La Brasserie Burgonde de Vitteaux, en Côte-d'Or, s'est forgée une belle réputation depuis sa création en 1999. Sa gamme désormais bien développée y est pour beaucoup, qui peut satisfaire tous les goûts avec les classiques ambrée, blanche, blonde et brune, mais aussi avec les plus spéciales comme la Cervoisétorix et l'IPA. Mais il y a aussi les saisonnières comme la "Noël" et la "Printemps".
Mais il en existe une beaucoup moins répandue puisque vendue uniquement à la brasserie : la "Burgonde 10". Cette dernière est ce que l'on appelle, dans le jargon des brasseurs et amateurs de bières, un "barley wine", ou vin d'orge. Il s'agirait d'une invention anglaise du XVIIIe siècle due, selon certaines versions que j'ai trouvées lors de mes recherches, à la volonté des élites de consommer des produits plus costauds et savoureux que les bières traditionnelles. Selon d'autres versions, cela viendrait des taxes exorbitantes imposées sur les vins venus de France suite à des conflits anglo-français. Le vin français étant devenu hors de prix ou introuvable, les brasseurs auraient mis tout leur savoir-faire en oeuvre afin de produire des bières au degré d'alcool puissant, se rapprochant de celui du vin, et aux saveurs fortes et fruitées. Quelle version est la bonne ? Bonne question... Mes recherches m'amèneraient plutôt à privilégier un mélange des deux. Il reste que ce type de bière s'est popularisé aux XIX et XXe siècles et se trouve maintenant un peu partout dans le monde, et donc aussi en France, en Bourgogne où on ne fait donc pas uniquement du vin de raisin...
Voici le breuvage en question :
Voici le breuvage en question :
La "Burgonde 10" est donc un "barley wine", c'est à dire une bière de fermentation haute tirée du mélange de plusieurs malts cuits à différentes températures pour lui donner sa couleur, ayant une teneur en alcool souvent supérieur à 10 % (10 % pour celle-ci justement), qui mature assez longtemps, soit en cuve, soit en fût (celle-ci est vieillie en fût de chêne). Elle est refermentée en bouteille pour compléter l'alcoolisation et la gazéification de la bière, mais aussi afin de lui donner un goût évolutif au fil du temps. Elle se boit presque à température ambiante (15°C c'est pas mal...)
Aspect. Au premier abord, dans sa bouteille même, cette bière, comme le précise la mention "sur lie", présente un épais dépôt de levure dans le fond, qui pourrait en effrayer plus d'un. Mais il faut surmonter cela et ouvrir la bouteille. Attention ! L'ouverture se fait sur une bière très vive dont la mousse risque fort de vous jaillir sur les mains. On peut enfin verser, soit tout d'un coup avec la lie qui formera un dépôt au fond du verre, soit sans la lie qu'on laissera dans la bouteille avec environ 2 cm de fond. Une fois dans le verre, cette bière présente une robe brune aux reflets rougeâtres de vieux vin. La levure, toujours en partie en suspension, la rendra trouble mais il ne faut pas y voir un problème. Elle est surmontée d'un col de mousse blanc cassé, crémeuse et persistante.
Arômes. Ce beau col de mousse dégage des arômes fruités et vineux, agréables pour qui aime le vin. S'y mêlent des notes assez prononcées de levure, ainsi que de légères notes de torréfaction. Des arômes assez forts et caractéristiques d'une bière très particulière, qui surprennent mais attisent la curiosité.
Bouche. Très légèrement acidulée en entrée, cette bière présente rapidement un corps rond et moelleux plein de saveurs de fruits rouges, mais aussi de notes vineuses prononcées dues à la maturation en fût de chêne. L'alcool participe de cette grande douceur, mais se fait sentir par une certaine chaleur, sans être mordant. Suit une légère amertume et une longue persistance sur le vineux.
Une bière à ne pas forcément mettre entre toutes les mains, ou dans toutes les bouches... Il faut, à mon sens, une certaine curiosité, un certain amour de la bière et avoir déjà habitué son palais à d'autres sortes de bières que les classiques industrielles. Au-delà de certains aspects qui pourraient repousser (lie épaisse, effervescence...), c'est une bière tout ce qu'il y a de plus douce et chaleureuse. Elle mérite l'intérêt des connaisseurs et des amateurs. Elle a une petite soeur, vieillie en cuve, et qui présentera donc moins de saveurs, mais tout autant de douceur fruitée. A la brasserie au milieu de toutes ses soeurs, dont on reparlera, la "Burgonde 10" mérite le détour. Et pourquoi ne pas l'essayer avec un bon boeuf bourguignon !
NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.
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