samedi 30 juillet 2016

Orge profonde

Si si, je vous assure que c'est le bon titre ! Non je n'ai pas oublié de lettre, bande de pervers ! 

Il s'agit tout simplement du nom d'une nouvelle bière, découverte et dégustée il y a peu. Une fois de plus, c'est une Bourguignonne puisqu'elle est brassée à la "Brasserie de la Source", brasserie artisanale située à Perrigny-lès-Dijon, aux portes de la capitale des Ducs de Bourgogne. Une brasserie connue localement depuis déjà un certain nombre d'années pour ses "Brass Band" blonde et ambrée, ainsi que pour sa "Bière Tombale", brune.

Voici donc cette petite nouvelle, au nom si équivoque (je l'avoue, en ce qui me concerne c'est bel et bien son nom qui m'a fait tiquer dessus la première fois que je l'ai vue au Comptoir des Bières à Chenôve) : 

Le lecteur comprendra certainement pourquoi j'ai tiqué sur l'étiquette et son nom (ce que je n'ai certainement pas été le seul à faire...). Etiquette qui, soit dit en passant, rappelle celles des bières de "La Roteuse", bien que plus épurée. Sympa quoi...
Peu d'indications sont données sur l'étiquette au sujet de cette bière, mais ce n'est sûrement pas trop s'avancer que d'affirmer qu'elle est de fermentation haute et refermentée en bouteille, à base d'orge. Difficile de dire si une autre céréale - du froment par exemple ? - s'y balade. Il me faudra quelques années d'expérience en plus, désolé... Mais vu son nom, il y a quand même peu de chance. Elle titre 7.3 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière semi-forte. On la boira à environ 8-9° C. (à mon humble avis, bien évidemment).

Au visuel, elle offre une robe d'un ambré foncé intense, bien trouble, avec peu de reflets, le tout surmonté d'un col de mousse blanche à fines bulles, persistant en un léger voile.

Au nez, les arômes sont légers et fugaces, mais agréables lorsqu'on arrive à les capter : doux et sucrés avec des notes de fruits cuits et de caramel, avec des touches de levure.

En bouche, l'entrée est douce, d'effervescence modérée. Le corps se révèle plutôt puissant, caramélisé et levuré. L'amertume de fin de bouche est légère et fruitée. Une chaleur alcoolisée inattendue monte et persiste une fois le tout avalé.

Un nom et une étiquette qui attirent l'oeil, mais on n'est pas ici dans un cas où le marketing et le design cachent un produit médiocre. Des arômes doux, bien que peut-être un peu trop discrets, un corps séduisant et un final chaleureux. Ici, il n'y a pas le regret de s'être laissé attirer par une étiquette aguicheuse...

Avis aux amateurs et santé à tous !

vendredi 22 juillet 2016

Belenium chez Loiseau

C'était en préparation depuis déjà un certain temps, c'est désormais officiel ! La brasserie beaunoise Belenium (qu'il est devenu inutile de présenter dans ces pages, cf. liens en bas de page) a dévoilé deux nouvelles bières, concoctées en collaboration avec les établissements Bernard Loiseau.

Maintes recettes ont été tentées, dont votre serviteur a pu être l'un des secrets dégustateurs (pour certaines en tout cas) au fil des mois. Au final, après tous ces essais, deux recettes ont été retenues récemment par le sommelier des établissement Bernard Loiseau. Et Nicolas Seyve, brasseur de Belenium, s'est mis au turbin pour nous sortir deux nouvelles bières, qu'on ne trouvera pour le moment que dans les établissements Bernard Loiseau.

Il n'est, certes, malheureusement pas donné à tout le monde de se rendre dans ces établissements, je sais... Mais si le succès est au rendez-vous, il n'est pas interdit d'espérer les trouver ailleurs dans les mois qui viennent. On ne peut en tout cas nier qu'il s'agit d'une bonne fenêtre publicitaire pour Belenium, mais aussi pour tous ceux qui "militent" afin que la bière soit considérée comme un accompagnement à la gastronomie tout aussi intéressant que le vin.

Et les deux petites nouvelles sont : 
- La Blanche de Blanche
- La Blonde au Miel

Toutes deux sont brassées à partir de malts d'orge et de froment, de houblon et, évidemment, de levure. Comme d'ordinaire chez Belenium, ce sont des bières de fermentation haute, refermentées en bouteille. Il ne faut donc pas s'offusquer, même chez Bernard Loiseau, du léger dépôt et du trouble que présenteront ces bières. Toutes deux sont, à l'image de la Belenium de Noël/d'hiver, brassées avec ajout d'ingrédients venant compléter l'action aromatisante du houblon. Et, bien évidemment, pour la Blonde au Miel... du miel. Elles titrent toutes deux 5.6 % de teneur en alcool, donc un tout petit chouïa plus fortes que les classiques de Belenium (5.5 %). Mais elles restent tout de même légères. On ne les boira pas trop fraîches, pas même la Blanche et Blanche : 6 à 7°C pour cette dernière, 9 à 10°C pour la Blonde au Miel (à mon humble avis, comme d'habitude).

