jeudi 19 février 2015

Qui veut une Kékette Large ?

J'ai fait il y a quelque temps une trouvaille assez cocasse dans le monde des bières artisanales françaises. Est en effet arrivée jusque chez nous en Bourgogne une bière normande du nom de "La Kékette". Elle se décline sous deux formes qui sont la Kékette Large et la... Kékette Extra Red (le premier qui fait une analogie avec le mot "raide" a perdu !). 

C'est une trouvaille que j'ai faite, mais il semble qu'elle ait fait le tour du monde avant que je ne la trouve... Effectivement, m'étant documenté sur ces bières, je suis tombé sur des articles de presse racontant leur histoire. Ce sont deux amis normands, de Caen et Lisieux, qui ont lancé la marque à l'été 2013. La nouvelle aurait fait le tour du monde assez rapidement, rien que par la presse en ligne. Et l'engouement aurait été immédiat (http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/calvados-biere-kekette-succes-fulgurant-27-12-2013-124509), et ne serait pas retombé les mois suivants. Cet engouement a été jusqu'à l'obtention d'une médaille d'or lors du Mondial de la Bière à Mulhouse en 2013. Qui l'eût cru pour une marque de bière artisanale toute récente, censément normande mais fabriquée à Binche en Belgique, qui n'a même pas de site Internet, et dont la seule trace sur la toile réside dans une page Facebook (www.facebook.com/biere.la.kekette) et des articles de presse en ligne ? Comme quoi, le site Internet ne fait pas forcément tout...

C'est bien évidemment le nom assez particulier de la Kékette Large qui a attiré mon attention au détour d'un rayon de magasin. Après être passé plusieurs fois devant et avoir, à chaque fois, souri, j'ai décidé de la tester. 

La voici : 


Il s'agit donc d'une bière artisanale, fabriquée à Binche en Belgique pour nos deux amis normands. C'est une bière blonde de fermentation haute, refermentée en bouteille (d'où un petit dépôt inoffensif au fond de la bouteille), titrant 6.2% en volume d'alcool. Mérite-t-elle l'engouement qu'elle a suscité ?

Au visuel, c'est une bière à la robe jaune-orangé aux reflets lumineux et dorés à la lumière. Une robe troublée par la présence de levures suite à la refermentation en bouteille. Le col de mousse bien blanche est imposant d'entrée, puis plus fin mais persiste longtemps dans le verre.

Au nez, ce col de mousse dégage des arômes oscillant entre douceur fruitée du malt et arômes citronnés et floraux, avec des notes résineuses. Ces derniers prennent facilement le pas sur la douceur fruitée.

En bouche, on a affaire à une bière "sèche" au premier abord (j'entends par là avec peu de rondeur et une vive effervescence qui inhibe un peu ses saveurs) et donc rafraîchissante, ce qui est déjà une belle vertu pour une bière. Mais on pourrait rester sur sa faim côté saveurs.
Mais une fois cette première impression sèche passée, des saveurs florales et légèrement fruitées font leur apparition où, comme au nez, c'est le côté floral qui prend le pas. Le tout laisse la place à une légère amertume que je qualifierais de florale et herbacée. On en garde une persistance moyenne en bouche. 

Une bière rafraîchissante plus que vraiment savoureuse du fait de sa sécheresse à l'entame et de saveurs florales restant assez légères. Il est à remarquer que cela est valable si l'on suit le conseil marqué sur la bouteille - "servir très fraîche" - mais cela ne me paraît pas forcément être un conseil à suivre si l'on veut avoir une bière savoureuse (remarque personnelle bien évidemment dont le but n'est pas de remettre en cause ce que disent les brasseurs). Parce qu'effectivement, lorsque la température de la Kékette Large remonte, la vivacité d'entrée se transforme en acidulé citronné plus intéressant. Ce qui fait que ce peut être une bière bien rafraîchissante sur de chaudes journées, mais aussi une bière de dégustation intéressante.

La Kékette Large, une bière qui, sans être exceptionnelle, doit avoir des amateurs des... deux sexes !

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.




mardi 17 février 2015

L'Ambrée Numéro 2 de Belenium

Comme son nom l'indique, l'Ambrée Numéro 2 est la deuxième bière créée par la Brasserie Belenium de Beaune. Oui, je sais, j'ai présenté la Belenium Noël, qui est la troisième bière de la brasserie, avant la deuxième. Et alors ? L'essentiel n'est-il pas qu'elle soit présentée quand même ? 

Il n'est plus la peine de présenter la Brasserie Belenium puisque cela a déjà été fait sur ce blog (je vous renvoie à mon article sur la Belenium Blonde Première, Belenium : une brasserie tout en symboles à Beaune, 18 novembre 2014).

