mercredi 9 décembre 2015

La Chargeoise "En Aparté" : place à l'exotisme !

Je continue ma petite série consacrée à la brasserie franc-comtoise de La Rente Rouge, basée à Chargey-lès-Gray (Haute-Saône), avec sa Chargeoise "En Aparté", proposant "une parenthèse houblonnée".
Une parenthèse pleine d'exotisme par deux aspects, qui sont le mode de houblonnage de cette bière, et le bouquet qui découle en grande partie de cette façon de faire.
La Chargeoise "En Aparté" est effectivement en partie houblonnée selon la technique du "dry hopping" (ou houblonnage à cru) : elle consiste à ajouter une certaine quantité (selon les objectifs du brasseur) de houblon à la bière déjà fermentée au moins une fois. Le houblon étant ajouté à froid, il va pouvoir diffuser ses arômes de façon bien plus considérable dans la bière que lorsqu'il est ajouté lors de l'ébullition, celle-ci provoquant l'évaporation d'une grande partie de ces arômes.
Le(s) houblon(s) ajouté(s) - Mathieu Bernard, le brasseur de la Rente Rouge, tient à garder le secret sur leur identité - sont eux-mêmes exotiques du fait qu'ils ne sont pas européens mais américains, ou océaniens, ou asiatiques. Ce qui donnera à la bière un bouquet de saveurs de fruits exotiques, d'agrumes, de résine...
Ceci mis à part, il s'agit d'une bière de fermentation haute, ambrée, titrant 6.5 % de teneur en alcool, ce qui en fait une  bière semi-forte, qu'on boira aux environs de 8° C.

La voici :


Au visuel, elle arbore une robe ambrée foncée aux reflets cuivrés, légèrement trouble, surmontée d'un col de mousse blanc cassé plutôt épais et persistant. Rien que ce col persistant lui donne déjà un aspect attrayant.

Au nez, ce col de mousse dégage des arômes tout aussi attrayants pour qui est un amateur de bières curieux de connaître autre chose. Elle dégage des arômes légers mais fruités (fruits exotiques) et résineux de houblon. Le tout accompagné de pointes grillées venues du malt.

En bouche, l'entrée se fait sur la douceur et le moelleux donnant sur un corps aux saveurs de fruits exotiques accompagnées de notes caramélisées et grillées. On finit sur une amertume résineuse franche et une persistance assez longue sur le résineux et le grillé. 

Une ambrée aux saveurs d'ailleurs, type IPA (on en reparlera...), bien agréable, entre douceur exotique et amertume atypique. Et pour l'accompagner, Mathieu Bernard préconise des choses qui aient du goût, comme des fromages à croûte lavée forts comme de l'Epoisses, du Langres, du Livarot, du Maroilles, ou encore de la boulette d'Avesnes - bref, que des petites choses très... aromatiques -, ou de la volaille.



lundi 30 novembre 2015

La Barista (by Kasteel), une bière qui a tout d'un dessert...

La Barista est la nouvelle arrivée, sous nos cieux en tout cas, de la brasserie Van Honsebrouck basée à Ingelmunster, en Belgique. La marque "Kasteel" est la marque historique de la brasserie avec ses Triple, Donker, rouge, Hoppy, etc... Mais elle a aussi ses "sous-marques", si on peut les appeler comme cela, qui sont en fait des bières d'exception, de prestige : la Trignac, vieillie en fûts de Cognac, la Kasteel Cuvée Château, et maintenant la Barista.

Nous avons affaire à une bière de fermentation haute titrant 11 % de teneur en alcool, une bière forte donc, à l'image de nombre des bières de la brasserie, que ce soit de la marque "Kasteel", ou des autres marques brassées chez Van Honsebrouck, telles que la Brigand ou la Filou. 

La voici : 


Au visuel, elle arbore une robe brun foncé, quasi-opaque, avec de très légers reflets rouges cuivrés. Elle est surmontée d'une mousse fine couleur ivoire, faisant penser à une mousse de café expresso. Une mousse persistante tout le long de la dégustation.

Au nez cette fine mousse dégage, pour dire les choses comme elles sont, des arômes de dessert au chocolat-café, un bon moka. Le tout accompagné de pointes alcoolisées qui ne gâchent rien.

En bouche, elle se montre moelleuse à souhait avec un corps caramélisé aux notes de moka prononcées. L'amertume qui suit, légère, se distingue du corps par ses accents fruités de houblon, très fugaces. La chaleur alcoolisée monte ensuite et persiste assez longuement, accompagnée de cette saveur de dessert que rarement bière avait pu me procurer.

Elle n'est pas qualifiée de bière de Noël, mais fait son apparition au même moment que ces bières de saison, et ce n'est certainement pas anodin, étant donné son bouquet plus que prononcé et sans ambiguïté, mélangeant cacao, café, caramel, tout ce qu'il y a de plus agréable. Cette bière de dégustation accompagnera merveilleusement bien une bûche chocolatée, au café, ou au caramel.

lundi 26 octobre 2015

La Chargeoise brune : force et noirceur

La dernière des bières "classiques" de la Brasserie de La Rente Rouge (Haute-Saône), la Chargeoise brune, est aussi la plus forte et la plus corsée des trois. Elle allie puissance - 7 % de teneur en alcool - et noirceur tant par sa couleur que par son bouquet. Là où La Chargeoise blonde et la Chargeoise ambrée étaient marquées par la légèreté alcoolisée et la douceur pour l'une, l'originalité résineuse pour l'autre, on a affaire ici à un produit correspondant bien à la réputation des brunes traditionnelles : plus d'alcool, saveurs fortes, amertume développée.

La voici : 


Comme ses deux soeurs, la Chargeoise brune est une bière de fermentation haute refermentée en bouteille. Elle titre 7 % de teneur en alcool, ce qui la met au niveau de bière semi-forte et non de bière légère. Elle est la dernière née des classiques de La Rente Rouge, un bébé d'à peine deux ans et demi. Comme une grande majorité de brunes, il convient de la boire plutôt à température de cave, autour des 12° C.

Au visuel, elle offre une robe d'un brun très foncé, presque noir, laissant passer de légers reflets allant du cuivré à l'acajou. Elle est surmontée d'un col abondant de mousse brun clair, persistante.

Au nez, le col de mousse laisse échapper des arômes marqués de grillé et même de céréales torréfiées, se traduisant par des arômes de café et de chocolat noir.

En bouche, elle se montre légèrement moelleuse en entrée de bouche. Là-dessus se développe un corps plein de sécheresse mêlant chocolat noir et torréfaction. La fin de bouche révèle une amertume modérée de café noir et une persistance torréfiée moyenne.

Une bière brune qui, par définition, ne plaira pas à tout le monde de par son bouquet corsé de torréfaction, de grillé et de chocolat noir, venu des différents malts utilisés par Mathieu Bernard pour la concevoir. Par là, elle correspond bel et bien à la réputation traditionnelle des brunes sèches, corsées et amères. Même si elle ne plaira pas à tout le monde, ceux qui passent outre leurs appréhensions ne sont en général pas déçus.

lundi 19 octobre 2015

La Chargeoise ambrée

Voyons la Franche-Comté en plus foncé avec une deuxième bière de la Brasserie de La Rente Rouge, basée à Chargey-lès-Gray, que j'ai brièvement présentée dans un précédent article (La Chargeoise blonde, parlons un peu Franche-Comté).

On avait commencé en légèreté et fraîcheur avec la Chargeoise blonde, introduction tout en douceur de la gamme "La Chargeoise". On continue avec la bière plus corsée et sombre que voilà : 


Cette bière artisanale, à base de 5 malts différents, est de fermentation haute et refermentée en bouteille. Ce qui occasionne la présence d'un "lit" de levure au fond de la bouteille. Elle titre 4.8 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière légère comme sa soeur blonde. Elle fera des merveilles si elle est bue autour des 10° C, donc surtout pas trop fraîche.

