lundi 9 décembre 2019

Episode de chaleur chez Elixkir

Amélia et Guillaume, de la Brasserie Élixkir (Quétigny, 21), ont une fois de plus laissé voguer leur imagination assez loin, la laissant atterrir en partie dans un pays chaud (à plus d'un titre...) pour y recueillir l'un de ses produits. Et ce pour agrémenter un style de bière traditionnel, plutôt chaleureux, servant à se réchauffer et se réconforter dans un pays beaucoup plus frais.

Ce dernier style n'est autre que le porter, né en Angleterre au XVIIIe siècle. Pour un retour explicatif sur ce style de bière brune aux notes torréfiées et chocolatées, je vous renvoie à la définition que j'en donnais il y a presque trois ans, déjà dans une bafouille consacrée à l'une des créations des deux petits prodiges d'Élixkir : L'Élixkir Porter, un autre style historique.

Le porter qui fait l'objet de la présente bafouille a été brassé de façon plutôt traditionnelle, à base d'une majorité de malt d'orge pâle pour amener la quantité voulue de sucres fermentescibles, et de malts torréfiés amenant sa couleur et une grande partie de ses saveurs à la bière. S'y sont ajoutés des flocons de seigle, destinés à «apporter un peu de texture (le seigle étant riche en protéines), et un final épicé qui se marie bien avec les bières noires» (dixit Guillaume). Sa fermentation vient d'une levure d'ale anglaise classique, de fermentation haute qui a la caractéristique d'être «relativement neutre» avec un «très léger ester à l'Anglaise : fruits rouges/noir» (re-dixit Guillaume).

La grande particularité de ce porter est contenue dans son nom, que je n'ai pas encore cité, comme ceux qui suivent s'en sont sans doute rendus compte. Cette nouvelle création de la Brasserie Élixkir s'appelle Chipotles Porter. C'est quoi "Chipotles" ? Merci de poser la question ! Moi-même, lorsque Guillaume m'avait annoncé il y a déjà quelque temps l'arrivée de cette nouveauté, j'avais ouvert des yeux ronds... Les Chipotles sont en fait des piments mexicains jalapeños séchés et fumés, qui se révèlent ainsi plus forts que les jalapeños "natures". Les chipotles font partie des éléments incontournables de la culture culinaire mexicaine. Ils exhalent un parfum fumé (forcément...), de noix et chocolaté, et dégagent évidemment une certaine dose de piquant en bouche. Pour ce Chipotles Porter, les piments ont été ajoutés lors de la fermentation. C'est-à-dire après l'ébullition et à froid. Ce qui leur a permis de laisser s'exprimer leurs arômes au maximum (dixit Guillaume encore une fois !).

Enfin, ce porter, de fermentation haute donc et refermenté en bouteille titre 5,3 % de teneur en alcool. Ce qui en fait une bière légère, que je conseillerais bien de consommer dépourvue de trop de fraîcheur, aux environs de 8-10°C.


Au visuel, elle offre à nos yeux une robe brun foncé aux reflets acajou, surmontée d'une coiffe brun clair, collante en petits morceaux de dentelles, persistante en un fin voile.

Au nez, elle révèle des arômes mêlant chocolat noir et torréfaction, équilibrées par des notes fumées bien perceptibles, ainsi qu'une pointe épicée aux notes poivrées et de poivron.

En bouche, l'attaque est vive et sèche. Elle est suivie d'un corps sec lui aussi, puissant car relevé dès l'abord d'un piquant bien perceptible qui le rend chaleureux de bout en bout. Le piquant pimenté est dominant mais ne cache pas une torréfaction marquée. Le ton fumé des chipotles (type fumée de feu de bois) plane longuement autour de ce corps chaleureux et puissant. L'amertume grillée de la fin de bouche apparaît discrètement au milieu du piquant et de la chaleur, et se mêle à eux pour une persistance torréfiée, chaleureuse et fumée.

Une bière légère, dont le degré d'alcool ne fera pas grand mal. Mais cela ne l'empêche en rien d'amener puissance et chaleur en bouche. Le piquant poivré pimenté laisse une impression de piquant qui différencie ce porter d'une bière de Noël. Mais cela peut être une variante originale tant pour Noël que pour l'hiver en entier. La chaleur et le piquant mexicains mélangés au flegme britannique avec la patte d'Élixkir : encore une réussite.

Lire aussi, sur la même brasserie :

vendredi 1 novembre 2019

Une Potion qui vous laisse encore plus groggy...

Ils ont remis ça ! Antoine et Baptiste, les compères de la Brasserie La Roteuse, nous ont ressorti très récemment une de leurs éditions limitées vieillies en fût. Ceux qui suivent un peu les petites bafouilles de ce blog doivent avoir la puce à l'oreille à la lecture du titre... Non ? Personne ? Faites un effort : Une Potion qui vous laisse groggy... Toujours pas ? 

Bref ! Cette fois encore, c'est leur triple qu'ils ont fait vieillir en fût de Marc de Bourgogne. De mauvaises langues pourraient laisser entendre qu'il ne sert à rien de réécrire sur une bière déjà décrite dans ces pages il y a un an et demi. Je vais re-préciser directement que les Potions de la Brasserie La Roteuse sont des éditions éphémères, des expériences, et des rééditions de Potions qui ont eu du succès. Et que dans le cas présent, on en est déjà à la troisième édition de la Potion Triple Marc, et qu'aucune n'est pareille aux autres...

Je n'ai pas écrit sur la deuxième édition - oui, vous y avez échappé ! - n'étant pas forcément dans l'esprit à ce moment-là, mais il y a déjà une différence entre la première et la troisième : la bière a maturé dans le fût un mois de plus pour l'édition présente que pour la première édition, trois mois au lieu de deux. Mais tout simplement, il existe difficilement une cuvée de marc de Bourgogne identique à une autre, donc aucun fût tout à fait identique aux autres. Ils ne donneront donc pas tout à fait les mêmes saveurs aux bières, ni même une intensité comparable d'un essai à un autre, les douelles n'étant pas non plus imbibées de la même façon par le précédent contenu. Un point commun tout de même entre ces trois premiers essais : Baptiste et Antoine mettent toujours un point d'honneur à ce que leur bière soit prête à aller maturer dans le fût au moment où ils le récupèrent, et par conséquent à récupérer ce dernier au plus vite une fois qu'il a été vidé. Cela évidemment dans le but de l'empêcher au maximum de commencer à sécher.

Enfin, comme c'est déjà précisé plus haut, il s'agit de la triple de la brasserie qui, soit dit en passant, est passée à la gamme permanente ! Ah, vous saviez déjà.... Bref ! Leur petite triple, dont je ne vous rejouerai pas la composition (à retrouver ici, si vous le souhaitez), titrant 7 % de teneur en alcool à la base, a maturé dans son fût de marc de Bourgogne durant trois mois. Au passage, elle y a gagné quelques points de teneur en alcool, puisqu'à la sortie, avant refermentation en bouteille, elle titrait... 11.35 % ! C'est dire à quel point ce fût là était imbibé... À la sortie, c'est-à-dire maintenant au moment de sa commercialisation, après refermentation en bouteille, elle titre 11.5 % de teneur en alcool. Autant dire la plus forte teneur en alcool des trois éditions. C'est dire comme elle vous laissera encore plus groggy... Une différence là encore entre les trois éditions : aucune n'avait la même teneur en alcool. Mais cela lui donne un point commun avec les deux précédentes : elle est à déguster calmement avec un ou deux potes ou, encore plus calmement, tout seul (moi ? Nooon...), le soir en étant sûr de ne pas bouger de chez soi. Et à température de cave (14-15° C me paraissent pas mal...).

La Potion Triple Marc, troisième du nom ! 

Comme ils me l'ont filée en avant-première, elle n'avait pas encore d'étiquette.