Voici l'objet de cette nouvelle bafouille "biérologique" : 


Nous avons affaire à une bière de fermentation haute, qui est refermentée suite à l'embouteillage. Elle est issue du mélange de malts pâles et plus foncés, caramélisés notamment. Ses caractéristiques aromatiques sont accentuées par l'ajout de houblons, qui lui donneront évidemment aussi son amertume.

Au niveau visuel, nous avons une bière à la robe couleur ambre foncée, légèrement trouble du fait de la refermentation en bouteille. Ce sont des résidus de levure et de protéines qui troublent la bière. Je n'y vois personnellement jamais d'inconvénient (une bière trouble, la plupart du temps, est juste le résultat soit d'un brassage sans filtration après la fermentation, soit de la refermentation en bouteille, soit les deux). Si une bière trouble n'est pas bonne, on devrait normalement le sentir aux arômes et au goût... Bref, une bière trouble ne doit pas... troubler ! La robe ambrée de celle-ci est surmontée d'un col de mousse imposant, dense et crémeux, à la longue persistance.

De cette mousse s'échappent des arômes légers, de céréales caramélisés avec des touches vanillées et miellées. S'y mêlent des arômes floraux venus des houblons utilisés lors de l'ébullition. Des arômes, en tout cas, d'une belle douceur. Peut-être un peu trop légers ? A voir ce qu'en pensent les consommateurs de la Numéro 2...

En bouche, c'est une bière vive sur la langue, à quoi s'ajoute une certaine rondeur. On retrouve en effet des saveurs aussi douces que les arômes. On y retrouve le côté caramélisé et miellé. L'amertume en fin de bouche est plutôt modérée et accompagnée de touches florales. On sent une belle persistance en bouche sur le côté caramélisé.

En somme on a affaire à une bière plus gustative - parce que plus ronde - et peut-être un peu moins rafraîchissante que sa soeur, la Blonde Première. Une certaine chaleur s'en dégage, malgré un volume d'alcool léger de 5.5%, du fait de sa rondeur. Une bière douce et légère, qui a des chances de plaire...

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.



jeudi 12 février 2015

"Malheur 10°", une bière qui ne rend pas malheureux...

La "Malheur 10°" - parce qu'il en existe une 6°, une 8° et une 12° - est brassée à la brasserie, baptisée elle-même "Malheur", à Buggenhout en Flandre (quelques dizaines de km au Nord-Ouest de Bruxelles). Il s'agit d'une brasserie familiale, créée par Balthazar de Landtsheer en 1773, ce qui en fait l'une des plus anciennes brasseries de Belgique encore en activité. Une activité qui a eu ses hauts et ses bas en fonction des modes commerciales autour de la bière, mais aussi des événements historiques. Au long de son histoire, cette brasserie a changé plusieurs fois de nom pour se fixer sur "Malheur" en 1997. (http://www.malheur.be/fr/la-brasserie/)

La "Malheur 10°" y est brassée depuis l'an 2000, d'où son autre nom de Malheur Millenium,ou MM comme les chiffres romains pour 2000. (http://www.malheur.be/fr/bieres/). 

Comme son nom l'indique, elle titre à 10% en volume d'alcool. C'est donc une bière puissante, de fermentation haute, refermentée en bouteille. On a donc une bière très alcoolisée par rapport à nombre d'autres, donc aussi bien plus sucrée. Le houblon, ajouté lui aussi en grande quantité, est là pour ajouter d'autres saveurs à la bière, mais aussi contrebalancer la rondeur alcoolisée, qui pourrait s'avérer excessive, en ajoutant une amertume marquée.

Voici l'objet du délit : 


Au visuel, on a une bière à la belle robe blonde foncée, au trouble important. Ce qui n'enlève rien à la qualité de cette bière, comme des autres bières troublées en général. C'est dû à la présence de levures ajoutées pour la refermentation en bouteille. Elle est surmontée d'un col de mousse blanche d'abord abondant, puis plus fin, mais persistant jusqu'à la fin du verre.

Ce col de mousse dégage des arômes très marqués avec un mélange de douceur sucrée du style confiture de fruits jaunes et d'arômes plus vifs - poivrés pour certains, épicés selon moi (mais, chacun son nez...). On peut y détecter des touches florales assez marquées et des notes d'agrume. 

En bouche, cette bière a une consistance épaisse et liquoreuse, traduisant une bière bien alcoolisée. Et on a effectivement affaire, comme je le disais plus haut, à une bière bien maltée. J'entends par là qu'elle présente une belle rondeur fruitée et céréalière, accentuée par le taux d'alcool élevé. Cette rondeur alcoolisée est contrebalancée par des saveurs florales prononcées d'une part, et une amertume marquée et rafraîchissante d'autre part.

