oblige - au repos... Une petite douceur très agréable après une bonne journée bien harassante au boulot (le champ de bataille des guerriers modernes). Une petite douceur dont on ferait bien de parler un peu plus ! 

Une bière à retrouver :
- au Comptoir des Bières , 138 ter avenue Roland Carraz, 21300 Chenôve, www.comptoirdesbieres.net ; dites leurs que vous venez de la part de "Secrets de Bières", ça leur fera plaisir.
- à la crèmerie La Grapillotte, fromagerie-épicerie fine au rayon de bières belges bien fourni, soit 26 rue Monge à Dijon, soit 5 rue des Grandes Varennes à Ahuy (21121) ; et si vous dites venir de la part de "Secrets de Bières", ça leur fera zizir aussi.
- sur le site de "Secrets de Bières" bien entendu ! www.secretsdebieres.fr
- et chez bien d'autres encore !
- Plus d'infos sur la Brasserie Lefebvre sur www.brasserielefebvre.be

jeudi 15 septembre 2016

C'est quoi le Comptoir des Bières ?

Le Comptoir des Bières a célébré, il y a quelques jours, son 5e anniversaire. Cinq ans, c'est beau pour une entreprise créée dans le contexte économique de ces dernières années ! Et mérite d'être salué.

Mais c'est quoi le Comptoir des Bières ? Il s'agit en fait d'une cave à bières située à Chenôve, dans la grande zone commerciale de la périphérie sud du Grand Dijon. Bon OK ! Dit comme ça, cela ne fait pas très glamour, vu l'environnement... Mais le Comptoir des Bières, c'est plus qu'une simple cave à bières.

C'est quoi le Comptoir des Bières ? On parle là d'un endroit où l'on peut, cela va sans dire, acheter de la bière à emporter. Le principe d'une cave, quoi... (Et voilà comment on enfonce des portes ouvertes !). Mais on peut aussi déguster sa bière sur place pour un instant détente. Il est toujours bon de le préciser : il se peut qu'il y ait des gens qui ne le savent pas ; j'ai découvert le Comptoir il y a trois ans - il venait de fêter ses deux ans - et j'ai mis plusieurs mois à me rendre compte qu'il était possible de déguster sur place. Pourtant, le comptoir en zinc, les tabourets, tout était déjà là... Moi, dans la lune ? Point du tout ! Bref, depuis que je m'en suis rendu compte, je me suis souvent arrêté au Comptoir pour siroter une bière, ou deux... On va chercher sa bière en rayon, on l'amène au comptoir, où elle est remplacée par une jumelle fraîche sortie des l'un des multiples frigos situés derrière et sous le bar. Ce principe étant posé, c'est quoi aussi le Comptoir des Bières ? 

Le Comptoir des Bières, ce sont deux potes très accueillants : Pierre, que j'ai vu surnommé "Le rigolo chauve" et Pascal, que j'ai vu surnommé "Le rigolo chevelu". Pierre et Pascal, c'est toujours un sourire, toujours un petit mot sympa à l'entrée. Ils reconnaissent très rapidement leurs clients : il est plutôt cool de se voir serrer la main et tutoyer alors que ça fait à peine la 3e fois qu'on entre dans le magasin. Bref, ils savent y faire puisqu'ils donnent envie de revenir ! Ils savent se montrer discrets si l'on veut découvrir seul, mais se montrer de bon conseil si une question nous brûle les lèvres. Ils savent cerner les goûts de leurs clients : il est arrivé à Pascal de me conseiller très vivement d'aller remettre une bière en rayon, étant certain qu'elle ne me conviendrait pas. Et tous les deux de s'étonner de me voir leur demander une Pils, connaissant ma prédilection pour des petites choses plus puissantes... Deux gérants dont la personnalité semble (de mon point de vue d'observateur plus ou moins régulier) coller tout-à-fait au côté festif attaché au breuvage qu'ils vendent : fréquentes sont les journées à thèmes autour de la bière et d'une bonne bouffe, avec des concerts et/ou l'intervention d'artistes. Des journées qui amènent chaque fois un très nombreux public. 

C'est quoi aussi le Comptoir des Bières ? C'est aussi une évolution. Je n'ai pas vu le local à l'ouverture en 2011, je n'ai donc logiquement rien à en dire. Mais la première fois que je suis entré en octobre 2013, les bières étaient présentées dans leurs caisses à même le sol, en une espèce de petit labyrinthe dans lequel on naviguait à la recherche de découvertes dans une offre déjà étendue. Au fur et à mesure, on a pu voir les caisses se serrer un peu plus afin de laisser place à des fûts sur roulettes autour desquels on pouvait se réunir pour boire sa bière, mais aussi à des tables et des bancs. Effectivement le temps passant, de plus en plus de monde s'est pressé au Comptoir des Bières, notamment en fin de journée pour un moment de détente avec une bonne binouze. On observe plus particulièrement ce "phénomène" en fin de semaine... Et finalement, des casiers en bois ont fini par être montés tout le long des murs de ce grand local, et les caisses ont disparu du sol. Elles ont été remplacées, sur toute la longueur du magasin, par tables et bancs. Une belle évolution qui traduit le succès du concept mis en place il y a cinq ans.