La Blanche de Blanche : 

Des  étiquettes différentes, bien qu'aussi élégantes que les classiques de Belenium, incluant bien évidemment la bannière "Bernard Loiseau".

La Blanche de Blanche est une bière blanche de type "witbier" belge, mais dont les ajouts sont quelque peu différents, puisqu'y ont été ajouté des graines de moutarde en plus des écorces d'orange et de la coriandre, ajouts plus classiques des "witbiers".

Au visuel, elle présente une robe blonde, jaune très pâle à clair de bas en haut du verre, trouble. La mousse est blanche, fine et compacte, persistante. L'effervescence se montre vive.

Au nez, les arômes sont légers et subtils, ce qui est aussi un classique de Belenium. Ils se montrent fruités sur les agrumes avec un citronné léger et des touches d'orange. On décèle la coriandre en arrière-plan. La moutarde se révèle quasiment imperceptible.

En bouche, l'entrée se fait sur une vive effervescence qui fait ressortir en premier le côté fruité, citronné. Le corps est épicé avec la coriandre, toujours présente, mais aussi grâce à la moutarde, dont les notes sont bien plus prononcées. L'amertume est légère et semble se diriger sur l'orange amère. Ce qui m'a frappé en plus, c'est la persistance d'une chaleur épicée vive sur la langue et les lèvres. A noter pour la suite du verre : une touche moelleuse apparaît lorsque la bière perd de son effervescence et se "chambre".


La Blonde au Miel


La Blonde au Miel semble avoir la même base que la Blanche de Blanche : malts d'orge et de froment, ajouts de coriandre et d'écorces d'orange. Comme son nom l'indique, la différence vient du miel utilisé lors du brassage. Une autre différence vient de l'ajout de gingembre.

Au visuel, elle arbore une robe blonde dorée (indiquant peut-être l'utilisation de malt plus foncé que pour la Blanche de Blanche, autre différence avec cette dernière), trouble, et présentant elle aussi une vive effervescence. La mousse qui la surmonte est blanche, fine, compacte et persistante.

Au nez, les arômes sont tout aussi légers et subtils que pour la Blanche de Blanche. Ils sont doux, miellés,avec de légères touches épicées. 

En bouche, l'entrée est vive et effervescente. Son corps est doux et miellé, relevé de notes épicées venant certainement - pas besoin d'être un grand génie - de la coriandre et du gingembre, amenant une touche chaleureuse pas désagréable. L'amertume est tout aussi discrète que pour la Blanche de Blanche. Là aussi, la chaleur épicée est persistante, mais plus douce malgré tout que pour la Blanche de Blanche.

Deux bières caractéristiques de la finesse dont Belenium a toujours fait preuve. On reconnaît bien la touche de la brasserie avec une mousse fine et compacte, des arômes fins et subtils et un corps léger. Léger mais plein de saveurs. Un peu moins habituelle est cette chaleur épicée qu'on retrouve dans les deux bières et qui envahit la bouche. C'est là la réussite : des corps léger de texture mais pleins de saveurs et de chaleur. Un peu paradoxal pour une bière, me direz-vous ? Pas forcément... Parce que pour le coup, cela en fait des bières tout-à-fait à même d'accompagner toutes sortes de plats (pour cela, je vous laisse voir avec les sommeliers Loiseau).

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lundi 18 juillet 2016

Deux brasseurs et leur Roteuse

Pour les avoir rencontrés et avoir bu une "Mousse" avec eux, j'en sais enfin un peu plus sur les deux p'tits nouveaux de la scène brassicole côte-d'orienne.

Baptiste et Antoine sont des amis de longue date qui brassent de la bière depuis maintenant neuf ans. Ils ne sont donc pas des brasseurs nés de la dernière pluie. Ils ont commencé, comme de nombreux autres, avec un "kit". Puis ils ont augmenté les doses en achetant du matériel plus imposant et en en faisant goûter autour d'eux. C'est, m'ont-ils expliqué, en entendant des gens qu'ils ne connaissaient pas parler de leurs bières, qu'ils ont tout doucement pensé à faire du brassage leur métier.