Au visuel, elle offre une robe ambrée orangé aux reflets cuivrés (oui, je sais, ça ne se voit pas sur la photo... C'est à améliorer...) sous le trouble assez important occasionné par la levure présente dans la bouteille. Sa mousse, éphémère, présente un col blanc cassé à beige.

Au nez, ce col de mousse exhale un arôme fruité légèrement acidulé, accompagné de notes résineuses et grillées plutôt bien prononcées. 

En bouche, cette bière se révèle finement pétillante et d'une certaine rondeur due aux nombreux malts utilisés. Elle révèle des pointes de fruits secs et des notes prononcées de céréales grillées et de résine. L'amertume de fin de bouche, bien que modérée, révèle un résineux prononcé. 

Cette bière dégage un bouquet d'arômes et de saveurs prononcé et agréable, ce qui en fait une bière de dégustation originale. Et notamment grâce au(x) houblon(s) utilisés qui équilibre(nt) efficacement la rondeur due aux différents malts utilisés, avec de belles notes résineuses. Elle accompagne bien, paraît-il, le Mont d'Or... Sa légèreté permet d'y retourner plusieurs fois sans ressentir trop d'effets. A tester ! 

lundi 12 octobre 2015

La Chargeoise blonde, parlons un peu Franche-Comté !

Après un large détour par la Brasserie de La Gleize, petite commune des Ardennes belges chargée d'histoire, et sa gamme "La 44" (La 44 blancheLa 44 ambréeLa 44 brune cuvée spécialeLa 44 Tiger triple), je vais m'intéresser de près à une brasserie que je connais déjà plutôt bien pour avoir vendu une large part de sa gamme. Il s'agit de la brasserie franc-comtoise de La Rente Rouge, créée en 2009 et basée sur le territoire de la commune de Chargey-lès-Gray, département de la Haute-Saône.

Je dis "sur le territoire" car, cette précision mise à part, on ne soupçonnerait en aucun cas l'appartenance de cette brasserie à une quelconque commune tant elle paraît isolée du reste du monde, en rase campagne. On y accède par des petits chemins de campagne à peine goudronnés nous donnant l'impression d'accéder à un monde totalement différent, mais tellement plus tranquille. Cela permet au brasseur Mathieu Bernard de brasser en toute tranquillité, ainsi que d'organiser périodiquement de petits événements tels que des concerts afin de faire vivre sa brasserie et de se faire connaître.

La Brasserie de La Rente Rouge a beau être isolée, une fois que l'on a goûté ses bières, on ne regrette pas du tout d'avoir fait le chemin pour y aller. Depuis que je les connais, elles n'ont pourtant jamais fait l'objet d'articles sur ce blog, alors qu'elles y auraient pourtant toute leur place. On va réparer ça... Commençons logiquement, une fois n'est pas coutume, avec la première née de la brasserie, la Chargeoise blonde, que voici :


Bière artisanale donc, et de fermentation haute, elle est refermentée en bouteille. On y trouvera donc, comme c'est le cas pour de nombreuses bières, un petit "lit" de levure au fond de la bouteille, totalement inoffensif. Cela ne sert qu'à gazéifier la bière, qui sort souvent presque plate de la fermentation initiale, et à compléter son alcoolisation. Elle titre 4.8 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière légère. On peut la boire très fraîche, mais ce serait rater pas mal de choses au niveau du bouquet : 8-9°C me paraissent bien.

Au visuel, cette bière arbore une robe dorée légèrement trouble (du fait de la présence de levure dans la bière), surmontée d'un col de mousse blanche, crémeuse et persistante. Une belle dentelle colle à la paroi du verre.

Au nez, cette mousse blanche offre des arôme floraux et épicés prononcés dus aux houblons aromatiques ajoutés lors du brassage, tous européens. Le tout est accompagné de légères touches céréalières.

En bouche, elle offre une entrée moelleuse et finement pétillante qui laisse place à un corps tout aussi floral et épicé qu'au nez. L'amertume de fin de bouche, modérée, est cependant persistante et rafraîchissante.

Une bière certes légère et agréablement rafraîchissante, mais qui n'en est pas moins aussi une bière de dégustation du fait de son bouquet floral et épicé bien marqué. Ce bouquet prononcé permet notamment de la citer en exemple pour faire comprendre le rôle que le houblon joue dans l' "assaisonnement" d'une bière. A découvrir.

Pour découvrir la brasserie plus en détails : 

Où trouver la Chargeoise blonde ? 
- Crèmerie "La Grapillotte", 26 rue Monge à Dijon ou 5 rue des Grandes Varennes à Ahuy (21121) ;
- Cave "Bières des Terroirs", 28 rue Crebillon à Dijon, www.bieresdesterroirs.fr ; 
- à la Brasserie de La Rente Rouge à Chargey-lès-Gray (70100) bien entendu ; 
- Et sûrement chez bien d'autres, que je ne connais pas encore : qu'ils se manifestent ! ;-)
A tous en tout cas, n'hésitez pas à dire que vous venez de la part de "Secrets de Bières", ça leur fera zizir ! 

lundi 5 octobre 2015

Suite et fin de la série "44" : La 44 Tiger Triple

On en arrive à la dernière bière de la Brasserie ardennaise de La Gleize que j'ai eu la possibilité de déguster, la 44 Tiger Triple. Je ne reviendrai évidemment pas sur l'histoire de la Brasserie et de son nom, ayant déjà développé cet aspect dans le premier article de ce petit "feuilleton", La 44, une gamme de bières pour la mémoire. Juste une petite précision au sujet du nom de cette bière : "Tiger" fait référence au blindé "Tigre" qui trône encore dans le village de La Gleize, ainsi que sur l'étiquette des bières de la brasserie, vestige de l'offensive allemande, heureusement avortée, de décembre 1944.

La 44 Tiger triple, dans la tradition des bières triples belges, est une bière de fermentation haute relativement puissante, titrant 8 % de teneur en alcool. Elle est brassée à partir de trois malts différents, utilisés en quantités importantes, notamment pour alcooliser cette bière, mais aussi pour lui donner des saveurs puissantes, comme doivent l'être celles d'une bonne triple belge. Et comme toute triple belge qui se respecte, elle est refermentée en bouteille. Les brasseurs recommandent de  la boire fraîche, sans être plus précis sur la température, mais comme toute triple relativement bien alcoolisée qui se respecte, elle ne devra pas se boire glacée sous peine d'en louper bien des saveurs et des arômes. La voici : 



Au visuel, cette bière arbore une belle robe jaune-orangé légèrement trouble du fait de la présence de levure dans la bouteille (refermentation en bouteille oblige, rien de dangereux là-dedans, comme d'habitude). La robe est surmontée d'un beau col blanc, persistant et laissant une belle dentelle collante sur la paroi du verre.

Au nez, la mousse dégage des arômes prononcés et complexes mêlant le biscuité, le fruité et l'épicé, avec une prédominance sur le fruité des fruits jaunes.

En bouche c'est une bière qui, bien que développant un mélange de saveurs de fruits jaunes et d'épices, ne tient malheureusement pas les promesses que laissaient entrevoir ses arômes prononcés. Ses saveurs sont assez discrètes et son corps, plutôt moelleux, se termine par une amertume franche mais bien fugace. Même la persistance en bouche est courte avec des saveurs qui s'effacent très rapidement de la langue. 