La "malheur 10°", une bière de dégustation savoureuse et complexe. A toutefois ne pas déguster n'importe quand... Dégustez cela en plein été sous un soleil de plomb, et vous aurez un mal de chien à vous en remettre... D'autant qu'elle est plus agréable à boire à température de cave (12°C.) Elle serait donc à privilégier lors de soirées au coin du feu pour se réchauffer. Sa chaleur alcoolisée y contribue beaucoup. Ou alors avec un repas riche et épicé. En tout cas une bière à la rondeur qui n'écoeure pas et à la chaleur agréable. A essayer pour ceux qui aiment le costaud.

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.

mardi 10 février 2015

La bière de Longchamp ambrée

La bière de Longchamp ambrée est une bière bourguignonne, brassée à la Brasserie de Longchamp par Claude Yann. Longchamp se situe dans la plaine de Côte-d'Or (21), non loin de Genlis.

La Bière de Longchamp ambrée est une bière de fermentation haute refermentée en bouteille.

Au niveau de sa robe, on a affaire à une bière ambrée foncée, presque brune, aux reflets rougeâtres à la lumière. Elle montre un léger trouble, traduisant une refermentation en bouteille. Une robe surmontée d'un col de mousse beige, d'abord à grosses bulles, puis plus fine. Un mince filet de mousse persiste jusqu'à la fin du verre.

De cette mousse se dégagent des arômes marqués mais complexes, difficiles à définir : on y trouve du fruité (fruits rouges) légèrement vineux, du boisé, de l'épicé. Le tout s'accompagne de petites notes florales.

La bouche offre peu de rondeur mais une belle pétillance, c'est une bière vive. Elle exhale des saveurs fruitées (fruit rouge là aussi) et épicées très marquées, ce qui montre que c'est une bière qui a du corps, puissante. Le tout s'accompagne de touches boisées. L'amertume, en revanche, reste assez peu prononcée. Une bière qui offre belle persistance fruitée en fin de bouche.



Bière au corps intéressant, puissante et vive. Il lui manque un peu de rondeur, mais c'est ce qui en fait une bière rafraîchissante et agréablement fruitée pour l'été. A boire fraîche, et plutôt dans les saisons chaudes.

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.

jeudi 5 février 2015

Une bière sauvage à Bastogne : l' "Ardenne Saison"

L' "Ardenne Saison" est une bière appartenant à la catégorie des "Wild ales", c'est-à-dire bière fermentée à l'aide d'une souche de levure naturelle de la famille Brettanomyces. Il s'agit d'un type de levure se trouvant dans l'air et venant se poser dans le moût naturellement, une levure sauvage en fait.

Ce qui en fait une "bière sauvage" du type gueuze, mais ce n'est pas une gueuze ! La gueuze est "assaisonnée" avec du houblon suranné qui n'apportera rien à la bière si ce n'est une belle longévité, ce qui n'est pas le cas de l' "Ardenne Saison". La Gueuze est une bière à base de lambic, mélange acide d'orge et de froment fermenté naturellement, ce qui n'est pas le cas de l' "Ardenne Saison". Surtout, la gueuze est, et restera exclusivement attachée à Bruxelles et à la région du Pajottenland qui environne la capitale belge. Il s'agit effectivement d'une appellation et d'une recette protégées par une réglementation européenne appelée STG (Spécialité Traditionnelle Garantie), à la manière des AOC pour le vin.

L' "Ardenne Saison" est une bière à base d'orge maltée, assaisonnée aux houblons Hallertau et Cascade, qui lui donnent un caractère différent d'un lambic.


Nous avons affaire à une bière à la robe blonde dorée, trouble, ce qui s'explique par la présence de levure et de protéines en suspension. Cela montre qu'il s'agit soit d'une bière qui n'a pas été filtrée, soit qui a été refermentée en bouteille, soit les deux. Cette robe est surmontée d'un col de mousse blanche, crémeuse, de longue tenue.

 Au niveau du nez, cette bière présente les arômes d'acidité caractéristiques d'une bière de fermentation "sauvage", ou spontanée. On retrouve les arômes d'agrumes (orange amère, citron) que l'on connaît dans la gueuze, auxquels se mêlent des arômes de fruits exotiques, venus du houblon américain Cascade.

En bouche, on a une bière acide, caractéristique là encore des bières fermentées aux levures sauvages (et peut-être - je n'en ai pas de confirmation - de bactéries lactiques, largement responsables elles aussi de l'acidité de ces bières), et assez sèche : entendre par là une bière qui a peu de rondeur, qui est plus rafraîchissante que réellement gustative. Une sécheresse accentuée par l'acidité. On retrouve les notes d'agrumes, auxquelles se mêlent des notes florales. L'amertume (que l'on ne trouve pas dans une gueuze, encore une différence !) est, elle aussi assez tranchante.

Bière acide et rafraîchissante, au faible volume d'alcool (5.5%), qui la rend idéale par de chaudes journées estivales. D'où, par ailleurs, son nom d' "Ardenne Saison"...