Mais voilà la bouteille officielle, aux couleurs classiques des Potions de La Roteuse.
Au visuel, apparaît une robe ambrée trouble aux reflets ambre claire à cuivrés en remontant vers le haut du verre. Elle se coiffe d'une tête de mousse blanc cassé vive, collante en petits morceaux de dentelles, persistante en un voile.

Au nez, elle dégage des arômes bien perceptibles, aux notes fruitées alcoolisées : le marc de Bourgogne est bien présent dès le début et se mélange aux notes fruitées de la triple : agrumes, fruits jaunes et à chair blanche (mirabelle, pomme) compotés, accompagnés d'une touche de pêche de vigne. Légères notes épicées en arrière-plan.

En bouche, l'attaque est vive et le breuvage affiche d'emblée une belle puissance et la même vivacité que la triple d'origine. Le corps est d'abord doux et fruité avec ces saveurs de pomme, pêche de vigne, agrumes aussi. On évolue ensuite vers plus de chaleur alcoolisée, où le marc complète les notes fruitées, et plus de puissance épicée. On termine sur une amertume herbacée qui avait suffisamment de caractère avant le fût pour résister à la prise de rondeur du breuvage, ainsi qu'à sa prise de puissance et de chaleur alcoolisées. L'amertume persiste même assez longuement, autant que persistent les notes et la chaleur du marc qui s'y mêlent. 

Une bière vive, puissante et chaleureuse à la fois. Elle a gardé la vivacité de la triple d'origine sans devenir trop moelleuse ou liquoreuse. Si elle n'avait pas gagné en puissance du fait de l'apport d'alcool et des notes du marc, on la boirait tout comme celle d'origine, et on serait très surpris à l'arrivée... Mais on sent tout de même assez vite qu'elle dégage un côté chaleureux qui s'apparente bien en revanche à celui des bières d'un taux d'alcool équivalent. Au bout d'une ou deux gorgées, on se rend vite compte qu'il convient de la traiter avec respect... Elle peut se siroter seule le soir au fond du canapé, ou supporter facilement un plat d'hiver riche, mijoté, type bœuf bourguignon ou carbonades flamandes. Pourquoi pas même avec une raclette, ça s'essaie...

Petit rappel pour ceux qui veulent en savoir plus et suivre la Brasserie La Roteuse : 

mardi 22 octobre 2019

Déchiffrer une bière de chez Popihn

Ce que j'entends par ce titre encore une fois un peu loufoque ? Eh bien tout simplement... ce que laisse entendre ce titre loufoque ! Il ne faut pas chercher plus loin...

Qui connaît les bières de la Brasserie Popihn, située à Vaumort près de Sens (Yonne, 89), sait, outre qu'elles sont de belle qualité, qu'elles sont dotées de noms difficiles à déchiffrer pour le commun des mortels. Des noms qui n'en sont pas vraiment en fait, puisque pour tout nom, les étiquettes donnent le style de bière que contient la bouteille. Celle qui est peut-être la bière phare de la brasserie fait partie des exceptions : l'Icauna Pale Ale. Pour la plupart des autres, faut s'accrocher ! Notamment si on n'a pas une certaine connaissance de la "new wave of brewers", comme j'aime appeler la scène brassicole "kraft" branchée d'aujourd'hui, française et d'ailleurs, qui n'a de cesse de réinventer les styles et les termes propres au brassage et à la bière. Même moi qui en ai acquis une relative connaissance que j'essaie d'entretenir, je suis parfois complètement largué !

Bref, un exemple parmi d'autres de chez Popihn est la Kveik IPA Bru-1/Citra, brassée en "collab" avec la Brasserie du Grand Paris. Non, non ! Ne vous frottez pas les yeux, vous avez bien lu, pas d'inquiétude ! Si l'on peut se demander au premier abord quelle langue androïde a été utilisée pour nommer cette bière, il ne s'y trouve rien de sorcier...

Décomposons ! Kveik tout d'abord : quel est ce mot sorti de nulle part ? C'est en fait tout simplement le nom d'une "mystérieuse levure norvégienne". Il s'agit d'une levure traditionnelle de fermentation haute. Très haute, puisqu'elle s'exprime dans de bonnes conditions à près de 40°C, voire plus, ce qui doit bien représenter une quinzaine de degrés au-delà de la température normale d'expression des levures de fermentation haute par chez nous. Fort aromatique, elle diffuse des arômes d'écorces d'orange, et d'autres évoquant le clou de girofle et la muscade (merci Les Coureurs des Boires !). Il s'agit donc déjà d'une bière fermentée, en partie du moins, à la levure kveik.

On ne va pas revenir sur le terme d'IPA, que tout bon amateur de bières artisanales connaît par cœur. S'il y a besoin d'un petit rafraîchissement, il n'y a qu'à cliquer ici et vous trouverez ma définition, une parmi tant d'autres. 

Bru-1 : un code secret ? Ne cherchons pas si loin. C'est juste le nom d'un houblon expérimental, développé à Brulotte Farms, dans la vallée de Yakima (USA) en 2016. Il ressemble aux houblons classiques d'arômes fruités tropicaux, mais les siens sont amplifiés. Ses arômes principaux évoquent l'ananas, la papaye, les fruits tropicaux, les épices... (Merci nanohoublons !). 

Enfin, Citra est le nom d'un autre houblon, bien connu des brasseurs et amateurs d'IPA. Il s'agit de l'un des houblons les plus utilisés pour produire les arômes de ce style de bière. Aromatique, ce houblon américain développe des notes tropicales d'agrumes et de pêche. 

Donc ! La  Kveik IPA Bru-1/Citra Popihn/Brasserie du Grand Paris est une india pale ale fermentée à la levure kveik et houblonnée au Bru-1 allié au Citra. Et comme je l'ai déjà mentionné, c'est ce qui caractérise la majorité des bières de chez Popihn : elles n'ont pas de nom à proprement parler ; elles sont nommées par leur style et leurs houblons et/ou d'autres ingrédients particuliers, ou encore un fût particulier dans lequel elles auraient mûri. Peut-être simplement parce que beaucoup sont des éditions éphémères. La Kveik IPA qui nous occupe ici titre 6.7 % de teneur en alcool après fermentation et refermentation en bouteille. Dégustons-la fraîche, aux alentours de 5-6°C.

La Popihn Kveik IPA Bru-1/Citra


Au visuel, cette Kveik IPA se pare d'une robe blond pâle au trouble important, traversé de légers reflets dorés. Elle se coiffe d'une tête de mousse blanche fine, bien collante en longues dentelles tout le long de la paroi du verre, persistante en un très fin col. 

Au nez, cette tête de mousse dégage des arômes prononcés de fruits exotiques, avec notamment des notes de papaye, de fruits de la passion, citronnées ; touches de clou de girofle et autres épices en arrière-plan. 

En bouche, l'attaque est relativement vive et de texture légère. Le corps sur lequel on débouche se révèle du même acabit, léger, frais et très fruité. Il développe des saveurs exotiques évoquant, là aussi, la papaye et des notes citronnées marquées. La suite est plus épicée et chaleureuse, sur des saveurs de clou de girofle. La fin de bouche  se révèle légèrement amère, bien moins que ce à quoi on pouvait s'attendre. L'accent semble avoir bien davantage été mis sur la fraîcheur fruitée exotique. 

Cette bière est sans doute entourée d'une étiquette qui peut laisser perplexe, mais une fois déchiffrée, tout devient plus clair. Il n'est en tout cas pas compliqué de se rendre compte qu'elle est, comme à peu près tout ce qui sort de chez Popihn, de bonne facture, agréable par son fruité, vive par son côté légèrement épicé, et somme toute facile à boire. D'autant plus qu'on est loin des bonnes vieilles IPA à l'amertume décapante. Ce qui est peut-être la seule chose qui, personnellement, me manque un peu... La salade de fruits exotiques ou le sorbet citron pourraient bien l'accompagner...