Une bière au bel aspect et au bouquet intéressant, mais qui ne tient malheureusement pas ses promesses en bouche. Soit il y a encore du travail à fournir sur la puissance des saveurs et sur la longueur en bouche, soit je suis tombé sur une mauvaise bouteille, ce qui peut toujours arriver. Dès que j'ai la possibilité de la re-déguster, je pourrai comparer mes impressions et, peut-être, faire des modifications.




lundi 28 septembre 2015

La "44", nouvel épisode : la brune "Cuvée Spéciale"

Et c'est parti pour une troisième bière de la "Brasserie de La Gleize", la fameuse "44" qui doit son nom à la date de 1944 et... ah ben j'en ai déjà parlé je crois : La 44, une gamme de bières pour la mémoireLa 44 ambrée, suite de la série "44"...

Si j'en ai déjà parlé, passons tout de suite à l'objet de ce nouveau post : la "44" brune "Cuvée Spéciale". La voici : 


La "Cuvée Spéciale" brune de la Brasserie de La Gleize est une bière de fermentation haute, refermentée en bouteille, comme c'est souvent le cas avec des bières de fermentation haute, afin de compléter l'alcoolisation et la gazéification de la bière. Elle est brassée à partir de cinq types de malt différents : du malt pâle pour l'alcoolisation bien évidemment et des malts plus sombres pour la couleur et les saveurs. Ce qui en fait, aux dires des brasseurs, une bière de caractère. Elle titre 6.5 % de teneur en alcool et se boit à température de cave. Ce qui confirme une fois de plus que contrairement à une idée reçue fortement ancrée, les bières sont bien loin de toutes se boire très fraîches ou glacées (il paraît que la pédagogie, c'est répéter, répéter, répéter ! Eh bien vous n'avez pas fini d'entendre parler des bières qui ne se boivent pas glacées !).

Au visuel, c'est une bière à la robe sombre quasi-opaque qui s'offre au regard, surmontée d'un col de mousse couleur ivoire surabondante au début, avant de s'atténuer et de ne plus laisser qu'un col mince mais persistant. Un phénomène d'abondance que l'on ne trouvait pas chez ses deux soeurs, la blanche et l'ambrée.

Au nez, ce franc col de mousse laisse se dégager des arômes légers et discrets mais tout de même prometteurs sur le caractère de la bière. Apparaît ainsi un mélange d'arômes grillés et caramélisés, accompagnés de légères touches épicées. 

En bouche, comme il s'agit d'une bière refermentée en bouteille avec une levure anglaise pour lui donner le type "Scotch", aux dires des brasseurs encore une fois, je m'attendais à une ale bien caramélisée du genre "Scotch Silly" (Brasserie de Silly, Belgique), ou "Mac Douglas Scotch Ale" (brasserie Anthony Martin, Belgique). Eh bien encore une fois, la Brasserie de La Gleize, se démarque des styles bien établis. C'est une bière vive qui offre bien une rondeur caramélisée en début de bouche, mais légère et mélangée à des notes grillées et torréfiées assez prononcées. Comme au nez, de légères notes épicées apparaissent, de façon assez fugace, avant de laisser la place à une amertume modérée à légère et à une persistance en bouche sur le grillé et le torréfié.

Une bière de dégustation dont le côté "Scotch" m'a quelque peu échappé pour davantage me donner l'impression d'une bière, certes de caractère, mais de caractère plus dur du type "Porter", voire "Stout" léger. La Brasserie de La Gleize bouscule encore les styles en proposant une scotch ale bien éloignée des types conventionnels doux et bien caramélisés.

lundi 21 septembre 2015

La 44 ambrée, suite de la série "44"

On continue le petit "feuilleton" sur le sujet de la gamme de bières de la brasserie de La Gleize, cette petite commune des Ardennes belges connue pour être le lieu du début de la défaite allemande dans son offensive de l'hiver 44 (La 44, une gamme de bières pour la mémoire).

C'est, cette fois, le tour de la "44" ambrée, surnommée "Nuts !". Elle titre 6 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière semi-forte, à boire à une température de 7-8° C. J'ai commencé à la boire fraîche, et elle s'est avérée plus savoureuse lorsqu'elle a commencé à se réchauffer. La voici : 


Au visuel, elle présente une robe ambrée claire et limpide (ça ne se voit pas sur la photo, d'accord, mais elle était trop fraîche et ça a fait de la buée sur le verre... personne n'est parfait...). Elle est surmontée d'une mousse blanche moyennement abondante, qui fait une belle dentelle sur le verre. Une mousse bien persistante ! 

Au nez, ce col de mousse exhale des arômes fruités (fruits jaunes) et miellés avec de petites touches épicées et résineuses.

En bouche, c'est une bière vive aux saveurs tout d'abord fruitées et un tantinet acidulées, accompagnées de touches de céréales légèrement grillées. Le houblon s'exprime à travers des saveurs résineuses et épicées. L'amertume, modérée, laisse place à une persistance tout aussi modérée de l'aspect résineux de cette bière.

Une bière dont le côté acidulé lui enlève la douceur qui compenserait le côté épicé et résineux du houblon. Mais c'est en revanche ce qui fait d'elle une originalité parmi de nombreuses autres bières ambrées belges, justement marquées par la douceur. Et c'est ce qui fait qu'elle mérite d'être goûtée, chacun devant se faire sa propre opinion.



lundi 14 septembre 2015

La Vitteaux blonde

La Vitteaux blonde, comme la Burgonde 10 et la Vitteaux "Printemps" que j'ai déjà eu l'occasion de présenter, est brassée de manière artisanale à la Brasserie Burgonde, basée à Vitteaux (Côte-d'Or). La brasserie exerce son art depuis 1999, sous la direction du brasseur Nicolas Bretillon. Elle s'appela tout d'abord Brasserie du Roy jusqu'en 2003, puis association des brasseurs amateurs de l'Auxois (2004-2007).

La Vitteaux blonde a traversé toute l'histoire de la Brasserie Burgonde puisqu'elle fut parmi les deux premières créées, en 1999, avec la Vitteaux ambrée. Il s'agit, comme ses soeurs, d'une bière de fermentation haute. Elle est non-filtrée après la fermentation, ni pasteurisée, d'où son trouble naturel. Elle est refermentée en bouteille, d'où le "lit" de levure que l'on peut constater au fond de la bouteille. Cela permet notamment de conserver la bière longtemps au frais, mais aussi de faire évoluer son goût au fur et à mesure du temps. En grand passionné, Nicolas Bretillon l'a toujours brassée dans le respect des traditions du brassage artisanal, d'où un succès qui ne se dément pas... depuis le siècle dernier ! 

Elle titre 6 % de teneur en alcool, ce qui en fait une bière semi-forte. Nicolas Bretillon conseille de la déguster idéalement entre 10 et 12° C. 

Une température conseillée qui, au passage, tord le cou à cette tenace croyance qu'une bière se boit forcément à basse température, voire glacée. Je n'ai jamais beaucoup insisté là-dessus, mais il faut savoir que très nombreuses sont les bières qui ne se boivent PAS très fraîches ou glacées ! Une température de consommation trop basse , comme s'agissant du vin, casse les arômes et saveurs de la bière dans de très nombreux cas. Et on ne peut pas en profiter au maximum, voire on rate l'essentiel. Voilà une information à diffuser autant que possible pour ne plus se faire rire au nez quand on dit que telle ou telle bière ne doit surtout pas être bue glacée, voire qu'elle ne doit même pas être mise au frigo...

Bref, refermons la parenthèse et voyons à quoi ressemble cette fameuse "Vitteaux blonde" : 


Au visuel, nous avons une bière à la robe dorée lumineuse, légèrement trouble. Elle est surmontée d'un col de mousse blanche laissant une belle dentelle sur la paroi du verre. Une mousse moyennement persistante.

