vendredi 11 mai 2018

La Roteuse fait aussi dans le "Brett"

Ben oui, encore La Roteuse ! Z'avez vraiment cru que j'allais enfin vous laisser tranquilles avec les compères de La Roteuse ? Eeeeh ben c'est pas pour tout de suite ! Pas ma faute si leurs bières ont ce petit quelque chose qui m'inspire ! Alors pour toute réclamation, s'adresser directement à Baptiste ou Antoine, Brasserie La Roteuse, RD 974, 21220 Brochon. Ils vous offriront une petite dégustation, et peut-être comprendrez-vous...

Ceci dit, je promets de me diversifier un peu dans les temps à venir.

Bon, l'intro c'est fait ! Mais il ne faudrait pas trop tarder à passer à l'objet de cette nouvelle bafouille. Beaucoup d'entre vous savent que La Roteuse a sorti il y a quelques semaines une gamme éphémère dont toutes les bières s'appellent "La Potion", quel que soit leur style. Mais que ceux qui ne connaissent pas se rassurent : chacune a pour nom "La Potion suivi du style que renferme la bouteille". Ouf ! Alors après La Potion Triple, après La Potion Triple vieillie en fût de Marc de Bourgogne, voici venir La Potion Triple Sour (z'avez vu comme je place bien mes autres bafouilles, au passage ?). Oui, ils aiment bien la triple... Voilà qui tombe bien, moi aussi !

"Sour ? C'est quoi ça sour ? V'là qu'il va encore nous embrouiller avec ses termes new wave of brewers !" Pas de panique, je vais tenter de définir le style en quelques mots.

Quelques heures après avoir rédigé ces derniers mots...

Après des heures de trifouillage dans les arcanes d'Internet et de mes quelques bouquins causant un peu de bière, j'ai dû me rendre à l'évidence qu'il est un chouïa compliqué de trouver une définition relativement accessible et courte. Il semble déjà difficile pour les brasseurs eux-mêmes de se mettre d'accord. Pour faire simple, disons déjà que "sour" est une traduction anglaise des termes "acide" ou "aigre". Ajoutons que le style "Sour" renferme un nombre incalculable de sous-styles de bières allant des lambics belges aux Berliner Weisse, en passant par les aigres rousses flamandes, ou encore les bières de garde assaisonnées de souches de levures Brettanomyces (levures d'origine sauvage). Il est une tendance récente au retour du "brett" et du "sour" dans le brassage artisanal. C'est expressément que je sépare ces deux termes car il n'est pas dit pour tout le monde chez les brasseurs que sour = utilisation de levures brett. C'est ce qui ressort (pour faire une très grosse généralisation qui vous évite, à vous pauvres lecteurs d'être assommés de trop d'infos indigestes ; et qui m'évite à moi, grosse feignasse, de trop en écrire) de mes quelques recherches. Mais aussi de mes propres expériences : il m'a été permis récemment de déguster deux Sour ales, venues de deux brasseries différentes. La première était issue d'une "collab" entre la Brasserie La Rustine et la Brasserie Artisanale de Cluny (toutes les deux dans le 71), dont l'acidité provenait uniquement de l'utilisation de bactéries lactiques avec fermentation haute. la deuxième fait l'objet de cette bafouille qui, je le sens, vous soûle déjà. La Potion Triple Sour est La Potion triple à laquelle Baptiste et Antoine ont laissé s'ajouter, suite à la fermentation haute, une souche de levure Brettanomyces indigènes. C'est-à-dire que ces levures Brett venaient directement de l'air ambiant, à une époque où tous les vignerons voisins étaient en période de vinification. Ce qui démontre que les brasseurs ont parfois... euh non... ont très souvent des perceptions différentes d'un même style de bière.

Pour des explications plus imagées, je vous invite à suivre le lien suivant, une vidéo tournée par "collègue" qui fait des vidéos sur la bière comme moi j'écris, intéressant et bien fait : Brewdog : découvrez Overworks. Vous y découvrirez, outre la nouvelle microbrasserie ouverte par Brewdog, d'autres explications venues d'un spécialiste des levures sauvages. Et il y est aussi question de "Potions"... 😉

Maintenant que j'ai perdu la moitié de mes lecteurs avec ce laïus, et que ceux qui sont restés ont une grosse migraine, j'ai une bonne nouvelle, je ne vous referai pas le coup d'expliquer la composition de cette bière puisque, comme je l'ai mentionné plus haut, la base est celle de la triple d'origine. La Potion Triple Sour titre, comme sa grande soeur, 7% de teneur en alcool. C'est une bière semi-forte qu'on dégustera peut-être un peu plus fraîche que sa devancière, aux alentours des 6-7° C.

La Potion Triple Sour

SI je vous assure que c'est une photo différente de celle prise pour La Potion Triple vieillie en fût de Marc de Bourgogne...
Au visuel, cette Potion se pare d'une robe blond foncé trouble aux reflets ambre très claire. Elle se coiffe d'une tête de mousse blanc cassé abondante, de texture crémeuse et un peu "rocailleuse" (j'entends, par ce terme très personnel, "qui ne s'atténue pas de façon uniforme mais par morceaux"), très collante au verre en larges dentelles, et bien persistante.

Au nez, cette belle tête de mousse dégage des arômes prononcés, caractéristiques de ceux amenés par les levures Brett : acidulés et fruités notamment sur la pomme verte, voire la pomme pas mûre. Le tout s'accompagnant de tons légèrement vineux de mousseux et de cidre.

En bouche, on attaque avec une légère et très fine effervescence donnant sur un corps de texture riche et ronde, presque onctueux. Il dégage cependant une certaine puissance acide et fruitée, toujours sur ces pommes jeunes avec des tons pouvant presque faire penser à un cidre. Mais on est tout de même sur une bière charpentée et qui affiche un certain caractère malté en arrière-plan avec des notes biscuitées et très légèrement miellées. De cette acidité, on passe à une amertume herbacée marquée et persistante, accompagnée tout de même d'une touche chaleureuse. On note que la chaleur de la triple d'origine est largement atténuée par l'acidité du corps, qui aurait plutôt tendance à rendre cette bière rafraîchissante et, dès lors, "dangereusement buvable".

Cette Potion Triple Sour présente certaines caractéristiques de la triple d'origine avec la puissance, la rondeur et la chaleur du breuvage. Certaines choses changent :
  • une effervescence plus fine et une tête de mousse plus compacte et crémeuse, plus collante et persistante aussi ;
  • une acidité marquée sur les fruits comme la pomme, des tons cidrés et vineux, le tout reléguant au second plan toutes les notes maltées caractéristiques de la triple. 
  • les tons épicés de la triple d'origine m'ont semblé avoir disparu.
Bref, le mélange triple et sour à la sauce Roteuse me paraît valoir le détour, surtout sachant qu'il s'agit d'une première expérience avec tous les aléas qu'implique l'utilisation de levures Brett indigènes. À accompagner, pourquoi pas, d'un fromage bleu sec et puissant comme le Stilton ou le Bleu de Gex. Mais cela peut aussi être un morceau de vieux Gruyère suisse bien puissant. Pourquoi pas aussi avec de la charcuterie fumée. Attention, quantités limitées à la brasserie !





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