Lire, sur la même brasserie : 

jeudi 26 septembre 2019

La Couagga blanche de printemps

Ceux qui connaissent mes posts, et ont donc une petite idée de mes goûts en termes de bière, se demanderont ce qu'il m'arrive une fois de plus. Le gars n'est pas amateur de bières blanches et il en présente une ! Et "de printemps" par-dessus le marché, quelques jours après le début de... l'automne ! Puis "Couagga", c'est quoi ça "Couagga" ? Je vous avais manqué hein ?

Il est bien certain que votre serviteur n'est pas un grand amateur de bières de froment... Et c'est bien pour ça que je tiens absolument à le signaler quand il y en a une qui me plait. De printemps ? Oui ben c'est pas de ma faute si je l'ai reçue en plein été d'abord ! C'est un peu plus de ma faute, en revanche, si je ne l'ai goûtée qu'il y a peu, je veux bien vous l'accorder... Puis pourquoi ne pas tout simplement ensoleiller ce début d'automne ? Et Couagga alors ? Ben j'ai bien trouvé que le Couagga est une race de zèbre apparemment disparue, qui se caractérisait par le fait qu'il ne portait de rayures que sur la tête. Mais alors pourquoi ce nom pour cette bière ? Je ne le leur ai pas encore demandé, mais est-ce bien important ? Un peu moins que ce que la bouteille contient, non ?

Cette petite witbier artisanale nous vient de Belgique, de la Brasserie Adventures, basée à Chastre, à environ 45 kms au Sud-Est de Bruxelles. Comme toute witbier, c'est en fait une bière de froment, donc basée en partie sur du malt d'orge et d'autre part sur du froment (malté ou non-malté, allez savoir...). S'il s'agit d'une witbier, donc d'une bière blanche de tradition belge, des épices et des écorces d'agrumes ont dû être ajoutées. Mais je ne m'avancerai pas, l'étiquette se montrant très peu explicite sur les ingrédients. Et pas plus sur le(s) houblon(s) utilisé(s). Une chose est sûre, on est sur un produit de fermentation haute, refermenté en bouteille, qui titre 7 % de teneur en alcool. À ne pas boire glacé, à mon humble avis, mais plutôt autour des 7-8° C.

La Couagga Blanche de Printemps


Au visuel, elle se pare d'une robe blonde trouble, traversée de reflets dorés à la lumière. Et se coiffe d'une tête de mousse blanche compacte, collante en longues dentelles droites horizontales, persistante en un fin col.

Au nez, le bouquet est floral et fruité sur les agrumes douces, avec des notes biscuitées et légèrement miellées : le malt ne se fait pas oublier. Discrète touche épicée en arrière-plan.

En bouche, l'attaque est vive et fraîche. On débouche sur un corps de texture plutôt riche pour ce style de bière avec des saveurs maltées biscuitées bien perceptibles. Par conséquent, les saveurs sont moins citronnées que dans une witbier classique, mais les agrumes sont présentes quand même, davantage sur l'orange, la mandarine. Les notes épicées (coriandre, clou de girofle surtout) sont plus présentes qu'au nez, mais restent tout de même discrètes. La fin de bouche se caractérise par une faible amertume, la persistance faisant la part belle aux épices : faut bien leur laisser quelque chose...

C'est assez peu fréquent de ma part pour être souligné, mais je ne cracherais pas dessus si on me ramenait une bouteille de cette witbier. L'agrume est présente mais pas trop citronnée, et bien équilibrée par un malt biscuité bien plus perceptible que classiquement dans ces bières là. Le fait qu'elle soit plus alcoolisée participe sûrement aussi à cet équilibre, et à enrichir le corps. Je ne dirai pas qu'elle est plus réussie qu'une autre witbier. Je dirai, que celle-là, je l'aime bien. C'est le meilleur compliment que je puisse faire à une witbier.

La Brasserie : 
Brasserie Adventures Chastre
135 route provinciale
1450 Chastre
Belgique
0032 475 25 15 70

mercredi 5 juin 2019

Ingredient Quest, une bière ? Un dessert ?

Partons cette fois-ci du côté de la Lorraine, à Liverdun, commune située à quelques encablures à l'ouest de Nancy. Ses fans auront sans doute compris de quelle brasserie il s'agit... Eh oui, on se rend chez les "gros", puisque chez eux, tout le monde est gros au moins dans l'esprit, les "gorets" de la Piggy Brewing Company. Fondée en 2016, The Piggy Brewing Company n'a pas attendu pour faire parler d'elle au niveau national, et même international avec des bières de nombreux styles, de qualité, originales et, pour certaines, maousse monstruous !

Et la bafouille du jour est consacrée à l'un de ces breuvages maousse dont les gros ont le secret : Ingredient Quest. Avec cette problématique posée dès le titre : qu'est-ce que l'Ingredient Quest ? Une bière ou un dessert ? Ne vous en faites pas, je ne pense pas être aussi c.. que je ne veux m'en donner l'air : j'ai bien compris qu'il s'agit d'une bière à la base. Mais avec des saveurs aussi caractéristiques que les siennes, il est permis d'envisager de poser la question. Il suffit pour ça ne serait-ce que de se référer à la liste des ingrédients utilisés pour sa réalisation : outre les habituels céréales (malts d'orge et de seigle et flocons d'avoine), houblons, levure et eau, on y trouve aussi du cacao, de la vanille et de la noix de coco. Pour le reste, elle est de fermentation haute et refermentée en bouteille et titre 10 % de teneur en alcool. Une bière forte donc qu'on dégustera idéalement aux alentours des 12° C.

Ingredient Quest


Au visuel, l'Ingredient Quest se pare d'une robe noire opaque, de consistance huileuse, surmontée d'une éphémère mousse brun-orangé, presque rougeâtre selon la lumière, collante en petits morceaux de dentelles épars, très peu persistante.

Au nez, cela n'empêche que le breuvage exhale des arômes prononcés aux fortes notes de cacao évoquant tour à tour le chocolat chaud et le... Bounty grâce à de perceptibles touches de noix de coco, mais au chocolat noir le Bounty. Une agréable torréfaction entoure chaleureusement tout ça, qui est elle-même enveloppée de subtiles notes alcoolisées. 

En bouche, l'attaque est douce, à peine effervescente, de texture liquoreuse. Le corps est épais et liquoreux, où le cacao coco domine de façon prononcée, avec une très légère pointe vanillée, pour finir sur un morceau de chocolat au lait trempé dans du café noir. On termine sur une discrète amertume grillée, atténuée par la présence de l'alcool qui rend le breuvage plus chaleureux à chaque gorgée.

Un imperial stout tout ce qu'il y a d'agréable et surtout doux avec son indiscutable saveur chocolat coco et sa fine sucrosité. La vanille se pointe de temps à autre, histoire d'accentuer la douceur, juste équilibrée par une bonne torréfaction sur la fin de bouche. Alors bière ou dessert ? Bon la réponse n'est pas surprenante hein, c'est une bière. Mais elle peut faire à elle toute seule un bon dessert. Et elle accompagnera fort bien un riche dessert au chocolat.

La brasserie :
The Piggy Brewing Company
40 avenue du Gard
54460 Liverdun
www.thepiggybrewingcompany.com

mardi 21 mai 2019

Le Craft Beer Pub : au coeur de la région et la région à coeur

Il y a quelques jours, je me suis enfin donné l'occasion de visiter un lieu dont je suis pourtant l'évolution, voire les aventures, depuis de nombreux mois. Non, ce n'est pas une brasserie. Je vais encore faire dans l'originalité, et vous parler d'un bar à bières cette fois-ci. Il s'agit du Craft Beer Pub, situé à Dijon. Bien que ne m'y étant jamais rendu et ne connaissant ni Cécile, ni Thomas, ses gérants, il me tenait à cœur depuis quelques temps d'en parler. J'en apprécie le concept et je tiens à le soutenir dans sa démarche.

