Descendons cette fois-ci en Isère, à Saint-Geoire-en-Valdaine, commune située au pied du Massif de La Chartreuse à une quarantaine de kilomètres au Nord de Grenoble. On rejoint la Brasserie Artisanale du Val-d'Ainan, une brasserie artisanale bien plus ancienne - du haut de ses seulement 10 ans - que la plupart des nouvelles brasseries qui nous entourent aujourd'hui, et semble être bien installée et développée.
On peut notamment l'estimer en s'intéressant à sa gamme "La Dauphine". Celle-ci comprend une vingtaine de bières différentes, dont une dizaine de permanentes (classiques et spécialités), six saisonnières et trois à quatre "Cuvées du moment" (cuvées exceptionnelles brassées selon les envies du brasseur). Sans parler de l'eau-de-vie de bière (distillat de bières se rapprochant d'un whisky ou d'un Bourbon "mais plus doux", cf. site de la brasserie).
Il m'a été donné, au hasard d'un cadeau de Noël, de pouvoir goûter l'IPA de la gamme, style de bière à côté duquel peu d'artisans brasseurs qui se respectent se permettent de passer. Avec plus ou moins de succès... Et pour celle-ci, ce serait plutôt plus que moins !
Il s'agit ici d'une bière de fermentation haute, refermentée en bouteille. Elle est issue d'un mélange de malts pâle (le plus à même de transformer son amidon en sucres fermentescibles) et plus foncés pour le goût et la couleur. Elle est houblonnnée lors de l'ébullition, comme il est normal, mais aussi "dry hoppée", c'est à dire que du houblon est infusé dans la bière lors de la garde, procédé qui permettra au houblon concerné de développer à fond ses arômes (et non son amertume en revanche) dans la bière. Deux houblons sont utilisés : les américains Colombus (houblon amérisant par excellence, paraît-il, aux arômes d'agrume et légèrement boisés) et Centennial (houblon amérisant lui aussi, aux arômes fruités se rapprochant du pamplemousse). Autant dire qu'il faut s'attendre à une amertume costaude... Une bière qui titre 7% de teneur en alcool, ce qui en fait une bière semi-forte. A boire, à mon humble avis, aux environs de 6 à 7° C.
Au visuel, elle arbore fièrement une robe dorée trouble aux reflets tirant sur l'ambré, voire le cuivré. Elle est coiffée d'une tête de mousse blanche abondante, collant bien à la paroi du verre et longuement persistante. Avec ces éléments, on se dit que la dégustation débute plutôt bien...
Au nez, cette belle tête de mousse dégage des arômes prononcés de fruits exotiques (pourquoi pas de la mangue...) et d'agrumes. De légères pointes herbacées et résineuses peuvent également se faire sentir.
En bouche, l'entrée se révèle moyennement vive mais débouche sur un corps fruité puissant, entre fruits exotiques et agrumes amères. L'amertume envahit rapidement le palais. Comme prévu, elle se révèle puissante, tranchante, mêlant amertume de pamplemousse et petites notes résineuses qui ne gâchent rien. Une amertume puissante dont la sensation persiste très longuement en bouche une fois la gorgée avalée.
Si l'amertume vous fait grimacer, ne l'ouvrez même pas ! Si au contraire vous êtes amateur, La Dauphine IPA vous ravira. Une belle IPA, robuste, pleine de puissance fruitée et d'amertume qui ne peut pas laisser insensibles les connaisseurs et amateurs de ce style de bière. L'objectif des brasseurs, qui était d'exploiter la puissance amérisante des deux houblons américains, est atteint. Le bouquet fruité, marqué lui aussi s'équilibre donc plutôt bien avec la puissance de l'amertume. Une belle IPA. On peut tenter de la déguster avec du gibier, des viandes en sauce épicées, du poisson fumé, pourquoi pas un fromage de chèvre bien sec et, au dessert, une salade de fruits exotiques et/ou d'agrumes, ou tout simplement un bout de chocolat blanc.
Plus d'infos sur la brasserie : www.la-dauphine.fr