Comme c'est dit plus haut, ce ne sont pas des lapins de trois semaines du brassage. Et c'est à force de nombreuses expériences, parfois réussies et parfois franchement ratées, mais aussi de visites d'autres brasseries (notamment en Belgique) qu'ils ont élaboré, et leur projet, et leurs trois bières, qu'ils nous proposeront dans les semaines à venir. Il faut effectivement savoir que chanceux ont été ceux qui ont pu se procurer leurs premières binouzes commercialisées. Elles ont fait un tabac tel que ce premier stock a été écoulé en très peu de temps. A tel point que cette première commercialisation a pris des airs d'avant-première avant les débuts et l'inauguration officiels de la Brasserie "La Roteuse". Bref, l'histoire classique de brasseurs amateurs qui se sont révélés doués et ont pu saisir l'occasion de transformer leur passe-temps en métier.

Et au fait, pourquoi "La Roteuse" ? Un nom, il faut l'admettre, pas très glamour et qui sonne un peu "bière de base"... Eh bien là aussi j'ai eu une réponse : tout simplement parce que Baptiste et Antoine ont toujours appelé les bières des "roteuses", y compris celles qu'ils brassaient en amateurs. Et, au final, si c'est un nom qui heurte et qui pose question, c'est qu'il a une certaine originalité. Et "La Roteuse" est d'ailleurs, outre le nom de la brasserie, aussi le nom officiel de leur première bière, dont il va être question dans les lignes à venir.

Peut-être se dira-t-on qu'il est bizarre d'attendre le troisième article consacré à la brasserie pour présenter sa première bière en date, ainsi que les brasseurs, mais le hasard de l'inspiration et des rencontres a fait que c'est ainsi. Et de plus, comme je l'ai déjà écrit ailleurs, si chez "Secrets de Bières" on faisait tout dans l'ordre, ça se saurait...

Passons à "La Roteuse", la petite blondinette de la bande, mais pas la moins caractérielle. A base de malt d'orge et de blé, de houblons bien fruités et herbacés et d'une poignée de bourgeon de cassis, elle est issue d'un processus de fermentation haute et d'une étape de refermentation en bouteille. Elle titre 6% de teneur en alcool, ce qui en fait une bière semi-forte, qu'on boira aux alentours de 7-8°C (à mon humble avis, bien entendu...)

Voilà la blondinette :

On ne déroge pas à la règle au niveau de l'étiquette et de son design artistique : ici une jolie blonde tatouée laissant échapper, après une gorgée de "Roteuse", un délicat petit rototo...
Au visuel, elle arbore une robe blond foncé trouble, avec des reflets dorés à la base du verre à presque ambrés lorsque l'on remonte vers la mousse. Celle-ci, bien blanche, se révèle abondante, de consistance "crémeuse", légèrement collante à la paroi du verre, et bien persistante.

Au nez, ses arômes sont tout-à-fait perceptibles, et persistants. On commence sur des arômes floraux et herbacés prononcés, notamment sur le bourgeon de cassis qui procure des senteurs de feuille d'arbre et - mais mon nez me fait peut-être des blagounettes - de menthe. Le tout accompagné d'agréables touches d'agrumes.

En bouche, la consistance est plutôt épaisse, ce qui n'empêche pas une effervescence vive. L'entrée est moelleuse, qui laisse place à un corps qui se partage entre fruité (agrumes) et floral (le bourgeon de cassis toujours bien présent). Le tout débouche sur une amertume prononcée, florale et herbacée, qui m'a fait penser à l'amertume de la tige de pissenlit. J'admets que la comparaison n'est pas engageante, mais la douceur et la sucrosité du corps équilibrent bien l'amertume et cette impression est largement atténuée.

Effectivement une blonde de caractère qui n'a rien à envier à ses soeurs rousse et brune sur ce point là. Elle propose un équilibre réussi entre une entrée et un corps moelleux, fruité et floral, et une amertume plus vive, mais non moins agréable. Antoine et Baptiste m'ont confié aimer jouer avec le houblon : j'affirme qu'il le leur rend bien !

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vendredi 8 juillet 2016

La P'tite soeur

On continue avec la Brasserie "La Roteuse", dont il a déjà été question dans ces pages il y a quelques jours (La Roteuse et sa Mousse). Parce qu'évidemment comme toute bonne brasserie qui respecte, elle ne se cantonne pas à ne proposer qu'une seule bière... 

La Mousse a donc sa "P'tite soeur"... qui - je le dis d'avance - a pourtant tout d'une grande ! Du moins pour les amateurs de brune puissante et très houblonnée. Elle est brune, de fermentation haute, refermentée en bouteille, et titre 7% de teneur en alcool. La voici : 

On remarque encore le même sens artistique sur l'étiquette. Petit détail : la fleur de houblon annonce la couleur !
Au visuel, on voit  une robe brun foncé, quasiment noire même, opaque du fait de la refermentation en bouteille (levures en suspension). Le tout surmonté d'un col de mousse brun clair abondante mais aux fines bulles, qui colle bien à la paroi du verre (gage de qualité en général), et bien persistante.