Au nez, la mousse dégage des arômes légers et doux de malt pâle, faisant penser à du pain cuit. S'y mélangent des arômes fruités de fruits jaunes, ainsi que des notes herbacées de houblon et épicées. Une pointe miellée agrémente le tout.

En bouche, on a une bière douce et rafraîchissante, qui propose une entrée sur le moelleux du malt et du fruité, accompagné de notes épicées. La fin de bouche propose une amertume modérée à marquée, herbacée. Pour finir, la bière persiste en bouche sur l'épicé.

Une bière sympathique, qui présente un mélange de douceur rafraîchissante et de saveurs agréables. Elle se déguste autant qu'elle rafraîchit et c'est un bon équilibre. Et en plus, ce qui ne gâche rien, elle peut accompagner aussi bien un apéritif épicé qu'un plat de viande aux herbes ou épicé ou encore un fromage dur et fort. Une bière qui mérite la réputation qu'elle s'est forgée depuis 16 ans.

Brasserie Burgonde, 
10 rue de Verdun
21350 Vitteaux

Nicolas Bretillon se fera un plaisir de vous y recevoir de 14h à 18h le vendredi.

dimanche 6 septembre 2015

La 44, une gamme de bières pour la mémoire

Voilà le début d'une "série", ou d'un "feuilleton", ou de ce que vous voulez, sur une brasserie artisanale que j'ai récemment découverte, implantée à La Gleize, petite commune des Ardennes belges située dans la Province de Liège.

Une petite commune pourtant bien connue des historiens et passionnés de la Seconde Guerre Mondiale. C'est effectivement sur le territoire de La Gleize que se joua le sort de l'une des dernières grandes batailles de la partie européenne de ce grand gâchis mondial. Rappelons-nous qu'en décembre 1944, l'armée allemande lança une importante offensive blindée dans les Ardennes belges afin de tenter désespérément de contrecarrer l'avancée alliée, quasi-continue depuis l'été précédent. Après un début d'offensive plutôt réussi, les Allemands durent finalement reculer. Et La Gleize est une commune d'où, encerclés par les Alliés, les Allemands durent s'enfuir en laissant une énorme quantité de matériel derrière eux. C'est ce fait de guerre de La Gleize qui est considéré comme l'élément principal qui mena les Allemands à la défaite dans les Ardennes. Pour plus de détails, je vous invite chercher plus d'explications. Depuis, La Gleize a gardé certains vestiges, dont l'un des blindés laissés sur place par les Allemands. Un musée consacré à cette bataille a même été érigé par des passionnés de la période, face à ce blindé (Le Musée December 44).

Mais passons aux bières de La Gleize proprement dites. La brasserie est toute jeune puisqu'elle a à peine plus d'un an, née en juin 2014. Elle reprend à fond le thème de ce fait de guerre important, et du travail de mémoire développé tout autour depuis 71 ans. Ainsi, les étiquettes arborent toutes une étoile à 5 branches jaune sur fond noir. Sur cette étoile trône un blindé frappé du nombre 213, en référence au blindé n° 213 gardé intact face au Musée December 44. Enfin, le nom de "La 44", est-il besoin de le préciser, se réfère à la date de 1944.

J'ai, pour le moment, eu le loisir de goûter la 44 blanche, que voici :


Nous avons donc là une bière artisanale blanche, brassée comme toute bière dite blanche avec du malt d'orge ainsi que du froment. Le houblon n'a bien évidemment pas été oublié, sans que je puisse malheureusement être plus précis sur sa sorte et sa provenance pour l'instant... De fermentation haute, comme la plupart des bières blanches, elle est refermentée en bouteille, ce qui laisse un matelas de lie au fond de la bouteille. Rappelons, comme d'habitude, qu'il n'y a vraiment rien à craindre de ce dépôt. Elle titre 5.5 % de teneur en alcool, et les brasseurs conseillent de la déguster à une température comprise entre 6 et 8° C.

Au visuel, bien que dite "blanche", cette bière arbore une robe plutôt foncée, tirant presque sur l'ambré, avec des reflets blonds pâles à la lumière. Elle est trouble, comme toute bière blanche et est surmontée d'un col de mousse blanche très (trop ?) fugace (mais peut-être est-ce dû au verre qui n'était pas forcément adapté, mais c'est l'un de mes verres de dégustation préférés pour sa capacité à conserver les arômes de la bière... Enfin bref !). 

Au nez, la mousse nous offre des arômes beaucoup moins citronnés que ceux d'une blanche classique belge. Ce qui s'explique par le fait que ce n'était pas l'objectif recherché par les brasseurs. C'est une blanche bavaroise qu'ils ont voulu faire, c'est-à-dire sans ajout d'épices, au contraire des blanches typiques belges. Ces arômes sont plus donc plus doux, alliant des notes fruitées et vanillées, et des notes plus herbacées de houblon.

En bouche, on trouve une bière douce offrant des saveurs fruitées et vanillées, tout comme au nez. S'y ajoutent d'importantes notes fleuries, et une touche citronnée au "grumage". L'amertume en fin de bouche est légère, mais persistante assez longtemps en bouche une fois la gorgée avalée.

Une bière intéressante sans être forcément extraordinaire. Elle est cependant différente, et c'est un atout : je m'attendais à une blanche belge épicée classique et j'ai été surpris de boire autre chose. C'est le propre des brasseries artisanales de proposer autre chose que les produits "institutionnels", et de ce côté là, c'est plutôt réussi. Différente, douce et rafraîchissante.



NB. Les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'ils peuvent servir d'indications.

samedi 29 août 2015

La Rochefort 10, une belle et solide brune, bel et bien trappiste !

J'entends déjà les grands amateurs et connaisseurs du monde de la bière se demander quel est l'intérêt d'un énième article sur une bière déjà archi-connue et reconnue internationalement. Et de même se demander pourquoi préciser dans le titre qu'elle est "bel et bien trappiste", ce qui peut paraître d'une évidence criante.
Eh bien je leur répondrai que c'est loin d'être d'une évidence criante pour tout le monde, y compris certaines personnes se disant "grands connaisseurs" de la bière et ne se gênent pas pour débiter des âneries grosses comme eux. Ainsi il y a peu, j'ai eu affaire lors d'un marché à une personne affirmant bien connaître les bières belges qui, voyant écrit en gros sur les étiquettes de Rochefort la mention "Trappiste", prit son air important de donneur de leçon et dit : "Rochefort ? Trappistes ? Je n'en suis pas sûr. A votre place, je me méfierais. Il n'existe qu'une seule vraie bière trappiste, et c'est la Chimay !"
Deux belles c... sur deux phrases, pas mal... J'ai bien essayé de discuter un peu mais cela semblait peine perdue avec ce "grand connaisseur" des bières belges. 

Bref, ce petit exemple tout bête montre qu'il faut souvent répéter des choses qui peuvent paraître évidente ! 

