mardi 26 septembre 2017

La Vitteaux ambrée

Revenons un peu en Bourgogne, vers une brasserie déjà plusieurs fois abordée dans ces pages : la Brasserie Burgonde, basée à Vitteaux. Intéressons-nous, pour cette petite bafouille, à sa "Vitteaux ambrée".

Cette belle ambrée est produite à base de malt pâle bien évidemment (il en faut dans toute bière pour amener la dose de sucres fermentescibles), mais aussi de malt d'orge caramélisé. De l'orge du Pays de l'Auxois, faut-il le préciser. Je reste dans l'ombre, comme souvent, sur les houblons utilisés vu que je n'ai pas de précision là-dessus. J'en parlerai à l'occasion à Nicolas Bretillon et je vous tiens au jus... Pour le reste, il s'agit d'une bière de fermentation haute, refermentée en bouteille, et dont le goût sera par conséquent évolutif. Elle titre 7 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière semi-forte que l'on dégustera à environ 10° C.

La voici en image : 


Au visuel, elle arbore une robe couleur cuivrée, légèrement trouble, aux reflets orangés. Elle se coiffe d'un col de mousse blanc cassé aux très fines bulles, abondante, bien collante en fines dentelles, bien persistante en un fin col.

Au nez, elle dégage des arômes moelleux, mêlant notes fruitées légèrement acidulées et tons caramélisés, le tout légèrement relevé par une touche épicée.

En bouche, l'entrée se montre modérément effervescente, de texture légère. Le corps de cette bière, rond, se partage comme au nez entre saveurs fruitées (notes d'abricots et prunes légèrement alcoolisés) et caramélisées. Une touche épicée se fait jour là aussi, qui vivifie les tons moelleux du corps. On distingue de petites notes de fruits secs en fin de bouche. Le tout se termine sur une amertume herbacée discrète mais bien persistante.

Une texture relativement légère, de belles saveurs pour une bonne bière de dégustation. Mais pour l'apprécier pleinement, un bon steak pourrait être une bonne idée, ou encore un bout de Comté fruité 18 mois, un bout du fromage de l'abbaye de Tamié (Savoie) ou de Cîteaux. Pourquoi pas, éventuellement, du Plaisir au Chablis, fromage doux à croûte lavée à la saumure et au Chablis de la Fromagerie Gaugry (Brochon, 21).

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mardi 19 septembre 2017

La Goutte d'Or donne de la puissance

Retour une fois de plus à Paris, à la  Brasserie de La Goutte d'Or. Eh oui, quand je tiens une brasserie de grand talent, j'ai du mal à la lâcher...

C'est pour sa dernière nouveauté qu'on y retourne cette fois : L'Imperann, un Russian Imperial Stout, vieilli en fût de Speyside Whisky qui plus est.

Russian Imperial Stout ? Speyside Whisky ? "Qu'est-ce qu'il nous pourrit le crâne avec des termes bizarres ?", grogneront peut-être certains d'entre vous... Et ils n'auraient pas tort. Petites explications.

Russian Imperial Stout ? Il s'agit d'un style de bière hérité des bonnes relations entre la Russie impériale du tsar Pierre le Grand et l'Angleterre de l'orée du XVIIIe siècle. Anglophile, Pierre le Grand ramena notamment, d'un voyage dans son pays préféré (1698), un grand amour des ales fortes britanniques, les stout ales. Les Porters n'existant pas encore en tant que tels, les stout ales pouvaient à l'époque être brunes ou plus claires. Le Pierrot en question voulut en importer jusque chez lui, dans la lointaine Russie. Mais pour tenir le coup sur plus de 1600 bornes, il fallait une bière fortement alcoolisée et houblonnée. C'est la brasserie londonienne Barclay qui obtint le marché. 
Dans les décennies qui suivirent apparut à Londres le style "Porter", décliné en variantes telles que le "Stout Porter". Ou "Stout" tout court, dont l'Irlande s'est fait une spécialité dès la seconde partie du XVIIIe siècle grâce à une marque mondialement connue, mais aussi - et heureusement ! - grâce aujourd'hui à d'autres, moins importantes mais plus douées.
Barclay continua à brasser pour le marché russe tout au long du XVIIIe siècle et, avec le perfectionnement des techniques, les stout ales du marché russe devinrent des Stout Porters. L'impératrice Catherine II, ou la Grande Catherine (1762-1796), était elle aussi très friande de ces bières foncées très fortes. Elle s'en faisait donc brasser tout spécialement. Ainsi est naturellement né l'Imperial Stout, qui se développa aussi, bien évidemment sur le marché anglais de la bière. Tombé en désuétude aux XIXe et XXe siècles, comme bien d'autres styles de bière, l'Imperial Stout est réapparu ces dernières années à la faveur de la révolution mondiale de la microbrasserie artisanale, partie des States à la fin des années 70. Un style réputé aujourd'hui pour être capiteux et d'une grande puissance gustative.

Speyside Whisky ? Là, c'est plus simple : le Speyside est une région grande productrice de whisky du Nord de l'Ecosse. Elle concentrerait environ les 2/3 des distilleries écossaises de whisky (source : http://www.whisky.fr/pays-d-origine/ecosse/speyside.html). L'Imperann a donc été vieillie en fûts de whisky venus de cette région.