Niché au coin de la rue de la Préfecture et du boulevard de La Tremouille, le Craft Beer Pub offre une vue sympathique sur la place de La République qui, il faut bien le dire, est devenue plutôt superbe depuis quelques années. Difficile de trouver meilleur emplacement pour cet établissement que le cœur de la ville qui est elle-même le cœur de la Bourgogne. Voire de la grande région Bourgogne-Franche Comté. Je dis "voire" pour laisser planer un doute, histoire de ne pas trop froisser les potes Bisontins... 😉

Cécile, venue de l'Association Régionale des Industries Alimentaires de Bourgogne, et Thomas, venu du milieu des travaux publics, se sont associés pour ouvrir ce fameux Craft Beer Pub, le 29 juin 2017. Avec un objectif en tête : proposer à la consommation le maximum de produits régionaux, avec bien évidemment une place centrale consacrée aux bières des brasseries régionales, qui sont maintenant légion. "Il existe aujourd'hui une offre qui, même il y a deux ans, n'existait pas encore et qui ne fait que se développer, que susciter un engouement croissant, et c'est vraiment sympa de voir ça pour des entreprises locales, ça veut dire que la qualité est au rendez-vous", se réjouit Cécile qui, tout comme Thomas est une passionnée de bière de longue date, et de bière locales forcément. Et ce n'est pas moi, pourtant Belge d'origine (donc censé faire preuve d'un chauvinisme exacerbé en matière de bières), qui la contredirai sur cette constatation. Pour le reste, quasiment tout (seul le tonic n'est pas d'ici même), des rhums et whiskies aux moindres softs et sirops en passant par les liqueurs et spiritueux, est issu de producteurs et marques de la région dont voici quelques noms : Couvreur, Maldant, Briottet, Pontarlier, Elixia, Védrenne, Nectars de Bourgogne, et j'en passe peut-être... Bref, la volonté clairement affichée est de soutenir un pan de l'économie locale, et d'avancer avec elle. En particulier l'économie brassicole locale, la bière étant, vous l'aurez compris, le réel cœur de métier du Craft Beer Pub.

Ses onze becs pression ont permis au Craft Beer Pub de pouvoir, dès le début, se placer dans le sillage d'une offre déjà plutôt développée. Et comme cette dernière n'a cessé de grandir depuis, Cécile et Thomas commencent à se demander si onze sont suffisants... "On pratique un turn-over régulier sur les fûts à la pression, les changements pouvant même se produire en pleine soirée, mais on se dit souvent qu'on aurait bien conservé telle ou telle bière plus longtemps à la pression", m'a encore confié Cécile. À quand une deuxième série de becs avec une gamme permanente ? 😉 En attendant, ce système permet tout de même au Craft Beer Pub de présenter régulièrement des nouveautés en exclusivité. Ainsi avec la Black IPA, concoctée par la Brasserie des Ducs et leur potes de la Brasserie La Tuilerie situés à Metz, une Black IPA que bien peu d'autres ont pu présenter à la pression. Ainsi aussi, depuis peu, avec une nouveauté venue d'une cité où il est davantage question de vin que de bière : la Belenium Pale Ale, de Beaune, qui devrait bientôt apparaître en bouteille chez les cavistes, si ce n'est déjà fait (à suivre...). On peut aussi citer les bières d'une brasserie dont on trouve difficilement les bouteilles chez nous, et encore plus difficilement de pinte pression : la Baboon, de la Brasserie des Babouins Jurassiens. Pour la Saône-et-Loire, citons la Brasserie Artisanale de Bourgogne, de Chagny. Enfin, autre originalité à la pression, le Craft Beer Pub propose des bières issues de recettes que Cécile et Thomas ont travaillées avec Les Bières du Donjon, brasserie de Clamecy (présente à la pression) que j'ai eu l'occasion de présenter brièvement il y trois ans, en même temps que sa Baronne, blanche assaisonnée aux boutons de rose. Ainsi sont nées l'Aodh, inspirée du Prénom du fils de Thomas (Aodhan), et la Julot, inspirée du prénom du fils de Cécile (Jules). La première est vive et relativement sèche, aux saveurs miellées et caramélisées (5.5 % alc.), lorsque l'autre se révèle elle aussi vive mais avec un caractère bien plus épicé, sur la girofle notamment (5.5 % alc.). Concernant cette dernière, Cécile a proposé, comme elle le fait avec tout le monde vu sa particularité épicée, de me la faire goûter avant de m'en servir un demi. En grand aventurier que je suis, j'ai bien sûr refusé. Mon palais, plutôt aguerri, a été agréablement surpris. L'initiative de faire goûter une lichette avant le demi est pourtant la bienvenue, tout le monde n'ayant pas forcément le palais aussi aventurier que le mien... (comment ça je me vante ? Oui ben on peut bien s'envoyer un peu de fleurs une fois de temps en temps...). Une troisième est à venir d'ici peu.

Les onze becs pression mis à part, que dire de la multitude de bières bouteille proposées à une clientèle de plus en plus curieuse ? Sont représentées, comme à la pression, de grosses brasseries telles que Rouget de Lisle (avec, entre bien d'autres, la BM Signature n° 10, une sour au jus de framboise) et la Brasserie de Vézelay, comme les petites dernières telles Independent House ou la Brasserie des Ducs. Celles qui sont devenues de grands classiques de la région dijonnaise sont forcément présentes. Ainsi l'inévitable Mandubienne de la Brasserie des Trois Fontaines (Bretenière), la non moins incontournable Brasserie Élixkir (Quétigny), ou celle dont j'ai du mal à me passer, par affection pour ses brasseurs comme pour ses bières, la Brasserie La Roteuse (Brochon), et j'en passe... Parce qu'il y a aussi la Saône-et-Loire et ses Two Dudes ou sa Rustine avec les bières de cette dernière (celles des Dudes ne sauraient tarder...), mais aussi le résultat de leur collaboration d'il y a plusieurs mois : la Pepper Project, stout titrant 7 % de teneur en alcool agrémenté de poire et de poivre. Une carte bien fournie, mais que Cécile et Thomas tentent de rationaliser afin de lui assurer une certaine permanence avec régularité et fraîcheur des produits, quitte à ajouter un complément volant avec les nouveautés éphémères du moment. Mais, comme pour la pression, je ne vais pas en dire trop : il s'agit d'aller découvrir sur place... Et de toute façon, j'en écris toujours trop !

Une petite visite ?

Le Craft Beer Pub en quelques photos

Bienvenue au Craft Beer Pub et sa petite terrasse sur un large trottoir donnant sur la place de La République, cadre plutôt sympa quand il y a un rayon de soleil.
La salle principale, où se trouve le comptoir, équipée d'un fumoir (pas négligeable pour les fumeurs frileux et, pour le bar, afin d'éviter au maximum le tapage aux abords du pub)...



... à laquelle s'ajoute une deuxième salle derrière le comptoir, pour une capacité totale de 148 personnes.

Une multitude de becs pression et des frigos pleins de belles bouteilles.

Enfin, la salle principale peut s'adapter en vue de recevoir des concerts, ici dans le coin.
Pour compléter le tableau, il faut enfin savoir que le Craft Beer Pub, c'est aussi une cuisine afin de préparer de petites planches apéritives, un caveau frais pour conserver les bouteilles mises en réserve et les fûts non encore percutés, un autre caveau abritant les fûts reliés aux becs pression ainsi que trois groupes froids permettant le fonctionnement de cette rangée de becs plutôt impressionnante. 