Au nez, contrairement à ce que pourrait laisser penser son aspect sombre, les arômes sont plutôt doux. On sent des notes chocolatées et de fruits noirs avec une pointe plus exotique, le tout agrémenté de notes grillées tout de même prononcées.

En bouche, elle tient les promesses de puissance dues à son aspect sombre. L'entrée est moelleuse, plutôt sur des notes de fruits noirs et chocolatées. Mais elle laisse très rapidement place à un corps tout en grillé, voire même en torréfié. Tout cela débouche sur une amertume puissante mêlant le caractère grillé et de belles touches fruitées exotiques.

La fleur de houblon dessinée sur l'étiquette (dont la touche artistique confirme l'impression donnée par l'étiquette de "La Mousse") annonce la couleur dans le sens où l'on n'aura pas droit à une bière brune commune uniquement basée sur le torréfié et le chocolaté. Effectivement, la P'tite soeur présente un caractère fruité certain, qui s'ajoute aux notes grillées, en les équilibrant plutôt bien. Je l'ai goûtée sans même vraiment faire attention à la fleur de houblon, et elle m'a directement renvoyé à des expériences précédentes sur des bières se disant ouvertement Dark IPA (Pour plus d'info sur le style IPA, je vous renvoie à mon article sur l'Elixkir IPA). C'est la fleur de houblon qui m'a confirmé que j'avais bien affaire à ce style de bière. Avec toutefois des notes de fruits exotiques moins prononcées que lors de mes précédentes expériences. Mais peut-être parce que ces dernières étaient plus alcoolisées. Son caractère risque de faire fuir le public non-averti (il faut malheureusement le dire), mais elle épatera les connaisseurs car  c'est une réussite du style. (Erratum 18/07/2016 : lors de ma rencontre avec Baptiste et Antoine, ils m'ont révélé qu'il ne s'agissait pas d'une Dark IPA, la méthode du dry hopping n'intervenant en aucun cas dans le brassage de la P'tite Soeur ; le houblonnage est tout simplement suffisamment important et fait aux bonnes étapes pour contrebalancer, avec des notes très fruitées, le caractère grillé et torréfié de cette bière).

lundi 4 juillet 2016

La Roteuse et sa Mousse

Que voilà un titre bien particulier, me direz-vous ! 

Eh bien il ne s'agit pas là d'un trait d'humour pas drôle. C'est tout ce qu'il y a de plus sérieux puisqu'il s'agit ici de la toute dernière venue des brasseries artisanales bourguignonnes. Il y a effectivement quelques semaines de cela, la Côte-d'Or s'est officiellement enrichie d'une nouvelle brasserie. Celle-ci s'est même, à l'instar d'autres comme Belenium (Beaune), payé le culot de s'installer aux portes de l'une des communes productrices de vin les plus réputées de la Côte de Nuits : Gevrey-Chambertin.  Pour être précis, elle se situe à Brochon, à quelques encablures de Gevrey. Et cette nouvelle brasserie s'appelle "La Roteuse" (Actuellement présente sur Facebook avec sa page Brasserie La Roteuse). Voilà pour la première partie du titre.

La deuxième partie n'est rien moins que le nom de l'une des bières de cette nouvelle brasserie : La Mousse. Elle est rousse, de fermentation haute, refermentée en bouteille, et titre 6 % de teneur en alcool. La voici : 

On remarquera le soin apporté à l'originalité de l'étiquette...
Au visuel, elle arbore une belle robe intensément cuivrée avec un trouble relativement important, dû bien évidemment à la refermentation en bouteille (et qui, répétons-le encore, est inoffensif et apporte même plus de caractère à la bière). Elle est surmontée d'une mousse ivoire exubérante, qui colle plutôt bien à la paroi du verre (gage de qualité en général) et se révèle bien persistante.

Au nez, ce sont des arômes plutôt doux qui s'imposent, fruités (plutôt les fruits rouges) et légèrement vineux (Précision : lors de ma rencontre avec Antoine et Baptiste, ils m'ont dit que cela venait de l'utilisation de levure de crémant), avec des touches levurées prononcées.

En bouche, l'entrée offre une belle rondeur laissant la place à un corps puissant aux notes fruitées, accompagnées de touches de céréales grillées, caramélisées, et de notes de levure prononcées. Tout cela aboutit en fin de bouche sur une amertume vive et herbacée mais fugace, qui laisse enfin place à une persistance fruitée relativement longue.

Une bière de dégustation sympathique qui, malgré un taux d'alcool modéré, offre un corps puissant et fruité. C'est une rousse qui a du caractère, au moins autant que peut le laisser penser l'étiquette de la bouteille qui, déjà à elle toute seule, est une réussite artistique. Certainement une belle rampe de lancement pour cette nouvelle brasserie bourguignonne.