Imaginez une bière d'un style réputé puissant agrémenté de saveurs venues d'un fût ayant contenu du whisky... Pour le reste, l'Imperann a été brassée à partir d'orge maltée et - il y a de fortes chances - d'orge torréfiée, ainsi que d'avoine. Pour les houblons, c'est l'inconnue. De fermentation haute, elle a été mise à maturation durant quatre mois en fût de Speyside Whisky donc, avant - il y a là aussi de fortes chances - une dernière période de maturation et de refermentation en bouteille. Elle titre 10.7 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière très forte, qu'il vaut mieux savourer lentement et à une température d'entre 10 et 12° C (à mon humble avis, comme toujours, vous faites comme vous voulez).

Voilà la bête : 


Au visuel, elle nous montre une robe noire opaque, surmontée d'une tête de mousse brun clair d'abord abondante, plutôt compacte, bien collante en fines dentelles horizontales, bien persistante ensuite en un fin col de consistance crémeuse, type mousse de café espresso.

Au nez, on perçoit des arômes corsés et alcoolisés. Cela se traduit par des notes torréfiées et de chocolat noir, adoucies d'une touche caramélisée et légèrement vanillée. Tout cela se mélange à un côté capiteux relativement prononcé avec des vapeurs alcoolisées rappelant le bourbon.

En bouche, l'entrée de consistance épaisse, presque huileuse, est malgré tout un peu allégée par une certaine effervescence. Suit un corps d'une belle puissance et vif, aux saveurs prononcées de chocolat, de grillé, de café, arrondies par une touche caramélisée. Le tout est environné de fortes notes alcoolisées, chaleureuses, mêlant whisky, notes boisées et notes grillées. L'amertume de fin de bouche, tranchante et grillée, persiste longuement en compagnie de la chaleur que l'on peut attendre de tels tons alcoolisés.

Ma réaction lors de la toute première gorgée a été "WOW !" tellement la puissance de ce breuvage a paru m'exploser dans la bouche. Tout y était : la force, les saveurs chocolatées, grillées, torréfiées, l'enivrante chaleur d'un alcool bien présent et amenant des saveurs boisées et de whisky indéniables, et une amertume persistante. Un vrai plaisir, un redoutable plaisir même, à ne pas se faire n'importe quand ni n'importe où : privilégiez une fin de soirée tranquille ou un moment de partage avec un ou deux de vos meilleurs amis. Une sensation de bien-être et de somnolence peut s'emparer de vous à la fin du verre...

Pour les dijonnais et côte-d'oriens, desquels je ne suis jamais très loin, il est possible de la trouver à la crémerie La Grapillotte : 
- 26 rue Monge, 21000 Dijon
- 5 rue des Grandes Varennes, 21121 Ahuy
Et peut-être chez d'autres, mais je ne suis pas au courant... 

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samedi 2 septembre 2017

Enfin une Noblesse sympa !

Aucune connotation politique ou historique dans ce titre, bien entendu. Ceux qui me connaissent n'en peuvent douter une seule seconde... Il m'est venu comme ça, juré !

Pour preuve, la Noblesse dont il est question n'est autre qu'une bière... Belge, ce qui me permet de revenir pour la première fois depuis bien longtemps sur cette belle terre de bières.

Cette Noblesse nous vient de la Brasserie De Dochter Van de Korenaar dont je ne piperai mot : désolé, une brasserie belge flamande qui "oublie" qu'elle se trouve dans un pays en partie francophone à tel point qu'elle ne met son site Internet qu'en Flamand et en Anglais, ne me donne même pas envie de m'y intéresser... J'ai beau me débrouiller en Anglais, la question n'est pas là. Bref, rien de politique ici, ce n'est pas mon genre... Pour ceux qui veulent tout de même s'informer, voici l'adresse du site : www.dedochtervandekorenaar.be

Tout ceci mis à part, nous avons ici affaire à une petite blondinette de caractère, de fermentation haute, refermentée en bouteille, titrant 5.5 % de teneur en alcool. Ce qui en fait une bière légère, mais ne s'en tenir qu'à cette information pourrait s'avérer trompeur. A ce propos, on ne la dégustera pas aussi fraîche que bien d'autres bières du même volume d'alcool. La boire très fraîche constituerait un sacrilège tellement elle dégage de saveurs et de caractère. Bref, à 8-9° C, on n'est pas mal.

Voilà cette Noblesse sympa : 


Au visuel, elle présente une robe ambrée trouble aux reflets orangés. Elle est coiffée d'une fine tête de mousse blanc cassé de consistance crémeuse, légèrement collante en fines dentelles, bien persistante en un fin col.

Au nez, ce col de mousse dégage des arômes houblonnés se traduisant par des notes florales et herbacées fraîches, accompagnées  d'arômes épicés prononcés et d'une touche miellée.

En bouche, l'entrée est d'effervescence modérée. On aboutit à un corps moelleux mais amenant une certaine puissance tout de même, le tout se traduisant par des saveurs d'abord biscuitées et miellées, relevées de notes florales et épicées prononcées. L'amertume de fin de bouche s'avère prononcée et tranchante, herbacée agrémentée d'une touche d'amertume de pamplemousse.

On a ici une bière légère mais à la belle puissance de saveurs, faisant penser à une bière à plus forte teneur en alcool. Notes miellées, florales, caractère épicé, tout y est pour faire une grande bière de dégustation. Et en même temps, elle garde un certaine légèreté et un caractère désaltérant non-négligeable. A découvrir, comme d'autres bières de la gamme d'ailleurs...