Bref, le Craft Beer Pub est un endroit sympa, qui ne peut que faire rêver l'amateur de bières artisanales de Bourgogne-Franche Comté, situé en plein cœur de la capitale régionale. Avec un concept plaisant et une sélection soigneuse, issus de la philosophie suivie et développée par Cécile et Thomas, consistant à faire vivre un pan de l'économie locale et, pour paraphraser Cécile, à "travailler avec les gens qu'on aime, et les produits qu'on aime". C'est pourquoi il s'agit d'un endroit où l'on trouvera ce qui se fait de mieux dans la région, et qui offre une belle vitrine aux nombreux artisans-brasseurs qui ont envahi nos contrées ces dernières années. Il est recommandé de ne pas mettre autant de temps que moi pour aller y faire un tour...

The Craft Beer Pub
1 boulevard de La Trémouille
21000 Dijon

mardi 14 mai 2019

Une originalité signée Bon Poison

Il m'a été donné il y a déjà quelque temps, au hasard d'un passage au Comptoir des Bières (un hasard, vraiment?), de découvrir et déguster une bière des plus surprenantes. Au détour d'une conversation, Pascal m'a parlé d'une brasserie située à Metz, appelée Bon Poison, dont il envisageait de rentrer certains produits. C'est ainsi que j'ai eu vent de la Microbrasserie Bon Poison. Je n'en connais que très peu de choses, je ne m'étendrai donc pas dessus. Et je n'ai donc pas eu droit à n'importe laquelle de ses bières...

C'est la Bon Poison Peated que Pascal m'a servie. "Peated", pour ceux qui ne connaîtraient pas, signifie "tourbé". À l'image de nombreux whiskies, une partie (tout au moins) du malt qui a produit cette bière a été séché au feu de tourbe lors du maltage. C'est donc un malt fumé d'un genre un peu spécial qui ne pouvait de ce fait donner qu'une bière fumée sortant tout à fait des classiques du genre, qui peuvent aller jusqu'à sentir le lard fumé ou le feu de bois, voire la suie... Bien qu'encore limitée, ma connaissance des whiskies tourbés est toutefois suffisante pour savoir ce que cela peut donner. Mais je m'attendais à ce que ce soit plus discret que dans ce puissant alcool. Et là - oh surprise ! - le verre était à peine servi, je n'avais pas encore eu le temps d'y plonger le nez que la tourbe envahissait déjà ce dernier. S'il n'y avait pas les vapeurs alcoolisées qui ne trompent pas, la confusion avec un whisky bien tourbé aurait presque pu être totale. J'ai été très agréablement surpris. Et c'est cette Bon Poison Peated qui m'a donné envie d'explorer la gamme plus en détails. Mais j'y reviendrai peut-être plus tard. De fermentation haute et refermentée en bouteille, elle titre 5,5 % de teneur en alcool. C'est donc une bière légère, mais qu'on boira par petites lampées pour bien la savourer, sans avoir peur de la déguster aux alentours des 10° C. Et à condition d'aimer ce qui est fumé, tourbé, car dans le cas contraire, vous l'aurez à peine sentie que vous voudrez jeter votre verre...

La Bon Poison Peated


Au visuel, elle se pare d'une robe bond foncé, trouble, aux reflets ambrés. Et elle se coiffe d'une tête de mousse blanc cassé, collante en petits morceaux de dentelles, bien persistante mais en un fin voile.

Au nez, elle exhale des arômes prononcés et typiques de la tourbe, avec des notes caractéristiques de fumée de bois vert, humide, et de cuir aussi. Le tout assorti d'une touche épicée.

En bouche, l'attaque est douce, d'effervescence modérée. On débouche sur un corps rond aux saveurs douces et moelleuses, où la tourbe s'avère moins prononcée qu'au nez. Il dégage des saveurs de malt pâle, panifiées, légèrement toastées, accompagnées de notes miellées et entourées de la touche fumée qui ne se fait pas oublier. On sent une pointe épicée en fin de bouche, avant une tranchante amertume mêlant notes grillées et herbacées, bien persistante. On a en revanche un gros retour tourbé rétro-olfactif, avec ses notes de cuir et d'épices. 

Au nez, cette bière est vraiment très surprenante avec ses arômes de tourbe, à la puissance desquels on ne s'attend pas. En bouche, les flaveurs sont plus équilibrées avec une belle complexité de saveurs qui contrebalancent savamment la tourbe. Cette dernière se fait plus subtile et réapparaît puissamment avec la rétro-olfaction. La rondeur et le moelleux du corps ne gâchent rien, qui sont eux aussi bien équilibrés par une amertume affirmée. Une bière des plus agréables à déguster. À condition, répétons-le, de ne pas avoir peur de tout ce qui est fumé et tourbé. Mais de mon point de vue, c'est une belle surprise, et une corde de plus à mon arc de dégustations. 


Microbrasserie Bon Poison
13A rue du XXe Corps Américain
57000 Metz
Contact via le site
ou la page Facebook

lundi 6 mai 2019

Un site à suivre...

Depuis quelques mois, la "toile" s'est enrichie d'un nouveau site de vente en ligne à la démarche sympa. "Mais que vient-il nous parler de site de vente en ligne sur un blog dédié aux bières ? Il part vraiment en vrille, le pauvre !" Si j'en parle ici, vous vous doutez bien que ça ne va pas être un site de vente en ligne de pelotes de laine... Effectivement, il s'appelle Find a Bottle (https://www.findabottle.fr/). Littéralement, vous l'aurez compris, on traduit cela par "Trouver une bouteille". C'est la mission que ses créateurs, Samy et David, se sont donnée lorsqu'ils sont partis à l'aventure, autour du vin et de la bière. Ces deux Bourguignons épicuriens et passionnés se sont lancés dans la vente en ligne avec l'objectif de nous faire accéder facilement à des productions artisanales pour les bières, de petits ou grands domaines peu connus pour les vins, originales et sélectionnées après dégustation sur place dans tous les cas. Des productions qui arrivent difficilement jusque chez nous par les biais traditionnels, sauf si on vit à côté. Je ne surprendrai personne en annonçant d'ores et déjà que la présente bafouille parlera surtout des bières de ce site. D'une part du fait que ce blog est dédié à la bière, d'autre part du fait que, même si je m'en sors mieux sur le sujet depuis quelques mois, je reste tout de même une bonne grosse bille concernant les vins... Toutes mes excuses à Samy et David pour cette impasse délibérée ! Mais on me pardonnera, d'un autre côté, d'évoquer tout de même un peu le vin, une fois n'est pas coutume...

La présente bafouille présentera ce que l'on voit sur le site lorsque l'on est un client lambda qui sait à peine se servir d'Internet, voire qu'Internet pourrait avoir tendance à énerver si ce n'est pas simple d'utilisation. Quelqu'un comme moi en fait... Et ce que l'on peut trouver assez facilement en se baladant sur le site, c'est le principe qui a présidé à sa création. David et Samy ont déjà passé une bonne partie de leur vie sur les routes à la recherche des meilleurs produits, déjà bien avant que ne naisse l'idée du site. Des années à déguster et rencontrer de nombreux producteurs, à créer des liens avec eux. C'est en partie de là qu'est venue l'idée de proposer des produits rares, difficiles à obtenir par les biais traditionnels, et de mettre en avant leur(s) producteur(s). Ce site, ils le veulent simple et humain, notamment du fait que c'est bel et bien un humain qui répondra à nos questions et non un machin automatique à algorithmes. Une preuve : j'ai fait un jour une ébauche de commande, que je n'ai pas pu terminer et, dans les heures qui ont suivi, Samy s'est enquis par un mail personnel de savoir si j'avais connu un problème sur le site lors de ma commande. Et chaque commande est accompagnée d'une petite attention, voire d'un petit mot personnalisé.