Que signifie le terme "trappiste" ? Il vient de l'Abbaye bénédictine de la stricte observance de La Trappe, fondée en Normandie au XVIIe siècle. Elle essaima par la suite notamment vers les Provinces Unies, actuelles Belgique et Hollande, mais aussi en France. Les moines trappistes "élaborent et commercialisent différents produits, afin d'assurer leur propre subsistance et de venir en aide aux personnes dans le besoin" (www.trappist.be, site de l'Association Internationale Trappiste, ou AIT). Parmi ces produits, la bière, produite par onze abbayes trappistes sur les 20 que compte l'AIT : Achel (Bel.), Scourmont-lès-Chimay (Bel.), Rochefort (Bel.), Orval (Bel.), Westmalle (Bel.), Westvleteren (Bel.), Tilburg (Hol.), Mont des Cats (Fra.), Zundert (Hol.), Spencer (USA), Tre Fontane (Ita.). 
La bière y est brassée selon des recettes monastiques, soit par les moines eux-mêmes, soit de plus en plus sous leurs surveillance, leurs effectifs diminuant sans cesse (ben oui, qui peut bien vouloir être moine aujourd'hui ? ).
Tous les produits issus des abbayes trappistes sont estampillés "Authentic Trappist Product", appellation jalousement protégée par l'AIT. Et que voit-on sur les étiquettes des bières brassées à l'abbaye Saint-Rémy de Rochefort (Belgique, région de Namur) ? Ce petit logo hexagonal : 


Alors les pseudo-connaisseurs, regardez les étiquettes avant de remettre en cause le caractère trappiste d'une bière telle que de la Rochefort, que ce soit la 6, la 8 ou la 10 ! Et sachez que l'appellation "trappiste" est protégée légalement et que toute abbaye brassant de la bière et l'affichant "trappiste" sans être reconnue par l'AIT est passible de poursuites...

Mais n'oublions pas l'objet premier de cet article : la Rochefort 10


Nous avons là une bière brassée à partir de malt pâle pour les surcres fermentescibles, et de malts foncés pour la couleur et les saveurs. Sans oublier le houblon, qui y participe aussi bien évidemment. Je dois rester vague, malheureusement, sur la composition précise, le(s) houblon(s) utilisé(s), les malts brassés... Il est en tout cas certain qu'il s'agit d'une bière de fermentation haute, très forte puisqu'elle titre 11.3 % de teneur en alcool. Elle ne titre effectivement pas 10 % comme l'étiquette pourrait nous le faire croire. Ce chiffre 10 correspond à "une ancienne mesure de densité , le degré légal belge mesuré sur les moûts [liquide sucré résultant du mélange entre l'eau chauffée et les céréales, maltées ou non] avant fermentation de chaque type de bière. (Abbaye Saint-Rémy de Rochefort : visite au coeur d'une bière trappiste (article de lachope.com))

Au visuel, cette bière affiche une robe brun foncé, intense, aux très légers reflets cuivrés. Elle est surmontée d'une mousse ivoire abondante et persistante tout au long du verre.

Au nez, ce col de mousse dégage des arômes doux et moelleux de fruits, donnant l'impression (ne rigolez pas...) de sentir une tarte aux fruits rouges et noirs. Des arômes qui ne rendent pas compte du degré d'alcool de cette bière puisque l'alcool y est à peine perceptible. Cela ne gâte rien, un alcool trop perceptible aux arômes est susceptible de faire reculer certaines personnes avant de goûter. Et ce serait bête de rater cette bière juste pour ça.

En bouche, on commence sur une attaque douce, moelleuse, liquoreuse même, de fruits noirs. C'est à ce moment que l'alcool se révèle : après la douceur de l'attaque, se développe une saveur de fruits rouges macérés dans l'alcool, accompagnée d'une chaleur alcoolisée assez intense pour une bière. Cet alcool dont on sent bien la présence - sans qu'il soit dérangeant pour autant, et c'est là l'une des grandes qualités de cette bière - atténue l'amertume. Cette dernière se révèle donc assez discrète, mais ne se fait pas oublier. On finit par une persistance en bouche assez longue sur le fruit alcoolisé.

A mon avis l'une des meilleures bières d'abbaye trappiste parmi toutes celles que nous propose l'AIT. L'équilibre entre un fort degré d'alcool, une belle douceur et une amertume juste assez développée pour éviter l'écoeurement, me semble plutôt parfait. Une belle et bonne brune que les vrais amateurs de bières fortes apprécieront toujours, mais qui constitue aussi une belle introduction pour ceux qui sont habitués à plus légers et veulent s'essayer à des sensations plus fortes. 

NB. Les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'ils peuvent servir d'indications.

Elle est disponible et à commander sur www.secretsdebieres.fr


jeudi 18 juin 2015

La Bobeline blonde

Il y a quelques mois, j'avais consacré un post à la bière de Spa appelée la Bobeline Black Label (La Bobeline Black Label), qui m'avait marqué. Mais sa soeur, la Bobeline blonde, n'avait pas encore eu l'heur d'être présentée ici. On va réparer cette "injustice".

Je ne reviendrai pas sur l'histoire de la bière spadoise (je vous invite, pour vous la rappeler, à cliquer sur le lien ci-dessus), alors on va passer tout de suite à la "dégustation".

Voilà la petite blonde : 


Nous avons ici une bière de fermentation haute titrant 8,5% de teneur en alcool, brassée pour Didier Dumalin par la brasserie Huygue (qui brasse notamment la Delirium Tremens, la Guillotine...).

Au visuel,  cette bière est d'un blond assez pâle, limpide et très effervescente. Elle est surmontée d'un col  de mousse bien blanche à grosses bulles, persistant.

Au nez, le col de mousse dégage des arômes plutôt légers de malt blond faisant penser à du pain, levurés et légèrement fruités, évoquant les agrumes.

En bouche, on a affaire à une bière vive et bien pétillante, ce qui la rend rafraîchissante. Au-delà ce ça, elle est légèrement fruitée et présente des notes vanillées et levurées. L'amertume qui suit en fin de bouche est franche et herbacée. Le tout s'accompagne d'une certaine chaleur alcoolisée. Elle révèle en revanche peu de persistance en bouche.

Avec ses arômes légers et ses saveurs (trop ?) discrètes, la Bobeline blonde s'avère moins savoureuse que sa soeur brune. Elle se révèle en revanche plus rafraîchissante malgré ses 8.5% de teneur en alcool. La première fois que je l'ai testée, en janvier, la réflexion que j'ai eue est qu'elle a davantage sa place au printemps ou en été qu'en hiver. L'avoir testée une seconde fois en avril, au retour des beaux jours, me l'a confirmé. Au contraire de la Bobeline Black Label dont le côté chaleureux m'avait bien davantage séduit en janvier. 

Rendez-vous peut-être bientôt pour la Bobeline Blanche Fraise.

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.

lundi 18 mai 2015

La côte chalonnaise aussi fait du vin d'orge

Il a déjà été prouvé que la Côte-d'Or ne faisait pas que du vin de raisin, mais aussi du vin d'orge (voir La "Burgonde 10" : la Côte-d'Or fait aussi du vin d'orge...). Eh bien il existe de même, désormais, du vin d'orge dans la Côte chalonnaise, qui ne fait donc plus uniquement du vin de raisin... Ce nouveau "Barley wine" est produit depuis peu par la microbrasserie "Les Plains Monts", située dans le hameau de "La Couhée", appartenant à la commune de Chassey-le-Camp (Saône-et-Loire, non loin de Chagny). Le brasseur y produit sa bière dans une dépendance de sa maison où une immense pièce renferme les cuves de brassage, de fermentation et de maturation, ainsi que tout le matériel d'embouteillage et d'étiquetage. Artisanat pur jus ! 

Outre des bières classiques ambrée, blanche, blonde, brune, et d'autres plus spéciales aux 3 céréales ou au bourgeon de cassis, brassées en continu, le brasseur met aussi en place, périodiquement, des éditions limitées qu'il appelle le "P'ti Brassin". La bière dont il s'agit ici est le "P'ti Brassin 2".

Il s'agit d'une bière de fermentation haute, refermentée en bouteille, titrant 9.4 % de teneur en alcool, tout à fait digne d'un "Barley wine" !

Il est à signaler qu'elle a remporté la médaille d'argent d'un concours international de brasseurs organisé à Lyon en 2015.