C'est quoi enfin le Comptoir des Bières ? C'est une gamme large et très diversifiée de bières, dans de multiples contenants, de la petite bouteille de 25 cl au fût de 30 l. fourni avec la tireuse qui lui correspond, en passant par les mini-fûts, ou encore les bouteilles de 33 à 75 cl. Il y en a un peu pour tous les goûts : Pils, IPA, Pale Ales, Stouts, lambics, lambics aux fruits, triples à la belge, blanches, très légères ou très fortes, rafraîchissantes ou véritablement de dégustation... Au début, c'est surtout la Belgique, l'Allemagne ou la France qui étaient représentées, mais avec le temps la gamme s'est ouverte aux pays anglo-saxons (Angleterre, Irlande notamment), mais aussi à l'Europe du Nord, de l'Est, jusqu'à la Russie dernièrement. Je dois au Comptoir des Bières un très grand nombre des découvertes que j'ai faites depuis trois ans. Et ce n'est sûrement pas fini.

J'ai découvert le Comptoir des Bières, Pierre et Pascal il y a trois ans et, au cas où certains ne l'avaient peut-être pas compris, je ne regrette pas du tout de m'y être risqué (oui oui, je m'y suis "risqué", je suis un grand timide...). C'est toujours avec un grand plaisir que j'en ai poussé la porte : forcément, j'allais être bien accueilli et j'allais me faire une petite mousse... ;-) 

Et c'est pour toutes ces raisons qu'il me fallait écrire cette petite bafouille (que certains auront certainement trouvé trèèèèèès longue ! Mes excuses à eux...). Hommage parce que cinq ans par les temps qui courent, c'est beau. Et hommage parce que Pierre et Pascal, le "rigolo chauve" et le "rigolo chevelu" n'en ont peut-être pas conscience, mais leur Comptoir des Bières et eux-mêmes m'ont été d'une grande aide morale durant l'année qui s'est écoulée depuis août 2015, que j'ai mal vécue. Tous les samedis midi durant de nombreux mois, je venais discrètement passer mon temps de pause à une table avec mon journal devant une bonne bière (plus souvent deux d'ailleurs...) et un bon saucisson. Arrivé là, j'oubliais durant une heure et demie la mauvaise passe dans laquelle je me trouvais. J'en oubliais même que je me trouvais au bord d'un boulevard sur-fréquenté d'une ZAC de la périphérie de Dijon (faire oublier ça : encore une belle réussite de nos deux compères !). Merci à eux pour tout ça ! 

Voilà, c'est ça le Comptoir des Bières ! En partie du moins : ses nombreux autres "pratiquants" auront sûrement bien d'autres choses à ajouter.

Longue vie ! 

138 ter Avenue Roland Carraz
21300 Chenôve
03 80 51 57 26
Lundi 14h-19h15
Mardi à jeudi : 10h-19h15
Vendredi et samedi : 10h-20h15

samedi 30 juillet 2016

Orge profonde

Si si, je vous assure que c'est le bon titre ! Non je n'ai pas oublié de lettre, bande de pervers ! 

Il s'agit tout simplement du nom d'une nouvelle bière, découverte et dégustée il y a peu. Une fois de plus, c'est une Bourguignonne puisqu'elle est brassée à la "Brasserie de la Source", brasserie artisanale située à Perrigny-lès-Dijon, aux portes de la capitale des Ducs de Bourgogne. Une brasserie connue localement depuis déjà un certain nombre d'années pour ses "Brass Band" blonde et ambrée, ainsi que pour sa "Bière Tombale", brune.

Voici donc cette petite nouvelle, au nom si équivoque (je l'avoue, en ce qui me concerne c'est bel et bien son nom qui m'a fait tiquer dessus la première fois que je l'ai vue au Comptoir des Bières à Chenôve) : 

Le lecteur comprendra certainement pourquoi j'ai tiqué sur l'étiquette et son nom (ce que je n'ai certainement pas été le seul à faire...). Etiquette qui, soit dit en passant, rappelle celles des bières de "La Roteuse", bien que plus épurée. Sympa quoi...
Peu d'indications sont données sur l'étiquette au sujet de cette bière, mais ce n'est sûrement pas trop s'avancer que d'affirmer qu'elle est de fermentation haute et refermentée en bouteille, à base d'orge. Difficile de dire si une autre céréale - du froment par exemple ? - s'y balade. Il me faudra quelques années d'expérience en plus, désolé... Mais vu son nom, il y a quand même peu de chance. Elle titre 7.3 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière semi-forte. On la boira à environ 8-9° C. (à mon humble avis, bien évidemment).

Au visuel, elle offre une robe d'un ambré foncé intense, bien trouble, avec peu de reflets, le tout surmonté d'un col de mousse blanche à fines bulles, persistant en un léger voile.

Au nez, les arômes sont légers et fugaces, mais agréables lorsqu'on arrive à les capter : doux et sucrés avec des notes de fruits cuits et de caramel, avec des touches de levure.

En bouche, l'entrée est douce, d'effervescence modérée. Le corps se révèle plutôt puissant, caramélisé et levuré. L'amertume de fin de bouche est légère et fruitée. Une chaleur alcoolisée inattendue monte et persiste une fois le tout avalé.

Un nom et une étiquette qui attirent l'oeil, mais on n'est pas ici dans un cas où le marketing et le design cachent un produit médiocre. Des arômes doux, bien que peut-être un peu trop discrets, un corps séduisant et un final chaleureux. Ici, il n'y a pas le regret de s'être laissé attirer par une étiquette aguicheuse...

Avis aux amateurs et santé à tous !