Premiers pas : des ventes privées
Jusqu'à il y a peu, le site fonctionnait uniquement par ventes privées. On était invité à créer un compte permettant l'accès aux ventes en cours, d'avoir connaissance des ventes à venir, et d'avoir la possibilité d'être prévenu de leur mise en route. Concernant les bières, il a été, dès le début, possible d'accéder à des bouteilles individuelles à panacher par 12, ou à des packs découvertes spécifiques à une brasserie, à un style de bière, à une sélection spéciale Find a Bottle... En vue de ces ventes privées, les bouteilles sont conservées à la brasserie jusqu'au début de la vente, moment où elles sont acheminées à l'entrepôt Find a Bottle de Courbevoie. L'objectif est de les conserver dans des conditions optimales jusqu'au moment de la vente, qui ne dure en général qu'une semaine ou deux. Ajoutons, pour un côté pratique, qu'on peut avoir connaissance en temps réel de l'état du stock pour chaque produit.

Que ce soit pour la bière ou le vin, chaque vente propose une présentation détaillée du/des producteur(s), de son/leur parcours, et des styles de vins ou bières produits. Un certain nombre de brasseries bourguignonnes sont bien entendu présentes. Concernant ces dernières, peu de surprises pour moi avec Elixkir, Belenium, Independent House, Hexagone & Ales, Maddam, Thibord (un peu plus au Nord) Two Dudes (par lesquels j'ai, pour la première fois, eu vent de Find a Bottle)... Ce sont des brasseries venues d'ailleurs que j'ai pu découvrir, telles celle de la Vallée du Giffre, La Bouledogue, Toussaint, Bon Poison...

Un blog rattaché au site fonctionne aussi depuis le début, avec différentes rubriques comme un peu de culture, de gastronomie, d'Histoire, de petits conseils ou de petits portraits... Dernièrement, une partie de l'article sur les accompagnements du repas de Pâques conseillait certaines bières maturées en fûts pour accompagner les desserts. Ils y a quelques mois, j'en avais lu un sur les accords mets-fromages, notamment au temps des raclettes et fondues. J'ai déjà quelques notions, mais j'avais été content de le trouver...

Une précision, peut-être moins passionnante, mais pas forcément inutile : la livraison se fait en 24 à 48h (j'ai essayé, c'est vrai !) par Chronopost pour des tarifs variant de 5.90€ à 9.90€, selon les conditions, qu'on trouve facilement sur le site (je ne vais pas vous barber avec ça). Ou gratos, mais pour ça, il faut vivre dans les environs de Courbevoie pour aller directement récupérer sa commande à l'entrepôt.

Depuis peu, une nouvelle formule
J'ai découvert il y a à peine deux jours, que la formule du site avait un peu changé. De fait, il propose désormais une gamme permanente de vins et de bières. La "Cave à bières", comme l'intitule le site, présente les produits de toutes les brasseries présentées en ventes privées jusqu'à aujourd'hui. On a encore et toujours la vision en temps réel de l'état du stock pour chaque produit ou coffret. On trouve facilement ce que l'on cherche avec les habituels filtres par brasserie, style, coffrets ou sélection Find a Bottle. On trouve aussi des "sous-filtres" (je ne sais pas si on appelle ça comme ça...) triant encore les bières par profil, région d'origine, prix, format ou... selon si l'on est vegan ou pas... (et là, j'en ai appris une bonne : t'es vegan, t'as droit à moins de styles de bière que les autres. Eh ben, vous n'êtes pas près de m'avoir avec vous les gars !).

Par ailleurs, Samy et David proposent désormais aussi des services sur-mesure tels qu'un accompagnement suivi et détaillé pour choisir les bons vins en vue d'un mariage. Avec un détail non-négligeable : ils proposent aussi la location de la tireuse et des fûts de bière qu'on devrait trouver dans tout événement de ce type (de mon point de vue de mec qui n'a bu quasiment que de la bière à son propre mariage hein...). Mais aussi des dégustations de bières en entreprise, de façon informelle entre collègues, sur différents thèmes détaillés dans l'onglet "Services sur-mesure". Enfin, ces services comprennent de même le segment des cadeaux d'entreprise : Find a Bottle s'occupe de tout, de l'accompagnement à la sélection des produits, jusqu'à leur envoi aux clients.

Si vous êtes arrivé jusqu'ici sans vous endormir ou sans passer à autre chose, vous aurez pu remarquer que, sans faire d'études poussées dans le domaine d'Internet, on peut trouver pas mal de choses sur ce site, simple d'utilisation, tout en étant riche d'informations et agréable à suivre. "Mais combien l'ont-ils payé pour qu'il parle aussi longuement de ce site, et dans un style aussi élégant ?" (Bon, j'avoue que sur la fin de la phrase, je m'envoie quelques fleurs...). Eh... ben rien du tout ! Je n'avais aucune obligation de le faire. La démarche et la philosophie m'ont plus dès le début car ce sont celles que je m'efforce de suivre de mon côté. Et tout simplement parce que David et Samy ont réussi à mettre en oeuvre ce que j'avais moi-même envisagé de construire comme projet de site de vente en ligne, consacré aux bières artisanales. J'avais imaginé une philosophie similaire et quant aux dégustations-ventes thématiques, j'en ai animé un certain nombre entre 2014 et 2018 chez les particuliers comme en entreprise. Ils ont réussi là où je n'ai pas su, ou peut-être pas assez voulu, aller jusqu'au bout (la peur d'Internet ? Allez savoir...). J'aurais au contraire pu être jaloux, mais est-ce que ça en vaut la peine ? On a suffisamment de problèmes au quotidien qui font mal à la tête pour y ajouter de l'aigreur...

Alors félicitations à eux et longue vie à Find a Bottle !

Une chose à retenir : https://www.findabottle.fr/

samedi 6 avril 2019

La Potion Triple Rhum : histoire d'une "collab"

Les fans de la Brasserie La Roteuse et ceux qui suivent l'actualité du magasin Hyperboissons Dijon ont sans doute vu fleurir, sur leur "mur" Facebook, des publications vantant les mérites d'une nouvelle bière en édition limitée. Eh bien cette dernière est le fruit d'une "collab", comme on dit chez les brasseurs "in", d'un genre nouveau.

L'histoire débute au printemps 2018 avec une autre collab : à cette époque débutèrent effectivement six mois de vieillissement d'un rhum caribéen de la Compagnie des Indes, embouteilleur indépendant, dans un fût de Banyuls, fameux vin doux naturel du Sud de la France. Ce fût, placé face à l'entrée du magasin, n'a bien évidemment pas échappé à Antoine et Baptiste lors de leurs livraisons de bières. Ainsi naquit l'idée d'utiliser ce fût, une fois le rhum qu'il contenait embouteillé, pour y faire vieillir une bière. L'affaire fut vite conclue : Hyperboissons céda gracieusement le fût et, en échange, récupéra le privilège de commercialiser une partie des bouteilles de bière qui en seraient issues. Je parle de "privilège" car on a affaire à un fait tout bonnement exceptionnel : ces bouteilles ont été étiquetées dans la gamme éphémère "La Potion", d'ordinaire uniquement disponible à la brasserie. 

C'est donc de cette façon que se mit en place cette collaboration, à laquelle j'ai pu apporter ma (très très trèèèès) modeste contribution en tant que... euh... goûteur... Ben oui, vous vous attendiez à quoi d'autre venant de moi ? Entre la mise en fût de la bière et sa mise en circulation, je suis passé à la brasserie environ toutes les deux semaines - toutes les semaines dans les périodes fastes - pour suivre l'évolution.