La voici : 


Alors mérite-t-elle sa médaille d'argent ? 

Aspect. Nous avons là une bière brune à la robe très sombre. A la lumière, elle révèle les reflets rouges d'un bon vin de Bourgogne. Sa mousse ivoire présente des bulles assez importantes et persiste longtemps dans le verre.

Arômes. Cette belle mousse dégage des arômes alcoolisés, notamment de fruits macérés dans l'alcool. Cela s'accompagne de senteurs de mélange de chocolat noir et de fruits rouges. On peut déceler de légères notes torréfiées.

Bouche. A l'instar des autres Barley wine, on a en bouche une bière épaisse et liquoreuse, à la pétillance faible. Une bière douce et ronde aux saveurs de fruits rouges et chocolatées (plutôt chocolat au lait). La chaleur alcoolisée se fait sentir au moment d'avaler. Le tout se termine par une amertume faiblarde et une persistance moyenne, dégageant comme au nez de légères notes torréfiées.

Un bien sympathique vin d'orge, costaud et épais mais à la grande douceur. L'amertume est faible, peut-être un peu trop, mais il s'agit là de l'une des caractéristiques des barley wine. Donc rien d'anormal. La chaleur alcoolisée n'est pas mordante, elle est même très douce. Une bière agréable. J'en ai eu un peu mal à la tête le lendemain, mais seulement parce que j'en ai un peu abusé... Elle mérite certainement sa médaille.

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.

dimanche 3 mai 2015

La "Burgonde 10" : la Côte-d'Or fait aussi du vin d'orge...

La Brasserie Burgonde de Vitteaux, en Côte-d'Or, s'est forgée une belle réputation depuis sa création en 1999. Sa gamme désormais bien développée y est pour beaucoup, qui peut satisfaire tous les goûts avec les classiques ambrée, blanche, blonde et brune, mais aussi avec les plus spéciales comme la Cervoisétorix et l'IPA. Mais il y a aussi les saisonnières comme la "Noël" et la "Printemps"

Mais il en existe une beaucoup moins répandue puisque vendue uniquement à la brasserie : la "Burgonde 10". Cette dernière est ce que l'on appelle, dans le jargon des brasseurs et amateurs de bières, un "barley wine", ou vin d'orge. Il s'agirait d'une invention anglaise du XVIIIe siècle due, selon certaines versions que j'ai trouvées lors de mes recherches, à la volonté des élites de consommer des produits plus costauds et savoureux que les bières traditionnelles. Selon d'autres versions, cela viendrait des taxes exorbitantes imposées sur les vins venus de France suite à des conflits anglo-français. Le vin français étant devenu hors de prix ou introuvable, les brasseurs auraient mis tout leur savoir-faire en oeuvre afin de produire des bières au degré d'alcool puissant, se rapprochant de celui du vin, et aux saveurs fortes et fruitées. Quelle version est la bonne ? Bonne question... Mes recherches m'amèneraient plutôt à privilégier un mélange des deux. Il reste que ce type de bière s'est popularisé aux XIX et XXe siècles et se trouve maintenant un peu partout dans le monde, et donc aussi en France, en Bourgogne où on ne fait donc pas uniquement du vin de raisin...

Voici le breuvage en question :


La "Burgonde 10" est donc un "barley wine", c'est à dire une bière de fermentation haute tirée du mélange de plusieurs malts cuits à différentes températures pour lui donner sa couleur, ayant une teneur en alcool souvent supérieur à 10 % (10 % pour celle-ci justement), qui mature assez longtemps, soit en cuve, soit en fût (celle-ci est vieillie en fût de chêne). Elle est refermentée en bouteille pour compléter l'alcoolisation et la gazéification de la bière, mais aussi afin de lui donner un goût évolutif au fil du temps. Elle se boit presque à température ambiante (15°C c'est pas mal...)

Aspect. Au premier abord, dans sa bouteille même, cette bière, comme le précise la mention "sur lie", présente un épais dépôt de levure dans le fond, qui pourrait en effrayer plus d'un. Mais il faut surmonter cela et ouvrir la bouteille. Attention ! L'ouverture se fait sur une bière très vive dont la mousse risque fort de vous jaillir sur les mains. On peut enfin verser, soit tout d'un coup avec la lie qui formera un dépôt au fond du verre, soit sans la lie qu'on laissera dans la bouteille avec environ 2 cm de fond. Une fois dans le verre, cette bière présente une robe brune aux reflets rougeâtres de vieux vin. La levure, toujours en partie en suspension, la rendra trouble mais il ne faut pas y voir un problème. Elle est surmontée d'un col de mousse blanc cassé, crémeuse et persistante.

Arômes. Ce beau col de mousse dégage des arômes fruités et vineux, agréables pour qui aime le vin. S'y mêlent des notes assez prononcées de levure, ainsi que de légères notes de torréfaction. Des arômes assez forts et caractéristiques d'une bière très particulière, qui surprennent mais attisent la curiosité.

Bouche. Très légèrement acidulée en entrée, cette bière présente rapidement un corps rond et moelleux plein de saveurs de fruits rouges, mais aussi de notes vineuses prononcées dues à la maturation en fût de chêne. L'alcool participe de cette grande douceur, mais se fait sentir par une certaine chaleur, sans être mordant. Suit une légère amertume et une longue persistance sur le vineux.

Une bière à ne pas forcément mettre entre toutes les mains, ou dans toutes les bouches... Il faut, à mon sens, une certaine curiosité, un certain amour de la bière et avoir déjà habitué son palais à d'autres sortes de bières que les classiques industrielles. Au-delà de certains aspects qui pourraient repousser (lie épaisse, effervescence...), c'est une bière tout ce qu'il y a de plus douce et chaleureuse. Elle mérite l'intérêt des connaisseurs et des amateurs. Elle a une petite soeur, vieillie en cuve, et qui présentera donc moins de saveurs, mais tout autant de douceur fruitée. A la brasserie au milieu de toutes ses soeurs, dont on reparlera, la "Burgonde 10" mérite le détour. Et pourquoi ne pas l'essayer avec un bon boeuf bourguignon ! 

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.

mercredi 15 avril 2015

La Duvel Tripel Hop 2015, encore un millésime réussi !

Il y a déjà quelques semaines, la Brasserie Duvel-Moortgat donnait rendez-vous à tous les affidés de sa nouveauté annuelle, la Duvel Tripel Hop. 

Comme chacun le sait (ou pas !), "hop" est la traduction anglaise et néerlandaise de "houblon". La Duvel Tripel Hop est donc la Duvel "trois houblons", qui se distingue de l'archi-connue (et c'est normal !) Duvel classique par le houblon supplémentaire qui est ajouté lors du brassage. 

La Duvel classique est une bière assaisonnée aux houblons "Saaz" (République Tchèque) et "Styrian Golding" (Grande Bretagne). La Duvel Tripel Hop est une bière millésimée car chaque année, le troisième houblon est différent de celui de l'année précédente. C'est un houblon ajouté selon le principe du "dry hopping", ou houblonnage à sec, qui consiste à faire infuser le troisième houblon après la cuisson (moment où l'on ajoute habituellement le houblon) et après la fermentation. Donc au moment où la bière commence à maturer. Ajouté à ce moment là, le houblon garde toutes ses propriétés aromatisantes et amérisantes (ce qui n'est pas le cas s'il est ajouté lors de l'ébullition, ou cuisson). Ce qui nous donne une bière aux saveurs et à l'amertume très prononcées, et parfois très différentes selon le houblon utilisé. Duvel s'inspire ici du style IPA (pour India Pale Ale), inventé au Royaume-Unis au XVIIIe siècle et repris par les brasseurs artisanaux américains depuis plusieurs décennies.