Ceux qui lisent de temps en temps mes petites bafouilles savent qu'il y a déjà été question de la Potion triple d'Antoine et Baptiste il y a une bonne année, voire plus. Ceux qui atterrissent pour la première fois sur ce blog (pauvres d'eux !) l'ont peut-être déjà goûtée. Quant à ceux qui abièrissent ici pour la première fois et qui ne l'ont jamais goûtée, je les invite à se rendre chez les compères, où cette triple va désormais être disponible toute l'année. Tout ça pour dire que, comme l'indique mon titre, il est ici question de triple. C'est tout simplement leur Potion triple que Baptiste et Antoine ont mise à vieillir dans ce fameux fût de Banyuls qui a abrité durant six mois un rhum de la Compagnie des Indes. On ne va donc pas se re-farcir la présentation de la triple (pour se rafraîchir la mémoire, suivre le lien ci-dessus ou en fin de bafouille), mais parler un peu du vieillissement. À peine mise en fût, la fermentation est repartie de plus belle, à tel point qu'au début, il s'avérait presque impossible de poser une bonde sur le trou central du fût : dans les heures qui suivaient, elle était par terre. Cette nouvelle étape de fermentation a duré des semaines, à tel point qu'Antoine et Baptiste se demandaient si elle allait s'arrêter un jour. Finalement, ça a tout de même fini par s'atténuer, et la bonde a fini par ne plus faire "pop !". On a commencé à déguster, et longtemps nous nous sommes dit que la puissance était là, mais que l'aromatique avait du mal à se mettre en place. Mais ça a finalement réussi. Une fois embouteillée, il fallut encore patienter : le bouquet devait encore se fixer, les bulles arriver. Ces dernières se sont faites attendre elles aussi, occasionnant encore quelques moments de doute. Ce qui explique la durée du vieillissement de cette bière. Enfin arriva le moment où elle a paru idéale, et donc le moment de connaître son taux d'alcool. Après analyse, il s'est avéré qu'il s'élevait à 10 %. D'une bière à 7 % semi-forte, on est arrivés à une bière forte en cinq mois, qu'il ne faut pas hésiter à déguster à température de cave, en la laissant même respirer un peu une fois versée, avant de la porter à ses lèvres.

La Potion "Triple Rhum"

On peut la boire seul si l'on assume le fait d'être un gros ivrogne...

... ou (c'est recommandé) en bonne compagnie !
Au visuel, elle s'habille d'une robe blond foncé légèrement trouble, aux reflets ambre claire. Sa tête de mousse blanche est épaisse et compacte d'abord, bien collante en fins morceaux de dentelles, bien persistante en un fin col.

Au nez, les arômes se montrent bien perceptibles, d'abord épicés évoquant une triple de caractère. On la laisse "s'ouvrir" un peu et on sent arriver des arômes plus doux et fruités, se traduisant notamment par des notes de pomme et, plus discrets, de poire et mirabelle.

En bouche, l'attaque est vive et sèche. Mais elle débouche sur un corps de texture riche et moelleuse, d'où se dégagent des saveurs où le fruit domine d'abord avec des notes de pomme et poire, ainsi que de plus exotiques d'orange et autres agrumes plus amères, le tout mêlé de notes d'épices prononcées. L'alcool, auquel le rhum donne un coup de fouet se mêle à tout ça sur la fin de bouche de façon fulgurante, et tranche le moelleux du corps dans le vif avec puissance et chaleur. L'amertume de fin de bouche, aux notes herbacées et de pelures d'agrumes, apporte elle aussi sa part pour équilibrer le moelleux du corps et la chaleur alcoolisée, discrètement persistante.

Au-delà d'une dose d'alcool supplémentaire, son vieillissement en fût de rhum a donné à cette bière de belles notes fruitées, un peu plus discrètes dans la triple classique, plus de moelleux aussi passée la sécheresse de l'attaque, et tellement plus de chaleur. Le côté Banyuls du fût semble malheureusement avoir été supplanté par le caractère fruité et alcoolisé du rhum. Les traits boisés que l'on peut trouver dans d'autres bières vieillies en fûts n'apparaît pas. On se trouve ici à la croisée des chemins entre le caractère épicé et fruité d'une triple et la puissance chaleureuse d'un barley wine. À vous de voir de quel côté vous pencherez... Comme une triple, elle peut supporter des plats épicés ou un bout de chocolat blanc (ou la tablette, là encore c'est vous qui voyez...). Mais comme un barley wine, elle devrait se montrer capable d'équilibrer un fromage de caractère tel qu'un Comté plus de 24 mois, un Époisses, un Langres voire même un bleu costaud comme du Roquefort. Bref, une "collab" qui a donné un résultat plutôt sympa ! 

mercredi 27 mars 2019

Petit passage chez Elixkir

Le petit sujet de bafouille du jour est très loin d'être le scoop du siècle, voire même d'être un scoop tout court... La Brasserie Élixkir a une tap room ! Ça c'est de la nouvelle, non ? Plus sérieusement, il est bien certain que les amateurs de bière dijonnais et des alentours sont au courant que la brasserie a déménagé il y a pas loin d'un an, de Couternon à Quétigny. Et que Guillaume et Amélia l'ont dotée d'une tap room. Mais en bon "journaliste" toujours sur le pont et à la page, j'ai mis une petite année à trouver le temps de m'y rendre pour une petite visite. Mais c'est enfin fait. 

Il y a effectivement une petite année que le couple de brasseurs a décidé d'investir dans des locaux plus spacieux et fonctionnels, situés aux abords de la zone commerciale "Grand Quétigny".

Une brasserie difficile à louper...

Dès l'entrée, on pénètre dans la tap room. Mais au fait, c'est quoi une tap room ? Je suis certain que certains se posent déjà la question... Traduit littéralement, ce terme new wave of brewers signifierait "salle des robinets". En gros, c'est la salle aux becs pression, celle où l'on boit un coup quoi... Effectivement, Amélia et Guillaume se sont munis d'une licence de consommation sur place leur permettant de servir à boire à leurs visiteurs qui désireraient se faire une petite mousse, du galopin à la pinte. Et c'est donc sur cette belle salle neuve que s'ouvre la porte d'entrée.

Une belle tap room boutique, avec même un petit cours de brassage au mur.

Pas moins de six becs pression pour satisfaire le maximum de visiteurs, et le reste en bouteilles fraîches.
Et comme il est possible de visiter toute la brasserie, on peut avoir un aperçu de ce qu'il se passe derrière, de l'endroit où tout se joue pour nous sortir leurs petites merveilles. Un local de près de 450 m² où sont entreposés cuves de brassage, d'ébullition et fermenteurs, qui côtoient les chambres chaudes et froides où mûrissent et sont conservées lesdites petites merveilles. Le tout pour une production qui s'élève aujourd'hui à près de 800 hectolitres à l'année. Il le faut car la demande est là, tant du côté des bars et restaurants que de celui des cavistes. Mais aussi à la boutique directement, pour laquelle le déménagement a été bénéfique : "on était déjà contents à Couternon, on l'est encore plus ici", m'a confié Guillaume. La tap room en elle-même ne draine pas encore beaucoup de monde, mais ils envisagent de développer un peu la com autour d'elle dans l'avenir. Alors commençons dès maintenant ! Si vous êtes à Quétigny et, qui plus est, dans la zone commerciale (à tout hasard, hein...), que vous en avez ras-la-casquette des magasins ou d'attendre votre conjoint ou votre conjointe qui pourlèche les vitrines, allez vous faire un petit plaisir. Et même si vous n'êtes pas aux alentours mais cherchez un endroit différent où siroter une tite mousse, c'est à essayer. On a la certitude de trouver au moins une bière qu'on aime...

Petit rappel pour ceux qui veulent en savoir plus sur Elixkir, et suivre la brasserie : 

Pour y aller : 
7 rue de l'Enclume
21800 Quétigny

Les contacter : 
09 82 30 77 00
ou via Facebook

Horaires d'ouverture de la tap room à consulter directement sur la page Facebook de la brasserie.