En 2014, c'est le houblon américain "Mozaïc", aux saveurs d'agrume et résineuses fortes qui avait été utilisé. En 2015, c'est un autre houblon d'origine américaine, l' "Equinox", qui a été utilisé. Il s'agit d'un houblon aux arômes de fruits tropicaux, d'agrumes notamment, et épicés. Il faut tout de même adoucir cette avalanche de saveurs et d'amertume, et c'est pourquoi le pourcentage d'alcool a été relevé à 9.5%, au lieu de 8.5% pour la Duvel classique.

Voici la bête ! 


Aspect. Aux yeux, c'est une belle blonde, lumineuse mais légèrement trouble. Elle est surmontée d'un beau gros col de mousse blanche à grosses bulles, persistante.

Arômes. Cet imposant col de mousse dégage des arômes doux de fruits exotiques, notamment les agrumes. Le tout accompagné de notes terreuses, et surtout épicées, assez prononcées.

Bouche. Une bière douce en entrée, sans lourdeur sucrée. Elle a un corps fruité où ressortent les fruits exotiques. Très rapidement, prend place une amertume très prononcée d'agrumes, où c'est l'impression de pamplemousse qui est la plus forte.

Encore une fois, Duvel-Moortgat a réussi son coup avec sa Tripel Hop millésimée. Elle se révèle très agréable et douce malgré une amertume prononcée propre au style IPA, mais qui ne la gâche en rien. Bien au contraire ! Une belle réussite, bien qu'assez ressemblante, cependant, au style et à l'amertume de la Tripel Hop 2014, les touches résineuses en moins.

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.

mardi 31 mars 2015

La Numéro 3 de Belenium sera...

Dans quelques heures aura lieu le lancement officiel de la Numéro 3 de Belenium. Faut-il encore le préciser, Belenium est cette nouvelle brasserie beaunoise qui s'est donné pour mission d'apporter un complément à l'offre beaunoise de vin en y ajoutant la bière. Une brasserie qui a plutôt bien réussi son entrée en scène avec sa Blonde Première, son Ambrée Numéro 2 et son éphémère Belenium Noël, que je considère tout particulièrement comme une réussite.

Ceci dit, n'oublions pas que le titre de cet article n'est toujours pas complet. Alors allons-y ! La Numéro 3 de Belenium sera... Blanche ! Bon d'accord ce n'est peut-être pas un scoop pour grand monde mais voilà, c'est dit ! Elle sera effectivement lancée officiellement ce 1er avril, et ce n'est pas un poisson ! Quoiqu'elle ne sera peut-être pas mauvaise avec du poisson... A voir...

La voici : 


Elle est brassée à base d'orge maltée, comme l'immense majorité des bières, mais aussi de froment malté, ce qui est la caractéristique des bières blanches. C'est d'ailleurs ce mélange qui lui donne sa couleur si claire. Le tout est assaisonné avec notamment le houblon alsacien Aramis. De fermentation haute, elle est fermentée à l'aide d'une souche de levure "spéciale bière blanche", d'après le brasseur de Belenium Nicolas Seyve. Comme l'immense majorité des bières blanches, elle n'est pas filtrée après la fermentation. D'où une grande quantité de levures en suspension. Elle titre 5.5% de volume d'alcool, comme ses soeurs.

Aspect. Au visuel, cette bière réunit les caractéristiques de la bière blanche : jaune pâle et trouble du fait notamment de toutes ces particules de levure et de protéines en suspension. Elle est surmontée d'une fine mousse blanche, crémeuse et persistante, typique des bières de Belenium.

Arômes. Les arômes sont très (trop ?) légers. J'y ai senti des notes citronnées, mais j'ai eu des difficultés à y sentir autre chose. A ne pas prendre, ici, comme une critique : peut-être n'étais-je pas dans les meilleures conditions "nasales" pour percevoir autre chose. En me référant au site www.belenium.com, j'ai vu qu'on pouvait aussi y percevoir des notes épicées et de pain frais. Mais rien que les notes citronnées donnent le ton de cette bière.

Bouche. En entrée, cette bière dégage un acidulé citronné assez marqué avec de petites touches fleuries. Le tout se transforme ensuite en saveurs d'orange amère tout aussi marquées. L'amertume qui suit est, de ce fait, assez marquée elle aussi et bien rafraîchissante.

Une bonne bière blanche pour Beaune ! Elle est tout aussi rafraîchissante qu'une bière blanche classique. Mais elle affiche en revanche un caractère bien plus trempé, avec des saveurs d'agrumes marquées, qui évoluent en bouche de l'acidulé à l'amer. A consommer bien fraîche sur une terrasse, ou sur votre terrasse lors des chaleurs printanières et estivales à venir.

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.

Elle est disponible et à commander sur www.secretsdebieres.fr en 33 et 75 cl.


lundi 30 mars 2015

La "Vitteaux Printemps", un bon bol de fraîcheur et de céréales !

C'est le printemps ! Oui bon, vu le temps, on ne dirait pas... Mais c'est bel et bien le printemps et vient le temps des bières... de printemps, qu'on appelait jadis "Bières de Mars". Rien de surprenant puisque ces bières font leur apparition au mois de mars depuis 621 ans, au moins...

C'est en effet à Arras en 1394 que l'on trouve les premières traces écrites de la Bière de Mars. Depuis, au long du temps, ce type de bière s'est codifié : 
- elle doit être ambrée, de l'ambré foncé au presque blond ; 
- elle doit être légère, entre 4.5 et 5.5 % en volume d'alcool ; 
- elle doit être brassée durant l'hiver avec le premier houblon de l'année, fraîchement récolté, et l'orge de la dernière moisson de l'année précédente ; 
- elle doit être maturée en fût durant trois mois.

Nicolas Bretillon, brasseur de la Brasserie Burgonde basée à Vitteaux (21), prend part à la tradition depuis plusieurs années avec une bière de printemps titrant 5% en volume d'alcool, d'un doré foncé au beau col de mousse blanche, et est brassée avec du malt "Pale Ale". Il s'agit d'un malt belge blond foncé, de couleur et de flaveurs plus intenses que le malt blond "Pilsen" (malt blond pâle de base que l'on trouve dans de nombreuses bières). Et ces flaveurs plus intenses, on les retrouve de façon prononcée dans cette bière fraîche. Un bon bol de céréales ! 

La voici : 


Au nez, on fait effectivement le plein de céréales. On sent de prononcés et agréables arômes de grains bien cuits, voire légèrement brûlés. On pourrait dire que ça sent le pain bien cuit. Venant d'une bière, c'est assez particulier, mais c'est bien la preuve que la bière est faite à base de céréales... ;-) Le tout est accompagné de petites touches herbacées. Le tout invite à boire la première gorgée.

D'entrée, on sent une bière vive, bien effervescente et rafraîchissante. Cette première impression passée, on sent un léger acidulé fruité en début de bouche, suivi d'une amertume modérée et d'un arrière-goût prononcé sur les céréales légèrement brûlées donnant, comme au nez, une bonne saveur de pain cuit. Bue très fraîche, l'amertume paraîtra plus intense et, évidemment, plus rafraîchissante.

Une bière légère et rafraîchissante et à dominante céréalière. Intéressante pour les amateurs de bières légères et idéales pour les premières chaleurs printanières, mais aussi à la recherche de saveurs originales. Des bières aux saveurs céréalières aussi prononcées ne se trouvent pas partout...

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.

mardi 17 mars 2015

La Malheur 12 ? Un vrai bonheur !

La "Malheur 12", issue de la brasserie éponyme comme sa soeur la "Malheur 10" ("Malheur 10", une bière qui ne rend pas malheureux), est elle aussi une bière dont le nom indique le volume d'alcool. Nous avons effectivement affaire à une bière spéciale titrant 12 %, de fermentation haute, à base de malts blond et plus foncés. Le malt blond, grains d'orges séchés à température faible (environ 80-85°C quand même...), est là pour amener les sucres fermentescibles qui, une fois consommés par les levures donneront l'alcool et le gaz carbonique. Pour un volume d'alcool aussi fort, de grandes quantités de malt blond ont été utilisées. Les malts foncés, chauffés à températures bien plus élevées (environ 220° C pour les plus foncés) sont surtout là pour amener des saveurs complexes à la bière, qui peuvent aller du caramélisé au café noir, en passant par le chocolaté. Ils lui amènent aussi, bien évidemment, sa couleur. Ici en l'occurrence, ce sont des malts foncés qui ont été utilisés.

La voici :



Malgré son som, c'est loin d'être une bière de malheur ! La Bush ambrée, véritable douceur malgré son volume d'alcool identique de 12 %, n'a qu'à bien se tenir ! J'ai goûté des bières très fortes beaucoup moins bien faites et juste bonnes à "se mettre une bonne mine" (exemple : la La Gordon Finest Titanium), mais celle-ci, tout comme la Bush, est une vraie bière de dégustation, qui apporte un véritable plaisir, au nez comme en bouche.

Aspect. Au visuel, c'est une bière bien brune aux reflets rouges vifs. Rien qu'à mon oeil d'amateur de brunes, c'est déjà très agréable. La mousse qui surmonte cette robe sombre est assez épaisse et présente de grosses bulles, ainsi qu'une couleur brun très clair qu'on pourrait appeler "chamois". Cette mousse épaisse s'amenuise (malheureusement) assez vite, mais subsiste toutefois longuement sous la forme d'un léger voile en surface.

Arômes. Ce qui saute tout de suite au nez, ce sont de forts arômes alcoolisés. Mais ils n'ont rien d'agressif. Ils sont au contraire d'une grande douceur avec des senteurs de fruits macérés dans l'alcool (en beaucoup plus doux bien évidemment). Se mêlent à cela des arômes grillés venus du malt, ainsi que des touches de levure. Que de l'agréable en tout cas ! 

Bouche. Belle douceur et fine pétillance en entrée, sur le fruité, suivie de la chaleur alcoolisée à laquelle il faut forcément s'attendre avec une bière à 12 %. Mais il s'agit là d'un alcool en rondeur fruitée, qui passe tout en douceur et en complexité (on n'a pas assez des 33 cl pour trouver quelles flaveurs il dégage précisément...). S'y mêlent très subtilement des touches caramélisées qui ajoutent de la rondeur. L'amertume qui suit contrebalance (comme dans la 10) toute cette rondeur qui serait presque trop liquoreuse si le houblon n'amenait pas ses vertus. Cette amertume pourrait être très forte, mais là c'est l'alcool qui, à son tour, l'atténue. Une bière qui, avec un tel taux d'alcool, pourrait être très capiteuse (monter à la tête), mais qui ne l'est pas (ne pas en abuser tout de même...).

Une bonne bière pour les "costauds", et surtout pour les soirées tranquilles en solo au coin du feu, ou entre grands amis et grands amateurs. Car ce genre de bière ne se consomme pas avec n'importe qui... De la douceur, de la rondeur, de la chaleur, de la complexité, une bière forte mais tout en subtilité. Dans le même genre que la Bush ambrée (vous l'aurez compris, cette dernière est ma référence principale sur les bières très fortes...), mais peut-être en plus douce encore. Mais comme la Bush, elle a de bonnes chances de ravir les amateurs qui n'ont pas peur...

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.


mardi 3 mars 2015

La Gordon Finest Titanium, déconseillée aux amateurs de bonne bière...

Ce blog, habituellement, sert à présenter de bonnes bières et des bières originales. Mais je ne m'interdis pas, à l'occasion, d'en présenter aussi qui ne me plaisent pas...

Au détour d'un rayon de magasin, j'ai remarqué il y a peu une canette de bière un peu plus brillante que les autres. Il s'agissait de la Gordon Finest Titanium, XXXtra strong beer. J'ai surtout tiqué sur le volume d'alcool s'élevant à... 14 % ! C'est la première fois que je tombe sur une bière au volume d'alcool aussi élevé par chez nous. Je pouvais pas décemment manquer cette occasion !

Elle nous vient de la brasserie Anthony Martin en Belgique et il s'agit d'une bière de fermentation basse. C'est-à-dire que le moût (liquide sucré résultant du mélange entre le malt et l'eau) est ensemencé avec des souches de levure agissant à basse température (8 à 12° C). Ce type de levure se nourrit de la grande majorité des sucres fermentescibles contenus dans le moût et, en les digérant, produisent beaucoup de gaz carbonique et assez peu d'alcool en théorie. Ce qui donne en général des bières vives, rafraîchissantes et assez peu alcoolisées (voyez, par exemple, les bières allemandes classiques blondes). Alors une bière de fermentation basse titrant à 14 % d'alcool, ça pique la curiosité ! Eh bien parfois il vaudrait mieux ne pas céder à la curiosité... Parce que je n'ai pas réussi à y trouver grand chose de bon.

Voici l'objet du délit : 



Aspect. On a affaire à une bière blonde dorée d'une grande limpidité et à la pétillance faible. Elle est surmontée d'une mousse blanche quasiment inexistante. Voilà qui pose déjà un léger souci : une bière dont la mousse ne tient même pas assez longtemps pour pouvoir la porter à son nez, par principe, a du mal à plaire à l'amateur.

Arômes. Bref, après avoir tant bien que mal secoué le verre pour en tirer un minimum de mousse, on peut en sentir les arômes. Ce qui prend surtout le nez, ce sont d'assez fortes effluves alcoolisées mêlées à de légers arômes de céréales caramélisées. Bien trop légers malheureusement par rapport aux vapeurs d'alcool fort qui se dégagent. On a l'impression, à certains moments où les vapeurs se font plus fortes, d'être face à un verre d'alcool fort. Or ce n'est pas ce qu'on attend d'une bière, même forte. J'ai connu des bières au fort volume d'alcool dont les arômes sont tout ce qu'il y a de plus doux et fruités, tout en subtilité. Rien de tout cela ici.

Bouche. Il fallait la boire fraîche, comme toute bière de fermentation basse. Je ne l'ai pas bue vraiment très fraîche car, par principe encore une fois, une bière forte ne se boit pas fraîche de façon à éviter de perdre la complexité des arômes et saveurs. Mais bon des principes, pour être consolidés doivent être remis en cause. Mais j'ai bien fait de ne pas la boire trop fraîche : je n'aurais eu droit qu'à cette même impression d'alcool fort... La boire vers 8-9° C m'a permis de déceler tout de même de discrètes saveurs fruitées et caramélisées, qui seraient totalement passées inaperçues à trop basse température. Et au lieu de l'amertume habituellement perceptible en fin de bouche, je n'ai eu droit qu'à la difficulté de déglutir que l'on doit habituellement à l'ingestion d'alcool fort.

Bref, voilà une bière qui aurait pu avoir son intérêt si l'alcool n'y était pas aussi offensif. Pour moi, c'est un ratage. Elle ne ravit pas le palais, elle a peu de saveurs qui sont de plus masquées par l'alcool. Je n'y ai malheureusement pas pris de plaisir. Et j'ai eu mal au crâne le lendemain...

NB : les appréciations et commentaires donnés ici n'engagent que moi. Ne pas les prendre pour argent comptant car je suis loin d'être un grand spécialiste... Disons qu'elles peuvent servir d'indications.