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mercredi 13 mars 2019

Elixkir : après la Part des Hommes, la Part du Lion

Amélia et Guillaume ne s'arrêtent plus ! C'est bien évidemment pour vous parler d'une autre de leurs récentes créations que cette bafouille est présentée à votre approbation, vous l'aurez compris. Vous vous dites peut-être que ça fait beaucoup d'Élixkir... Ben vous êtes encore loin du compte ! Si je devais présenter toutes les créations récentes des petits prodiges d'Élixkir, j'y passerais mes nuits ! Comment j'exagère ? Bon d'accord, peut-être un peu... Il reste tout de même qu'ils nous sortent des nouveautés, éphémères ou pas, à une fréquence relativement élevée. Mais je ne présente pas tout : d'autres dégustations s'offrent à moi, tout ne peut pas me plaire - ce serait trop beau - et puis... ben j'ai un boulot et une famille quand même ! "Oah, le gars y fait style il est overbooké !"

Bref, il n'y a pas longtemps, je vous décrivais ma dégustation de leur très bon stout impérial, ainsi que le plaisir que ce dernier m'avait procuré. Cette fois, avec un degré d'alcool et une puissance similaires, place à l'Élixkir Barley Wine, sous-titrée "La Part du Lion" (la part de celui qui est sur l'étiquette, je pense : je la lui laisse en tout cas, l'a pas l'air commode...), à ne pas confondre avec leur gamme de bière vieillie en fûts, nommée "La Part des Hommes". Pas besoin de  vous faire un dessin sur le style de bière qui sera décrit ici : certains diraient que "seuls les vrais sachent", mais pour ceux qui ne connaîtraient pas, il peuvent en retrouver la petite histoire - ou légende - en suivant ce lien La "Burgonde 10" : la Côte-d'Or fait aussi du vin d'orge. Je ne vous en ferai pas plus sur la brasserie et ses deux brasseurs : là aussi, "seuls les vrais sachent" et, pour ceux qui voudraient devenir des vrais, rendez-vous en fin de bafouille avec pleins de liens à suivre.

Ce barley wine est composé de différents malts d'orge : pâle en grande partie pour amener tous les sucres fermentescibles nécessaires à un degré d'alcool élevé ; mais d'autres aussi, plus colorés car torréfiés à plus haute température, pour la couleur assez sombre en général de ce type de bière, ainsi que pour lui donner une partie de son complexe bouquet. Une autre partie de ce bouquet est amenée, bien évidemment, par le houblon. Deux houblons sont intervenus pour ce barley wine : le houblon El Dorado tout d'abord, un américain aromatique et amérisant aux notes de fruits tropicaux surtout et, plus discrètes, de poire et melon ; le houblon Bramling Cross, un aromatique britannique, donc utilisé en fin d'ébullition et/ou en dry-hopping, aux notes de fruits frais tels que le cassis.

Le processus de brassage de ce barley wine, plutôt complexe, s'est inspiré d'une méthode appelée le "Parti-Gyle". "Houlalalalaaa, qu'est-ce qu'il nous pond encore comme terme new wave of brewers ?", entends-je déjà... Eh ben raté ! Rien de new wave là-dedans, cette méthode anglaise étant tout ce qu'il y a de plus traditionnelle et utilisée depuis le XIXe siècle au moins, par des brasseries telles que Fuller's (Londres), ou Bass (Burton Upon Trent, haut lieu historique du monde brassicole anglais). La méthode consiste à empâter une première fois avec peu d'eau, sans rincer les drêches de façon à obtenir un moût à haute densité en sucres. L'opération peut-être réitérée avec le grain restant une deuxième fois, voire une troisième, en obtenant des jus de densité chaque fois moins élevée. Le but peut être de mélanger les différents moût obtenus pour créer telle ou telle bière. Dans le cas du barley wine, seul le premier moût est utilisé et mis directement à fermenter après ébullition : haute densité en sucres fermentescibles égale forte teneur en alcool. Mais, comme vous le savez peut-être, la marque de fabrique d'Élixkir, c'est d'aimer la tradition, faire vivre des styles de bière historiques, mais à sa sauce... Alors si on s'arrêtait là, ce serait trop simple et moins drôle. D'où mon expression "inspiré du Parti-Gyle". Ils m'ont expliqué avoir en fait procédé à un "double mash". Bon là, pour le coup, je vous concède que ça fait très terme new wave of brewers. Le double mash est une méthode dont l'objectif est d'obtenir un moût de très haute densité initiale et, en prolongement, un degré d'alcool élevé une fois la fermentation terminée. La méthode consiste à faire un premier empâtage filtré, sans trop rincer le gâteau. Ce jus déjà bien sucré va ensuite servir de base à un deuxième empâtage puisqu'on va verser une nouvelle tournée de malt, non pas dans de l'eau comme à l'accoutumée, mais dans ledit moût. Après une seconde filtration, on obtient un moût à la densité encore plus élevée. Ce dernier est ensuite, très classiquement dans le processus de brassage, porté à ébullition avant d'être envoyé en fermenteur afin de laisser les levures faire leur travail et donner une bière au degré d'alcool important. Il y a évidemment eu refermentation en bouteille par la suite de façon, notamment, à gazéifier un peu le breuvage. Ils ont ainsi abouti à une bière titrant 11 % de teneur en alcool, une bière donc très forte qu'on peut déguster à une température de cave. Normal pour un vin d'orge : imaginez boire un vin rouge glacé... J'espère vous avoir appris une ou deux petites choses avec ces procédés plutôt complexes. En tout cas, moi j'en ai apprises avec ce barley wine. Et pour ceux qui n'auraient pas suivi, je ne peux faire bien mieux, y ayant moi-même mis le temps. Quant à ceux qui se sont endormis, ben... réveillez-vous, on n'a pas fini ! 

Élixkir Barley Wine


Au visuel, s'offre aux yeux une robe rousse trouble aux reflets rouges vifs à cuivrés, surmontée d'une tête de mousse abondante et vive, foncée aux tons jaunes à orangés, collante en fines dentelles serrées et entremêlées, persistante en un mince voile à la surface.

Au nez, les arômes sont bien perceptibles et doux, aux notes de fruits rouges confiturés , la cerise notamment, et caramélisées. On décèle aussi des tons biscuités et de fruits secs.

En bouche, l'attaque est douce et légèrement effervescente. Le corps lui aussi se montre doux, riche et soyeux. Ses saveurs font davantage ressortir les fruits secs qu'au nez, ainsi que son côté caramélisé, biscuité, voire brioché. Les notes de fruits rouges sont toujours présentes, mais davantage sous forme de fruits macérés dans l'alcool. le tout est enveloppé d'une chaleur alcoolisée marquée et persistante, qui vivifie un peu ce moelleux. L'amertume de fin de bouche se montre marquée et persistante, tranchante avec ses notes herbacées. Elle persiste assez peu, cédant la place au côté chaleureux de cette bière, qui s'installe pour longtemps.

Un barley wine bien exécuté, de mon point de vue, où l'on retrouve tout ce que l'on y cherche : richesse et douceur de texture, corps bien charpenté, saveurs puissantes et complexes, amertume suffisante à équilibrer un corps moelleux et riche, chaleur enveloppante et persistante. Cette dernière provoque un certain bien-être pour peu qu'on savoure le breuvage par petites lampées, ce qui ne gâche rien... Un barley wine à savourer sans rien d'autre qu'un canapé et un peu de musique, un bouquin ou un bon film. Mais il peut aussi accompagner de la viande braisée légèrement épicée, de la charcuterie fumée, un morceau de roquefort et/ou de vieux cheddar, une tarte tatin ou encore une tarte aux fruits rouges.

Petit rappel pour ceux qui veulent en savoir plus sur Elixkir : https://www.brasserieelixkir.fr/

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